Consterné, déçu, triste, excédé, fâché? Je ne sais pas lequel de ces termes m’amène à taper sur mon clavier pour rédiger cet éditorial. Très claire par contre en est la raison. Je la connais, car elle bouillonne en moi depuis si longtemps. Il fallait exprimer une fois pour toutes le sentiment que je ressens en constatant le manque d’intérêt général d’un trop grand nombre de confrères pour les fantastiques résultats des pilotes suisses. Pourquoi la couverture de la presse quotidienne et généraliste helvétique est-elle si avare en sport automobile à l’heure où tant d’exploits sont réalisés par nos talentueux compatriotes derrière le volant?
Bien entendu, les explications et excuses bidon ne manquent pas: Euro de foot, Tour de France, tennis, hockey sur glace, ski, backgammon, tournois de jass, etc. Et pas de place pour la victoire de Neel Jani aux 24 Heures du Mans. Quoi, ah, il est Suisse allemand! Oui, ça doit être pour ça. Pas une ligne pour les victoires de Nico Muller et Edoardo Mortara en DTM, un championnat qui oppose 24 pilotes de très haut niveau. Rien non plus pour l’incroyable parcours de Louis Delétraz, déjà vainqueur de deux courses en Formula V8 3.5. Idem pour Ralph Boschung qui vient de gagner sa première course en GP3 et qui, comme Louis Delétraz, est en orbite pour la F1. Pas de place, ou si peu, pour le titre mondial de Sébastien Buemi en formule E. Pourtant c’est électrique, ça ne pollue pas, et mieux encore, c’est silencieux. Seb est un parfait ambassadeur de notre pays et de la Romandie en particulier. Et ce serait oublier Nicolas Prost, fils d’un grand champion de formule 1 qui roule aujourd’hui sous la bannière du team suisse Rebellion en endurance… Saviez-vous que le rejeton d’Alain Prost possède la double nationalité franco-suisse?
Alors, pourquoi tant de mépris pour le travail de tous ces garçons, pour l’automobile en général et évidemment aussi pour tous ceux, nombreux dans ce pays, qui apprécient le sport automobile. Au nom de quoi, ou répondant aux ordres de qui, privez-vous vos lecteurs, téléspectateurs et auditeurs du simple droit à l’information et au respect? Au boulot, messieurs..
par Gérard Vallat, correspondant