Le TOSA (Trolleybus avec optimisation du système d’alimentation) révolutionne le transport public urbain. Sa création date de 2011 dans les ateliers d’ABB Sécheron en collaboration avec les Services industriels de Genève, les TPG et l’Office genevois de promotion des industries (OPI).
En 2012 un parcours d’essai avait été choisi entre l’aéroport de Genève et Palexpo (1,8 km aller et retour). Le pro- totype du TOSA y avait été engagé en conditions réelles d’exploitation entre juin 2013 et avril 2014, équipé d’une batterie au titanate de lithium refroidie à l’eau à peine plus grosse que celle d’une voiture électrique de classe moyenne, avec une capacité de 38 kWh.
Plus de 8000 kilomètres parcourus
Le véhicule a parcouru plus de 8000 kilomètres. Il a été engagé 3 à 4 jours par semaine sans connaître de problème majeur et a effectué plus de 4000 connexions aux stations de recharge. Précision: le prototype du TOSA a consommé de 1,5 à 3,5 kWh d’électricité par kilomètre (une valeur qui varie en fonction du profil du trajet, du nombre de passagers et de la météo qui joue un rôle important, car elle influence l’utilisation de la climatisation).
En 2015, le TOSA a été reconnu comme projet phare par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) dans le cadre de la stratégie énergétique 2050 de la Confédération. Toujours en 2015, le Grand Conseil genevois a adopté le projet de loi TOSA destinant l’exploitation du véhicule à la ligne 23 des TPG (Tours de Carouge – Aéroport-Parking P 47 par le pont Butin).
Le 15 juillet 2015, les autorités genevoises, la direction des TPG et celle d’ABB Sécheron ont signé un contrat d’achat de 24 millions de francs pour douze bus articulés TOSA 100% électriques sur batteries, d’une capacité de 133 places et de 13 stations de recharge flash, 3 stations de recharge aux terminaux et 4 stations au dépôt. La durée de vie des bus est estimée à 20 ans, celle des batteries à 10 ans.
Les lignes aériennes, c’est terminé
La spécificité du TOSA tient au fait qu’il n’a pas besoin de lignes aériennes et qu’il utilise des sous-stations disposées le long de son parcours. Celles-ci lui permettent de se recharger en 15 secondes, ce qui correspond à peu près au temps de stationnement du véhicule à chaque arrêt. Concrètement, lorsqu’il s’approche de l’une de ces sous-stations, le système de connexion automatique placé sur son toit se met en mode «détection d’infrastructure».
De par l’application de ce nouveau système, le bus TOSA répond parfaitement à la stratégie énergétique 2050 de la Confédération visant à réduire la consommation énergétique du pays, notamment par la promotion de technologies efficientes. A ce titre, il bénéficie d’une subvention de l’OFEN à hauteur de près de 3 millions et demi de francs pour son déploiement sur la ligne 23 des TPG. Dès maintenant, le programme prévoit entre l’été 2016 et le début 2018 la fabrication et la mise en service des 12 véhicules, en été 2017 l’homologation du premier exemplaire et en mars 2018 la mise en service sur la ligne 23.
Outre l’absence de lignes aériennes, le grand avantage de la technologie TOSA est de permettre une réduction considérable de la taille des batteries embarquées, d’où un gain à la fois en capacité (15% à 30% de places en plus) et en consommation (10% d’économie), puisque le véhicule est allégé. Autre avantage: un bras mécanique repliable, placé sur le toit du bus et doté d’un capteur laser, permet la connexion automatique à la station de recharge, ce qui rend le processus quasiment instantané, soit moins d’une seconde.
Pronostics environnementaux
Comme on le sait, le souci de nos autorités concernant la circulation automobile réside dans la réduction de la pollution atmosphérique. Les transports publics et les poids lourds occupent une grande partie de ce volet avec l’utilisation du diesel.
L’arrivée du TOSA vient à point, car la pollution des véhicules a un effet direct sur la santé de la population. Le canton de Genève s’efforce de réduire notamment les oxydes d’azote et les particules fines.
En 2015 le trafic routier a représenté une part de 36% d’émissions d’oxyde d’azote et 32% de particules fines. Le bus TOSA ne produit, quant à lui, aucune pollution de ce genre et contribue donc directement à l’amélioration de la qualité de l’air.
Les spécialistes estiment qu’avec ce nouveau véhicule ce sont quelque 410 000 litres de diesel qui seront économisés par rapport à un parc de bus habituel, soit plus de 1000 tonnes de CO2.
Confort sonore amélioré
Autre aspect à relever: le confort sonore des usagers du TOSA comme celui des riverains le long de la route est amélioré, puisque le bus au démarrage ou en accélération de 20 à 30 km/h produit un bruit mesuré à 60 décibels, alors que pour un bus articulé diesel il est de 70 décibels. D’autre part, grâce à l’absence de lignes aériennes, son trajet peut être adapté en cas de perturbation du trafic ou d’accident. Après son utilisation à Genève quelles seront les destinées du TOSA? Plus de 20 délégations internationales ont pu observer le véhicule sur son site de démonstration. Il a obtenu en 2012 le prix de la British Swiss Chamber of Commerce. Plusieurs entreprises suisses et étrangères ont manifesté leur intérêt.