BMW FERA REVIVRE LA 507 DU KING À PEBBLE BEACH

Ce week-end, au concours d'élégance de Pebble Beach, le département Classic du constructeur BMW fera revivre la superbe 507 qui avait jadis appartenu à Elvis Presley. Récit du parcours et de la restauration d'un chef-d’œuvre automobile.

La 507 et les stars, une histoire d’amour

Assemblée à seulement 254 exemplaires, la BMW 507 a toujours été l’une des BMW les plus exclusives, l’une des plus recherchées aussi. Présenté en première mondiale au Salon International de Francfort en 1955, le roadster dessiné par Albrecht Graf Goertz a été possédé par de nombreuses célébrités comme Alain Delon, Ursula Andress, ou encore John Surtees. La voiture a également fait une apparition remarquée dans l’un des trois films de la trilogie Fantômas d’André Hunebelle. L’histoire raconte que le modèle utilisé pour les besoins du tournage du premier opus était la voiture personnelle de Jean Marais, interprète de Fantômas dans le film et fan inconditionnel de la marque bavaroise dans la réalité. Elvis a également possédé le petit cabriolet. Longtemps perdue, la BMW a récemment refait surface. Voici son histoire.

P90229719_highRes_elvis-bmw-507-08-201Retrouvée par une journaliste

Tout commence en 2006 lorsque Jackie Jouret, une journaliste américaine qui travaille pour „Bimmer„, un magazine californien, découvre que la 507, livrée à Elvis Presley en Allemagne n’est, en fait, pas une voiture neuve. Ses recherches l’amènent effectivement à penser que l’auto avait déjà été utilisée par le pilote de course Hans Stuck, plus connu sous le nom de «Hillclimb Champion». L’homme aurait effectivement remporté un certain nombre de courses de côte en Allemagne, en Suisse et en Autriche au volant d’une…BMW 507 blanche portant le numéro de châssis 70079.

P90229722_highRes_elvis-bmw-507-08-201Une longue épopée à travers l’Europe

Épaulée de l’équipe „BMW Group Classic Archives“, la journaliste retombe également sur des photographies du roadster exposé le 13 Septembre 1957 au Salon international de Francfort après être sorti, quelques jours auparavant, de la ligne d’assemblage de l’usine de Munich. Dès Octobre 1957, Hans Stuck présente la voiture au Salon automobile de Londres, puis conduit le roadster à travers la Belgique, où la voiture est présentée au roi Baudouin, avant d’être installée sur le stand BMW du Salon automobile de Turin. Quelques mois plus tard, lors de l’été 1958, la voiture retourne en Allemagne où Stuck remporte à son volant le concours d’élégance de Wiesbaden. En Automne de la même année, la 507 est mise en vente dans la vitrine d’une concession à Francfort après avoir été soigneusement remise à neuf (la boite de vitesses a été déposée et remplacée et le moteur a subi une révision complète).

P90229716_highRes_elvis-bmw-507-hans-sLe King entre en scène

À l’automne 1958, alors qu’il est basé à la caserne militaire américaine de Friedberg, en Allemagne, le jeune soldat américain Elvis Presley, 23 ans à l’époque, tombe sur la voiture. Conquis par ses lignes, il demande un essai routier qu’il obtient aussitôt. Immédiatement impressionné, la star décide d’acheter la voiture qu’il utilise essentiellement pour se rendre de son domicile (situé à Bad Nauheim) à la base militaire américaine de Friedberg.

P0019031Du blanc au rouge

Initialement peinte en blanche, la carrosserie du roadster est souvent barbouillée de messages d’amour et autres numéros de téléphone marqués au rouge à lèvres par les nombreuses admiratrices du chanteur américain. Si les marques d’adoration sont plutôt marrantes pour une rock star, elles sont en revanche embarrassantes pour le jeune soldat américain qu’est alors Presley. Aussi, pour résoudre son problème, le King ne tarde pas à faire repeindre le véhicule dans une nouvelle livrée, couleur rouge à lèvres.

P90229735_highRes_elvis-bmw-507-08-201Retour aux States

En Mars 1960, le service militaire d’Elvis prend fin. Le célèbre américain prend la route du retour… sans oublier derrière lui son cabriolet. Cela dit, dès son retour, la star se sépare de son joujou et le revend à une concession Chrysler située à New York. Le concessionnaire ne tarde pas à échanger l’allemande contre la — modique — somme de 4 500 dollars. Le nouvel acquéreur s’appelle Tommy Charles.

P90229730_highRes_elvis-bmw-507-08-201Tuning sauvage

Après avoir ramené le véhicule dans sa ville natale de Birmingham, en Alabama, Tommy Charles aligne le cabriolet sur la grille de départ de nombreuses courses, non sans l’avoir modifié — et torturé — au préalable. Ainsi, le V8 d’origine BMW est remplacé par un moulin Chevrolet plus puissant. Dans l’opération, afin de gagner de la place dans le compartiment moteur, des parties du châssis sont découpées à l’avant. Et le massacre ne s’arrête pas là, la boîte de vitesses et l’essieu arrière sont remplacés par des pièces plus performantes et les instruments présents dans le cockpit sont tout simplement retirés. Revendue en 1963, la BMW change encore deux fois de main avant d’atterrir en Californie où l’ingénieur spatial Jack Castor prend possession de la voiture en 1968. L’auto, il l’utilise un peu avant de se résoudre définitivement à la stocker en vue de la restaurer ultérieurement.

Le Saint Graal

En 2006, alors qu’il est à la retraite, Jack Castor, par ailleurs collectionneur passionné de vélos historiques, tombe sur l’article publié par Jackie Jouret dans „Bimmer“ magazine. Castor écrit alors à la journaliste. Il lui parle de la BMW 507 portant le numéro de châssis 70079 entreposée chez lui et l’invite à venir voir la belle. „Jack avait attaché son capot moteur avec des cordes“, explique la journaliste se remémorant ce moment excitant. „Il nous a donc fallu un certain temps avant d’ouvrir le compartiment moteur et d’identifier le numéro châssis estampillé: 70079, le Saint Graal parmi les numéros de châssis BMW.“

P90229707_highRes_elvis-bmw-507-first-001Pas encore restaurée, déjà exposée

En 2014, le département classique de BMW achète la 507 à Jack castor. la voiture ainsi que les pièces de rechange collectées par Castor sont transportées jusqu’en Allemagne par conteneur spécial. Premier arrêt: Munich et le musée BMW où le roadster a été dévoilé au grand public à l’occasion de l’exposition „La BMW 507 d’Elvis – perdue et retrouvée». Une fois l’expo terminée, le travail de restauration a — enfin — pu commencer.

P90229715_highRes_elvis-bmw-507-pick-uUne restauration de longue haleine

Comme il est d’usage pour des projets de cette envergure, la première phase a été principalement de nature destructrice. Le véhicule a été complètement démantelé, un processus qui, dans ce cas particulier, a pris une semaine entière, plutôt que les deux jours qui avait été initialement prévus. Dans un premier temps, le corps en aluminium a été séparé de l’ensemble du plancher en tôle d’acier. La peinture de ce dernier a ensuite été retirée dans un bain d’acide tandis que celle du corps a été enlevée dans un bain alcalin.

Imprimante 3D

Les stocks de pièces d’origine pour la BMW 507 étant très limités, de nombreux éléments ont été remis à neuf en partant de rien, ou presque. Du coup, BMW a par exemple utilisé une imprimante 3D pour concevoir les poignées de portes et les lève-vitres. Cela dit, le département classique du constructeur munichois a également tenu à respecter le caractère d’origine de la voiture en utilisant les méthodes de fabrication des années 50. Quant au moteur, le V8 3.2 a été reconditionné précisément en conformité avec les spécifications originales de la BMW 507. Cependant, il n’a pas reçu de code moteur à cause de l’utilisation inévitable de composants anciens et nouveaux.

Hommage à Jack Castor

En vrai puriste qu’il était, Jack Castor a imposé à la marque bavaroise qu’elle restaure le roadster dans son état d’origine. En fait, l’homme souhaitait voir le cabriolet tel que le king l’avait vu à la fin des années 50. Cela ne sera malheureusement resté qu’un souhait. En novembre 2014, Jack Castor est décédé à l’âge de 77 ans. La BMW 507 restaurée et présentée pour la première fois ce week-end à Pebble beach ne sera pas donc pas seulement présentée comme l’automobile du „King“, ou encore comme un chef-d’œuvre du département classique de BMW mais aussi comme l’héritage laissé par Jack Castor.

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