L’automatisation est en marche et La Poste, comme nombre d’autres entreprises, se lance à corps perdu dans ce créneau. Première helvétique, l’ex-régie fédérale s’apprête à tester dès ce mois de septembre des robots de livraison qui achemineront en priorité des produits alimentaires et des médicaments. Ils œuvreront dans trois communes tests, Berne, Könitz (BE) ainsi que Biberist (SO), où ils circuleront au pas sur les trottoirs et dans les zones piétonnes.
Ces drôles d’engins à six roues, qui ressemblent à des camions miniaturisés, sont équipés d’un GPS, de neuf caméras et de détecteurs d’obstacles. IIs sont propulsés par une grosse batterie rechargeable qui leur permet de se mouvoir sur une distance d’environ six kilomètres. Les robots de livraison de La Poste embarquent un coffre de rangement à l’intérieur duquel on peut loger environ dix kilos de marchandises.
Un message sur le smartphone
Très concrètement, les machines sont programmées pour un trajet. La Poste évoque le «dernier kilomètre qu’elle ne couvre pas actuellement avec les facteurs». Quand le véhicule arrive à destination, le client reçoit un message sur son smartphone. Il compose un code pour ouvrir le conteneur et prendre la marchandise. Les risques de vol ou de vandalisme sont limités dans la mesure où les robots sont localisables grâce au système de navigation et surveillés en permanence à distance par le biais des caméras. Les machines ont été conçues par Ahti Heinla et Janus Friis, cofondateurs de Skype. Le duo a créé en 2014 en Estonie la start-up Starship Technologies, qui emploie une cinquantaine de collaborateurs.
Si elle s’empresse de préciser que cet effort de robotisation ne va pas remplacer la distribution classique des colis, La Poste estime toutefois qu’il s’inscrit dans l’«essor du numérique dans notre société».
«Ce phénomène engendre de nouvelles technologies à un rythme toujours plus soutenu. Il modifie nos habitudes, entraînant de nouveaux besoins. On passe à une vitesse supérieure, de telle sorte que la flexibilité est désormais à l’ordre du jour. Dans cette perspective, notre objectif est de simplifier les opérations commerciales de nos clients.»
On s’en serait douté, une logique économique perce derrière cette démarche. Confrontée à la concurrence d’Uber et d’Amazon notamment, «qui ne doivent pas réaliser des bénéfices dans la distribution vu qu’ils en réalisent dans leurs activités de base», La Poste est acculée. Face à ce défi, elle doit tirer le sabre du fourreau pour éviter de perdre des parts de marché. «Ces nouveaux acteurs assurent des prestations de services logistiques pour eux-mêmes et pour des tiers, devenant ainsi des concurrents des prestataires de services logistiques traditionnels comme nous le sommes. Cette situation entraîne une pression croissante sur les marges et sur la structure des coûts. Une telle évolution contraint les logisticiens de colis classiques à se montrer toujours plus efficaces et à examiner des méthodes de livraison alternatives, comme les drones et les robots de livraison justement», explique Dieter Bambauer, responsable de PostLogistics, qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 1,5 milliard de francs sur un total de
8,24 milliards. En passant, on rappellera que PostAuto teste des bus autonomes en ville de Sion.