En 1987, le premier janvier, 312 bolides s’alignent au départ d’une des courses les plus emblématiques de la planète: le Paris-Dakar. A l’époque, l’itinéraire fait plus de plus de 13 000 km de long et traverse l’Europe, l’Algérie, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Parmi les équipages engagés, deux vont retenir notre attention. Le premier porte le numéro 211. Il est composé de Miguel Prieto et Ramon Termens. Le second affiche le chiffre 212 sur sa carrosserie. Il est constitué des frères Jorge et Hansi Babler. Les quatre hommes ont en commun de participer au raid sur des voitures japonaises, en l’occurrence des Nissan Patrol „Fanta Limon“ Diesel.
Première de sa catégorie
Lors de la deuxième étape, alors que la course bat déjà son plein, le team va se retrouver confronté à un problème — un Paris-Dakar sans accrocs est-il vraiment un Paris-Dakar? —: le camion de soutien Nissan tombe en panne, laissant les deux équipages sans pièces de rechange pour tout le restant de l’épreuve. Le team ne se décourage pas pour autant. Et si l’équipage 212 sera finalement contraint de se retirer, le 211, lui, en revanche luttera jusqu’à la fin, terminant premier de sa catégorie, celle des Diesel, et neuvième au classement général.
Après la course, la voiture gagnante, la 211, est offerte au Salvador Claret, un musée automobile situé au sud de Gérone, en Espagne. Nissan ne garde visiblement pas de traces de la donation puisqu’il faudra attendre février 2014 pour retrouver le bolide. Effectivement, à cette époque, un technicien du Centre Technique Nissan de Barcelone, le NTCE (le centre qui s’était occupé d’assembler les voitures en 1986), tombe sur des images de cette dernière sur internet. L’homme ne tarde pas à composer une petite équipe qui se fixe comme objectif de récupérer la voiture pour la restaurer dans son état d’origine.
Véritable projet passion, cette restauration est effectivement à mettre au crédit d’un petit groupe d’ingénieurs et de techniciens du constructeur japonais qui, durant leur temps libre (le week-end et le soir après le travail), n’ont pas hésité à replonger leurs mains dans le cambouis afin de redonner au bolide son lustre d’antan.
Et Nissan semble satisfait du travail réalisé par la petite équipe puisque le constructeur n’hésite pas à rajouter que la voiture a été restaurée dans les règles de l’art : „Ils (les ingénieurs et techniciens) ont cherché partout en Europe afin de retrouver les pièces de rechange, en demandant notamment aux concessionnaires Nissan de rechercher dans leurs entrepôts afin de dénicher les vieux stocks.“ Et l’un des hommes à la base du projet d’ajouter: „Nous voulions que la voiture soit exacte dans tous les sens, et nous avons eu la chance d’obtenir les très anciens dessins et manuels de service. Nous avons suivi tous les ajustements pour obtenir la configuration exacte du modèle Paris-Dakar.“
Petite anecdote sympa: en Novembre 2016, les hommes ont d’ailleurs ramené l’engin dans les dunes de sable du Sahara. Le coût de la restauration a été couvert par Nissan grâce à son fonds «Performance Innovation», une sorte de cochon tirelire que le constructeur japonais n’hésite pas à casser dès qu’un projet intéressant se présente à lui.