La famille X s‘agrandit et, après la présentation du Crossland X au printemps dernier, Opel lève maintenant le voile sur le Grandland X. Une bonne idée car le segment des SUV compacts promet encore une belle croissance, malgré l’âpre concurrence que se livrent les VW Tiguan et Nissan Qashqai. Le constructeur de Rüsselsheim poursuit donc sa stratégie de consolidation des bases.
De prime abord, l’Opel attire le regard grâce à son extérieur plaisant. Elle se présente sous des traits râblés et dynamiques et, malgré une étroite parenté avec la Peugeot 3008, possède des lignes bien personnelles, fidèles au langage Opel. Avec son ébauche de protection du soubassement avant et arrière ou les arches de roues protégées par un renfort en plastique noir, le Grandland X s’inscrit dans la tendance observable chez les SUV. Toutefois, comme son homologue français de chez Peugeot, il n’est disponible qu’en traction avant, ce qui peut sembler a priori un handicap, surtout dans un pays comme le nôtre où l’on associe traction intégrale et SUV. Cependant, nombreux sont les SUV qui n’en sont pas équipés. Si l’on se cantonne aux exigences quotidiennes de l’automobiliste lambda, dont une consommation maîtrisée, il faut reconnaître que ce choix (temporaire) des deux seules roues motrices a du sens. L’avantage en termes de poids que représente cette simplification technique permet de contenir celui du Grandland X entre 1350 et 1433 kg. Il se situe ainsi dans la bonne moyenne de la catégorie.
Des supports moteur trop souples
A son arrivée sur le marché, prévue à la mi-octobre, le Grandland X disposera de deux motorisations: un 3-cylindres à essence et un 4-cylindres diesel. Ces moteurs ne nous sont pas inconnus, on les retrouve aussi sous le capot du Crossland X et de divers modèles de chez Peugeot. Avec une particularité notable sur le Grandland X: le petit 3-cylindres est devenu un peu plus silencieux, au point d’être inaudible en conduite normale. Ce n’est qu’à pleine charge qu’il émane des grognements bien perceptibles et typiques des 3-cylindres. Même s’il ouvre la gamme, le 1,2 turbo remplira tout à fait sa tâche grâce à sa courbe de couple constante et fait oublier sa modeste cylindrée. Seul bémol, la suspension du moteur: parce qu’elle doit être plus souple pour filtrer les vibrations, elle peine à contenir les transferts de charge en provenance de la chaîne de traction (lors d’accélérations par exemple). De plus, quand on roule lentement, en agglomération par exemple, on voit réapparaître l’effet «Bonanza», toute la voiture ayant tendance à faire des à-coups et à gigoter d’avant en arrière.
Arrivée annoncée d’un diesel
Le 4-cylindres diesel de 1,6 l offre une puissance légèrement inférieure à celle de son homologue à essence – 120 chevaux au lieu de 130 – mais on ne s’en aperçoit pratiquement pas à l’usage. Il offre des reprises très énergiques et, en combinaison avec la boîte automatique à 6 vitesses, un grand confort de conduite. Cette combinaison a dès lors toutes les chances de devenir l’ensemble motopropulseur préféré des consommateurs… pour le moment. En effet, lors de la conférence de presse, nous avons pu découvrir près de l’entrée de la Boulderhalle de Darmstadt un Grandland X, à peine camouflé, équipé du 2-l diesel Peugeot accolé à une boîte automatique à 8 vitesses. Connaissant les préférences des Suisses, c’est cette variante du Grandland X qui risque fort de devenir le best-seller de la gamme dans notre pays. Elle est attendue pour le printemps 2018.
Les aides à la conduite pullulent
Le Grandland X regorge d’assistances à la conduite en tous genres: maintien dans la voie de circulation, régulateur de vitesse adaptatif, identification des panneaux de la circulation, reconnaissance des piétons avec freinage d’urgence, alerte de somnolence, avertisseur d’angle mort, aide au parcage automatique et la liste continue. Tout est là, rien ne manque. À cela s’ajoutent des dispositifs qui bénéficient à la fois au confort et à la sécurité, comme le pare-brise dégivrant de série ou les sièges ergonomiques certifiés AGR (l’association allemande pour la santé du dos), que nous avions beaucoup appréciés sur le Crossland X. Comme son petit frère, le Grandland X offre de douillets sièges chauffants, même pour la banquette arrière. Autre fonctionnalité intéressante, l’Opel OnStar, le service de conciergerie en ligne: sur pression d’un bouton, l’auto est reliée à un opérateur téléphonique qui pourra réserver une chambre pour vous, par exemple. Opel explique que plus de détails arriveront à ce sujet pour la Suisse.
Niveau connectivité, le Grandland X se montre à la page, comme le démontre le système inforécréatif IntelliLink, compatible avec Apple CarPlay et Android Auto. Le Grandland X offre aussi une recharge pour téléphone portable par induction, à la condition que celui-ci soit compatible. Fait assez rare dans le segment, le hayon est motorisé et s’ouvre par un balayage du pied sous le pare-choc. On remerciera Opel à chaque fois que l’on s’approchera de son auto un enfant sur le bras et un sac de commissions dans l’autre main. Le blitz cible précisément cette clientèle jeune, qui en est peut-être à son premier enfant.
L’amitié franco-allemande
Sur la route, le Grandland X séduit par ses bonnes manières et son moteur quasi inaudible. Les trains roulants et les freins semblent capables de faire face à toutes les situations. Sur une autoroute allemande avec peu de circulation, nous avons touché la vitesse de 190 km/h au compteur avec le 3-cylindres turbo essence. Certes, il nous aura fallu prendre notre élan, mais la prise de vitesse s’est faite dans la plus grande décontraction. Seuls les bruits aérodynamiques dans les soubassements viennent perturber le silence à bord. Le regard, en revanche, trouvera facilement ses repères dans une instrumentation très facile à lire. Il se distingue ainsi de son cousin de chez Peugeot, en faisant preuve de moins d’extravagance. Et on l’en remercie. En effet, la «Voiture de l’année 2017» – la 3008 – s’est bonifiée avec son traitement par Opel. Uwe Winter (lire page 22), ingénieur en chef responsable du Grandland X, exprime exactement notre ressenti de ce nouveau-né: un véhicule à l’exécution germanique. Malgré des gènes français, on remarque que des fées allemandes se sont penchées sur le berceau de ce crossover. La qualité de finition ne prête pas le flanc à la critique et les commandes sont intuitives. En termes d’espace utilisable et de position de conduite, l’Opel s’inspire avec succès du 3008, exemplaire en la matière.
On peut tout de même se poser la question de la cohabitation des deux rejetons sous un même toit, alors qu’en 2012, ils étaient pensés comme rivaux. Le positionnement «à la Opel» répond en partie à cette interrogation pour le Grandland X. En effet, cette identité lui facilitera la vie sur les marchés réticents vis-à-vis des marques françaises, comme celui du Royaume-Uni (où il sera vendu sous le label Vauxhall) ou celui d’Allemagne. En revanche, toutes deux sortiront de la même usine Peugeot, à Sochaux, ce qui démontre bien que le lieu de fabrication joue un rôle de moins en moins important sur le marché européen. «L’Opel de Sochaux» se pose comme une voiture de Rüsselsheim crédible, qui va sans aucun doute donner un nouveau souffle à la marque à l’éclair.