«Avec les changements à l’étude pour la formation de conduite, le conseil fédéral accepte l’idée d’avoir davantage de morts parmi les jeunes conducteurs.» Daniel Menzi fait, avec ces mots, une entrée remarquée dans le rôle de directeur de l’association suisse des moniteurs de conduite (ASMC). L’ancien responsable du centre de conduite Drive Swiss s’en prend à la procédure en consultation nommée «Révision des prescriptions relatives au permis de conduire». Plusieurs questions attirent les foudres de Daniel Menzi, dont l’accessibilité du permis de conduire aux jeunes de 17 ans et le raccourcissement des cours de formation continue à un jour, au lieu de deux.
En effet, d’après l’Ofrou, à l’origine du rapport, les effets sur la sécurité des cours de formation continue (permis deux-phases) ne sont pas à la hauteur des expectatives. Le Bureau de prévention des accidents (bpa) voit derrière cette relative inefficience la mise en œuvre compliquée de ces cours et la participation tardive des candidats à cette formation. Pour cette raison, la deuxième phase de formation devrait être optimisée et harmonisée avec l’apprentissage initial. Ainsi, certains cours pourraient être supprimés, d’autres comprimés et d’autres encore avancés à la phase de formation initiale. Au final, les cours pourraient tenir sur un seul jour, au lieu des deux en vigueur. L’ASMC contre-attaque avec une autre étude, menée par l’Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), dans laquelle il est établi que le contenu des cours pourraient aisément tenir sur plus de deux jours.
Une année d’expérience en plus pour les jeunes
L’autre point de discorde est représenté par l’ouverture du permis de conduire aux jeunes de 17 ans. L’Ofrou, sur la base de conclusions concordantes en provenance d’Autriche, Allemagne et Suède, statue que les risques liés aux débutants peuvent être réduits de façon significative, dès lors que les jeunes peuvent rouler sous surveillance et forger leurs indispensables expériences dans un cadre protégé. Le rapport explique cette année supplémentaire de pratique de la conduite devrait avoir des effets positifs sur la sécurité du trafic.
80 000 jeunes conducteurs chaque année
L’ASMC rejette violemment cette assertion, en affirmant qu’en Allemagne, en France et dans d’autres pays, les élèves-conducteurs sont autorisés à prendre le volant seulement avec un moniteur. En Suisse en revanche, l’apprenant a la possibilité de conduire avec une connaissance, après une phase initiale avec moniteur. Selon l’AMSC, la proposition de l’Ofrou est incompréhensible car elle mettrait 80 000 conducteurs inexpérimentés chaque année sur la route, avec tous les risques pour la sécurité routière.
Une fois la phase de consultation terminée, où les différentes parties seront entendues, le Conseil fédéral décidera du meilleur compromis entre les intérêts des conducteurs, de l’ASMC, des associations de la route, par voie d’ordonnance.Raoul Studer