Pourtant réputé pour ses nombreuses innovations technologiques, Mercedes-Benz est loin d’être un pionnier en matière de propulsions alternatives. Mais la firme allemande entend bien rattraper son retard: il y a peu, le constructeur faisait part de son intention d’investir plus de dix milliards d’euros (11,2 milliards de francs, lire RA 44/2019) dans le développement de nouveaux groupes motopropulseurs. Mercedes est bien conscient que l’avenir de l’automobile sera électrique ou ne sera pas, comme l’explique Jochen Hermann, vice-président des programmes CASE (pour Connected, Autonomous, Shared & Service, Electric) et e-Drive chez Daimler: «S’agissant de l’avenir de la mobilité, les technologies zéro émission font partie intégrante de la stratégie de Daimler.» D’ici à 2022, l’ensemble des modèles de la firme à l’étoile profiteront d’une électrification massive: des véhicules dotés d’une hybridation légère aux modèles totalement électriques en passant par des véhicules associant blocs thermiques et grosses machines électriques, Mercedes planche sur tous les types de propulsion alternative. Cerise sur le gâteau, la firme allemande travaille également sur la technologie hydrogène, puisqu’elle vient de dévoiler un GLC dont la propulsion est rendue possible grâce à une pile à combustible.
Aujourd’hui l’hybridation
Chez Mercedes, les hybrides plug-in, autrement dit les hybrides rechargeables, riment désormais avec EQ Power. A l’heure actuelle, c’est dans ce domaine que Mercedes est le plus avancé. La marque allemande vient d’ailleurs de greffer des nouveaux blocs hybrides à ses Classe C, Classe E et Classe S. Si elles sont parfois couplées à un bloc essence, les machines électriques peuvent également travailler main dans la main avec une motorisation diesel. En outre, nombre de Mercedes profitent déjà du EQ Boost, un système que Jochen Hermann décrit ainsi: «Nous avons combiné un moteur thermique à un petit moteur électrique qui fonctionne grâce à une batterie de 48 volts. La technologie octroie au véhicule un gain de puissance. En outre, elle permet de le décharger de certaines de ses fonctions secondaires et, donc, d’économiser de l’essence.»
Demain le tout-électrique
Des Daimler dotées de groupe motopropulseurs entièrement électriques ont certes déjà vu le jour, mais il ne s’agissait là que des coups d’essai eu égard à ce que le groupe d’outre-Rhin s’apprête à dévoiler d’ici à 2022, à savoir une dizaines de modèles (8 Mercedes et 2 Smart), si l’on en croit nos informations. Première Mercedes-Benz (et non pas Daimler, car il est déjà possible de rouler en Smart EQ) de cette offensive, le EQC. Dévoilé au public dans sa version de série lors du dernier Mondial de Paris en octobre dernier, il ne prendra pas la route avant la mi-2019. Mais pourquoi avoir choisi un SUV comme premier véhicule électrique? Jochen Herman s’explique: «Nous avons choisi d’opter pour un SUV pour la simple et bonne raison que ce type de véhicules se vend très bien. Et puis, c’est une silhouette que les gens connaissent bien.»
Après-demain la pile à combustible
«La pile à combustible, pour sa part, ne manque pas d’arguments en sa faveur: longue autonomie, temps de ravitaillement de courte durée, sans compter qu’elle ne rejette que de l’eau, explique Jochen Hermann. De plus, cette technologie constitue une belle opportunité pour les gros utilitaires comme les bus par exemple. Dans un parc automobile qui fera dorénavant la part belle aux énergies renouvelables, l’hydrogène va jouer un rôle de plus en plus important.» Cela dit, pour l’heure, le réseau de stations demeure plutôt marginal. Pour cette raison, le GLC F-Cell (pour Fuel Cell, ou pile à combustible en anglais) tire non seulement son électricité d’une pile à combustible (disposée en lieu et place de son moteur thermique), mais également d’une batterie (disposée sous le plancher du coffre). Si les premiers GLC F-Cell ont déjà été livrés, ils seront réservés à une clientèle allemande et urbaine (résidant dans des villes comme Berlin, Hambourg ou Stuttgart, où il n’est pas compliqué de trouver des stations de recharge). Proposés uniquement à la location, laquelle comprend les éventuelles réparations ainsi que les entretiens, les GLC F-Cell ne seront effectivement pas vendus dans le réseau de manière conventionnelle. Pour quelles raisons? Mercedes tient à garder ses véhicules à l’oeil, tout en continuant à développer cette technologie qui ne s’imposera pas avant plusieurs années.