«Je serai toujours lié au monde des Salons»

GIMS 2019 Clap de fin pour André Hefti, qui a organisé son dernier GIMS en tant que directeur. Le Zurichois, qui restera actif jusqu’au 30 juin, n’en a toutefois pas fi ni avec cet univers.

GIMS 2018 Geneva International Motor Show PALEXPO - President's Cocktail

Qui sait s’il a eu les yeux humides lorsque, dimanche soir, le dernier visiteur a quitté «son» ultime Salon de Genève en qualité de directeur. André Hefti, qui a organisé neuf éditions de la grandmesse genevoise, cède désormais la place à Olivier Rihs, qui lui succédera dès le 1er juillet. André Hefti tire un bilan de cette 89e mouture du GIMS qui a enregistré une baisse signi_ cative de la fréquentation, avec 9% de moins (602 000 visiteurs, contre 662 000 l’an passé). Le Zurichois de 72 ans ne s’en inquiète pas, il sait que Genève dispose de plusieurs as dans sa manche pour rebondir.

Revue Automobile: Quel sentiment vous habite, maintenant que c’est terminé?
André Hefti: Je pense que nous avons eu un bon Salon. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est ce qui revient quand on parle aux exposants. Bien sûr, nous avons enregistré une baisse de 9% des visiteurs, mais nous sommes toujours au-dessus de la barre de 600 000. Les visiteurs étaient toutefois plus intéressés, car de nombreuses affaires ont été faites, d’après les premiers retours des exposants.

Et personnellement?
Ben voilà, on y est maintenant, c’est _ ni! Toutefois, cette décision a été longuement préméditée, je m’y préparais déjà. Il n’y a pas de problème de mon côté, mais je serai toujours lié au monde des Salons.

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Y a-t-il du soulagement ou de la tristesse?
Non, ni l’un, ni l’autre! Le plus important est que le Salon se dote de la bonne stratégie, qui le pérennise pour la suite. Il va vers des années peu faciles, trouver la bonne stratégie sera crucial. On parlera toujours plus de mobilité, je pense que le Salon de Genève a toutefois les bons atouts pour se poser comme l’événement majeur en Europe, entre sa taille, son rythme annuel et sa situation géographique.

Le résultat des fréquentations était-il attendu?
La vérité, c’est que ces résultats sont plus bas qu’attendus. Nous allons maintenant analyser les raisons. Il y a bien entendu l’absence de plusieurs grands exposants, ce qui a eu un impact sur la fréquentation. C’est important de bien cerner la composition des groupes qui manquaient. Etaient-ce les Français? Ou les Suisses alémaniques? Nous allons analyser cela.

Faut-il s’inquiéter de cette baisse?
Oui, bien sûr, il faut s’en inquiéter. Un exposant et un visiteur qui ne viennent pas, ce sont des pertes. On ne peut pas rester les bras croisés, il faut ré_ échir à ce qu’on peut faire. Je pense qu’aujourd’hui, le Salon doit offrir plus de divertissement, il faut proposer autre chose que juste des voitures; il doit se passer quelque chose d’autre sur un stand.

Est-ce aux constructeurs de proposer davantage d’animations, ou est-ce à vous, organisateurs, de le faire?
Les deux. Nous avons le projet de proposer des essais routiers pour les véhicules à propulsion alternative dès 2020, sur un parcours dédié. Cela fait partie du divertissement que l’on doit offrir aux visiteurs.

GIMS 2018 Geneva International Motor Show Palexpo Car Of The Year

Selon vous, la baisse est plus imputable au moment particulier que vivent les Salons ou à l’absence de certains constructeurs?
Oui, cela a à voir avec le moment que vivent les Salons. Regardez l’IAA de Francfort: ils sont passés de 930 000 visiteurs à 810 000 en 2017. On verra maintenant en 2019! Même Detroit a baissé, en passant de 809 000 à 774 000 cette année; eux, toutefois, comptent les badges qu’ils ont distribué, et pas les visiteurs. Paris a annoncé un million de visiteurs, mais j’ai de la peine à y croire, j’ai des doutes sur la méthode de comptage. L’absence des constructeurs a aussi une in_ uence, c’est sûr, mais c’est dur de dire à quel point elle a pesé sur la baisse des visites.

Le Salon devrait-il évoluer en Salon de la mobilité, pour attirer plus de jeunes?
Je pense que oui! On parle énormément des services à la mobilité, notamment chez les constructeurs qui commencent à investir le marché. Le Salon doit s’atteler à parler de la façon dont les jeunes se déplaceront dans le futur. C’est dommage que la jeunesse ne participe pas davantage à ces discussions, je verrais bien des jeunes qui prennent la parole à ce sujet.

Qu’est-ce qui perdurera de votre ère, qu’espérez- vous?
Bonne question. Il était important, à mes yeux, de faire évoluer le Salon à tous points de vue. Notamment au niveau des réglementations, qui devaient suivre les évolutions techniques. Nous nous sommes aussi progressivement ouverts à différentes catégories, qui n’avaient pas droit de cité auparavant. Je pense par exemple aux motos, qui étaient interdites par le passé! Je les ai voulues, car beaucoup d’automobilistes ont aussi une moto. L’important est que le Salon soit prêt pour le futur et je pense lui avoir donné les moyens d’être en phase avec l’époque.

Que souhaitez-vous voir en 2020, au Salon de Genève?
J’espère qu’un pas en avant aura été fait, qu’il sera possible d’essayer des véhicules, qu’on parlera davantage mobilité. Aujourd’hui, nous sommes le Salon de l’auto et des accessoires, mais on pourrait bien être à l’avenir celui de l’auto et de la mobilité. La mobilité au sens large! Pourquoi ne pas intégrer le secteur des e-bike?

De toutes vos tâches, laquelle vous manquera?
Le contact, le dialogue avec les exposants. On discute beaucoup ensemble, je connais certains depuis longtemps. Il faut dire que ça change beaucoup, il n’y a pas plus tellement de stabilité dans les entreprises.

Et, de tout ce que vous aviez à faire, qu’est-ce qui ne vous manquera pas?
Les contraintes! J’aurai beaucoup plus de temps libre dès le 30 juin, je ferai ce que je veux; ce sera la première fois depuis 50 ans. Je pourrai plani_ er ma journée comme je le veux.

Vous savez déjà ce que vous ferez le 1er juillet, premier jour de votre retraite?
Un tour de moto, j’adore ça! J’irai aussi voir de nombreuses courses dans le monde.

Qu’avez-vous envie de dire ou de souhaiter à votre successeur?
Je lui souhaite de trouver la bonne trajectoire pour pérenniser le Salon de Genève, je suis certain qu’il le fera.

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