La Piëch Mark Zero était sans conteste l’une des stars du 89e Salon de Genève. Et ce, pas seulement parce qu’elle se pare de lignes gracieuses ou s’arme de technologies dernier-cri. Non, si le blason Piëch était sur toutes les lèvres lors du dernier GIMS, c’est parce qu’il est associé de très près à un autre grand nom de l’industrie automobile: Volkswagen. Anton «Toni» Piëch, l’homme qui a donné son nom à ce nouveau constructeur automobile, est, en effet, le fils du légendaire patron du groupe Volkswagen, Ferdinand Piëch, et de son épouse, Marlene Porsche.«Nous n’avons malheureusement pas eu le temps à Genève de répondre à toutes les questions qui nous ont été posées», explique l’homme fort de l’entreprise. Pour combler cette lacune, à savoir donner de plus amples informations sur le projet Mark Zero aux clients potentiellement intéressés, aux curieux ou autres partenaires, le constructeur vient d’inaugurer un pop-up-store à proximité de la gare centrale de Zurich (Uraniastrasse 18, vis-à-vis du Jelmoli). Présent pendant six mois au minimum à l’adresse susmentionnée, le constructeur pourra donc en dire davantage sur l’innovante supercar. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le nouvel arrivant est très impatient de connaître le feedback des visiteurs.
Une batterie à nulle
autre pareille
Le développement de la Piëch Mark Zero GT-2 (pour GT à deux
portes) bat son plein depuis sa première mondiale à Genève. Particulièrement en
ce qui concerne la batterie, fruit de la société germano-chinoise Cleantech
Desten. Si l’on en croit les premières informations communiquées par Piëch, ces
nouvelles cellules d’énergie seraient capables de supporter une intensité
allant jusqu’à 190 ampères. Propulsée exclusivement à l’électricité, la GT est
créditée d’une autonomie d’environ 500 kilomètres (WLTP). En outre, elle serait
capable de se recharger à 80% en 4 minutes 40, et ce sur une borne de recharge
développée par le partenaire Tgood (voir encadré). Avec une prise rapide
conventionnelle, la durée de recharge pour récupérer 80% d’autonomie (pour une
tension de 400 V, soit 350 kW) est estimée à 8 minutes, toujours selon les
valeurs communiquées par le constructeur suisse.Sur papier, la concurrence est
donc battue à plate couture. Comment est-ce possible? Klaus Schmidt, chef de la
technologie chez Piëch Automotive, n’a naturellement pas l’intention de révéler
les secrets de fabrication de l’engin: «Tout n’est pas encore breveté, nous
expliquait l’ancien ingénieur BMW, mais pensez à l’électronique de loisirs:
quand les électrons rencontrent des obstacles, la température monte. Si les électrons
peuvent en revanche circuler sans entrave, la montée en température reste
limitée». La batterie de la Piëch Mark Zero, elle, n’echaufferait pas. Tout au
plus resterait-elle tiède, explique Schmidt: «Lors de nos essais, la batterie
s’est réchauffée d’au maximum 15° durant le processus de charge et de décharge.»En
vertu de son faible échauffement, la batterie de cette sportive électrique
peut être refroidie par air, ce qui induit une économie de poids d’environ 200
kg. Les ouïes d’aération nécessaires à ce refroidissement sont situées sous les
phares. Petit problème lié à ce dispositif: il permet de laisser rentrer de
nombreux «corps étrangers» comme l’eau de condensation ou encore la poussière.Une
partie de la superbatterie est logée dans le tunnel central, le reste fait
partie intégrante du train arrière. Par rapport aux batteries habituellement
logées sous le plancher, cela permet d’abaisser – encore! – davantage le
centre de gravité. Dans la théorie, le comportement de la Piëch sera donc très
proche de celui d’une voiture de sport, avec notamment une direction très
communicative. Avec une répartition du poids de 40/60%, la voiture réagirait
comme une voiture de sport à moteur thermique, selon les explications fournies
par la marque. «Notre famille est réputée pour assembler de belles voitures de
sport, des autos classiques, mais de qualité. Avec la Piëch, nous entendons
bien faire perdurer cette tradition», développe Anton Piëch.Hormis sa rapidité
de recharge, la nouvelle sportive électrique impressionne par ses autres caractéristiques:
les 611 ch (450 KW) catapultent la machine de 0 à 100 en 3,3 secondes. Situé
sur le train avant, le moteur asynchrone de 150 kW est épaulé par deux moteurs
synchrones de 150 kW chacun. «Durant son cycle de vie, le moteur du train avant
va produire plus de courant qu’il ne va en consommer, je vous le garantis»,
analysait pour nous Klaus Schmidt.
Tests à répétition
La technologie révolutionnaire appliquée sur la Piëch Mark Zero
a déjà été testée à maintes reprises par diverses instances indépendantes. Notamment
des entreprises comme Hofer, l’université d’Esslingen ou la TÜV Süd. «Toutes
ont tiré la même conclusion réjouissante, à savoir que tout fonctionne comme
nous l’avons expliqué ici», explique Schmidt. Et la qualité serait, elle
aussi, de la partie: Klaus Schmidt se serait rendu à maintes reprises chez
Desten en Chine afin de contrôler le processus de fabrication via des échantillonnages
aléatoires: «Je me réjouis à l’avance de la commercialisation, dans trois ans,
de la Piëch Mark Zero avec cette technologie innovante. Outre leur courte durée
de recharge, les batteries garantissent aussi un maximum de durabilité»,
explique Schmidt. Au printemps 2020, les premiers prototypes roulants de la Piëch
Mark Zero débuteront les premiers tours de roue sur la Nordschleife du Nürburgring.
Pas pour tout le mondeSi la Mark Zero fonctionne, l’inédite plateforme sur laquelle elle est assemblée devrait accoucher d’autres modèles; chez Piëch, on ne s’en cache pas, les futurs projets portent sur un coupé sportif à quatre places (tout simplement désigné GT-4) et un SUV électrique, le GT-X. Assemblé sur le même châssis que la Zero, ce dernier garantira au constructeur un beau volume de ventes: là où la Mark Zera sera limitée à approximativement 1000 exemplaires, le SUV devrait voir sa production grimper jusqu’à 10 000 unités. Quant au prix de la biplace sportive, il serait de 250 000 francs. «Cela nous rend beaucoup moins dépendants vis-à-vis des équipementiers», développe Anton Piëch.
Pas seulement électriqueAutre avantage de taille de la nouvelle plateforme: elle pourrait également accueilllir d’autres types de motorisation, comme un moteur purement thermique – en l’occurrence, il s’agirait d’un six-cylindres développé en collaboration avec Koenigsegg –, un groupe hybride ou même une pile à combustible. Seule restriction: le type de propulsion n’est pas laissé au choix du client. La modularité nous permet de réagir en fonction du marché: «On ne sait jamais comment le marché va se développer», nous expliquait Schmit. Aussi, chacun des trois modèles appelés à entrer en production pourraient être déclinés dans chacune de ces quatre motorisations.