«Nous avons un format intéressant»

AUTO ZÜRICH Le patron d’Auto Zürich, Karl Bieri, est fier de présenter cette année quarante premières suisses à son salon. Contrairement à beaucoup d’autres ex-positions internationales, le concept de ce «salon régional et national» semble porteur.

Chez les experts, il se murmure que l’IAA de Francfort de 2019 aura été le dernier de son espèce. Ou, alors, qu’il déménage-ra, en se rendant à Munich ou Berlin en Plus des deux tiers des constructeurs ont renoncé à venir à Francfort cette année, essentielle-ment pour des motifs financiers et de rentabilité. En clair, cela veut dire qu’à l’ère de la numérisation, les marques préfèrent dépenser leur argent de façon ciblée pour des «Ego-Promo-Shows». Le 33e salon Auto Zürich (31 octobre au 3 novembre prochain) se distingue par sa capacité à proposer une grande diversité de marques sur un espace relativement restreint. Rencontre avec un patron qui a trouvé un équilibre au niveau des exposants dont le public ne se lasse pas.

Revue Automobile: Par rapport au salon de Genève et, a fortiori, à l’IAA de Francfort, Auto Zürich occupe une surface plus petite, «plus humaine». Est-ce l’un des secrets du succès de votre salon?
Karl Bieri: Je pense que nous avons effectivement un format très intéressant. Nous occupons 27 000 m², Genève est près de dix fois plus grand et Franc-fort se répartit sur 235 000 m². Sur un espace relativement restreint, nous offrons donc une opportunité de comparaisons directes, ce qu’apprécie le public. Bien sûr, on peut aussi s’informer sur les voitures via Internet mais, en dernier ressort, on veut quand même les toucher, les décortiquer, les sentir et s’asseoir à l’intérieur.

A propos de comparaisons: près des deux tiers des constructeurs ont déserté Francfort en 2019. La diversité en a donc extrêmement souffert. Quelle est la situation pour Zürich?
Nous avons débuté comme salon de concessionnaires avant de devenir de plus en plus un salon d’importateurs. Maintenant, nous redevenons un salon de concessionnaires. Si tout fonctionne comme prévu, il ne manquera cette année que SsangYong, Maserati et Mazda.

Pensez-vous qu’on puisse acheter une voiture en se basant uniquement sur Internet, comme les vêtements, par exemple?
Pour moi, il y a encore une grande différence à ce propos, même si Internet est très pratique avec tous ces magnifiques configurateurs. Mais, dans la réalité, une voiture a une toute autre allure que sur la Toile. Il suffit de penser aux prospectus de vacances, où tout paraît idyllique, mais on sait qu’il y a une grande part de rêve… Dans cet esprit, je pense donc que les salons restent incontournables pour quiconque veut acheter une voiture. En effet, à cette occasion, on dépense 10 000, 20 000 francs ou plus encore et non 50 ou 100 francs comme on le ferait pour un pullover. Le client tient quand même à voir et à essayer ce qu’il achète.

On pourrait vous répondre que chez Zalando par exemple, vous pouvez commander quelque chose et le restituer si cela ne vous convient pas!
C’est bien pourquoi, avant d’acheter une voiture, il faut s’informer le plus minutieusement possible. Il est superflu de discuter sur la différence entre une voiture immatriculée ou non immatriculée. Beau-coup plus d’argent entre en ligne de compte ici. Et un salon, justement, permet de sonder le terrain sans engagement de la part du consommateur.

Jadis, le taux de visiteurs ayant une intention d’achat concrète était très élevé dans les salons. Aujourd’hui, le public a envie de connaître les nouveautés et d’être informé sur tout ce qui va arriver sur le marché. Combien, sur les 55 à 60 000 visiteurs et visiteuses que vous attendez à Auto Zürich cette année, viennent pour s’informer et combien viennent avec la ferme intention de s’acheter une voiture?
Difficile de le dire précisément. Il est important que nous soyons là pour les deux catégories et que nous puissions aussi conseiller le public pour l’aider à faire les choix qui lui convient.

Que pensez-vous de la propulsion du futur?
A mon avis, nous assistons pour le moment à une espèce de guerre de religion. Je roule depuis quinze ans avec une voiture au gaz naturel, mais je suis convaincu qu’il y aura encore longtemps un marché pour tous les types de propulsion, électrique, hybride ou à hydrogène.

En tant qu’organisateur, comment gérez-vous la diversité de l’offre à Auto Zürich?
Du fait que pratiquement tous les constructeurs commercialisent des voitures électriques, hybrides, à gaz naturel ou à hydrogène et conventionnelles, il y a par nature un excellent mélange des genres ici.

Qui sont les stars d’Auto Zürich 2019?
Nous sommes très heureux de pouvoir présenter cette année quarante premières suisses, dont les stars de l’IAA – la Porsche Taycan, le Land Rover Defender et la VW ID.3. C’est un record pour nous et nous ressentons cela comme une reconnaissance pour le travail fourni depuis toutes ces années. Nous en sommes très fiers.

Autre point qui vous différencie des autres: la durée du salon et votre politique de prix. Com-ment faites-vous?
Nous sommes un magasin un peu particulier. Nous édifions les stands plus ou moins nous-mêmes, les constructeurs n’ont donc plus qu’à s’installer avec leurs voitures et à les mettre en valeur. Nous prenons en charge l’éclairage général, car celui du salon ne suffit pas. Rares sont les exposants qui doivent encore faire quelque chose. Les coûts et les efforts restent donc raisonnables. Chez nous, les prix n’ont pas changé depuis 33 ans. Incroyable, non?

C’est vrai. Quel est votre méthode pour conserver ce prix d’entrée?
J’organise Auto Zürich avec ma femme, ce qui fait une structure de base très petite. Naturellement, pendant le salon, nous travaillons avec des auxiliaires. Mais une chose est sûre: les sponsors et les entrées supplémentaires nous permettent de boucler notre budget.

Vous n’avez donc jamais eu la grosse tête en période de vaches grasses, avec des objectifs plus grands, plus gros?
Notre objectif premier est de durer dans le temps et je pense que notre stratégie va dans le bon sens.


Premières suisses attendues à Auto Zürich 2019

Audi A1 City Carver, A4 Avant, Q3 Sportback, Q7, RS Q3, RS6 Avant, SQ8. Ford Explorer PHEV, Kuga, Puma. Honda E. Hyundai i10, i30 N Project C. Jaguar XE. Kia E-Niro. Land Rover Defender, Discovery Sport. Mercedes A45, GLB. Lexus RX. Nissan Juke, GT-R-Nismo, Leaf. Opel Astra, Corsa, Corsa-E, Grandland X Hybrid 4. Porsche Macan Turbo, Taycan. Renault Captur, Koleos, Zoe. Seat Mii Electric. Škoda Citigo IV, Superb IV Combi. Toyota C-HR. VW E-Up, ID 3, T-Roc Cabrio.


Comment se présente l’avenir d’Auto Zürich?
Nous ouvrons cette année un volet Classiques dans une halle dédiée, avec un concept identique à celui des voitures neuves. Cela veut dire que nous construisons les stands et que les exposants n’ont plus qu’à amener leurs autos. Dans cette catégorie, ce service est encore plus important pour que nous puissions garantir un standard en phase avec notre salon.

Vous avez bon espoir que le volet Classiques devienne incontournable?
J’en suis convaincu. Dans notre univers devenu numérique, on peut avoir beaucoup de données, mais il est bon parfois de revenir aux sources et d’apprécier une voiture sous une autre perspective. Je n’ai aucun mal à m’imaginer que nous allons pouvoir développer cette catégorie dans les prochaines an-nées. Notamment parce qu’elle représente un complément idéal à la catégorie des voitures neuves pour nos 55 à 60 000 visiteurs annuels.

Un public jeune ne se déplacerait peut-être pas pour un salon dédié exclusivement aux classiques mais, à Auto Zürich, peut-on dire qu’il va pouvoir en profiter, presque en bonus?
Exactement. Par expérience, nous savons que les personnes entre 40 et 50 ans s’intéressent par exemple aux youngtimers. A Auto Zürich, nous pouvons ainsi leur offrir cette plus-value. Nous ne parlons pas ici de voitures valant des centaines de milliers de francs, mais de classiques permettant d’assouvir raisonnablement une passion.

Quels exposants de classiques attendez-vous?
Bien des choses vont encore se passer au dernier moment. Nous avons la confirmation d’Emil Frey Classic, d’Amag avec Porsche Classic, de Goodtimer (l’Oldtimer Zentrum Ostschweiz) et du TCS, de plus en plus actif dans le secteur de la voiture ancienne, avec des stages de conduite d’oldtimers ou des consultations, par exemple.

Dans un autre registre, il y a les nouveaux acteurs qui se consacrent à la conduite autonome, aux plateformes de carsharing, à la connectivité ou à l’électrification. Sont-ils inclus dans votre salon?
Je verrais d’un bon œil leur présence à l’avenir. Ce-la fait déjà une bonne dizaine d’années que je m’at-tends à voir arriver les Chinois. Ce moment n’est toujours pas arrivé, mais cela pourrait bientôt changer.

On constate que cette année Byton, Hongqi et Wey étaient déjà à Francfort…
Exactement.

Les niches restent toujours attractives, alors que peut-on attendre cette année à Zürich?
Cette année, nous fêtons par exemple le retour du constructeur de supercars italien Pagani. Il était déjà venu il y a 20 ans et c’était une véritable sensation. Mais nous souhaitons en premier lieu re-présenter, comme nous l’avons toujours fait, l’en-semble du marché. Cela va de la formule 1 au karting, de la supercar à la citadine sans oublier toutes les nouvelles offres sur le thème de la Nouvelle Mobilité.

Sauber et donc les fire up aussi – les moteurs vrombissants – sont-ils absents cette année?
Malheureusement oui, c’est le cas aussi cette an-née. Cela aurait été trop compliqué avec les Grands Prix se déroulant simultanément au Mexique et aux Etats-Unis.

Du 31 octobre au 3 novembre, le salon devrait accueillir entre 55 000 et 60 000 visiteurs, au cœur de Zürich.

Et le dragster d’Jndia Erbacher?
Nous aurions bien voulu l’avoir, mais ce n’était pas possible là non plus, car les voitures disputent une épreuve aux Etats-Unis. En 2020, les Erbacher seront de retour parmi nous.

Cette année, donc, Auto Zürich sera un peu plus silencieuse que les années précédentes?
Il est permis de le supposer.

En matière de sport automobile, justement, l’offre du salon doit-elle toujours s’adapter au calendrier des courses?
Oui, nous sommes obligés de faire preuve de flexibilité. Cette année, nous compenserons cette absence avec l’histoire de la Racing Fuel Academy.

C’est-à-dire? Qu’avez-vous prévu comme sur-prise pour les visiteurs?
Là où il y avait la formule E l’an dernier, il y aura cette fois-ci douze simulateurs. Des simulateurs sophistiqués, mais d’un prix encore raisonnable, même pour les plus exigeants. Ce sont les simulateurs qu’utilisent, pour s’entraîner, des pilotes professionnels comme Nico Müller ou Marcel Fässler.

Vous venez de parler de formule E. Aura-t-elle de la place à Zürich?
Peut-être y aura-t-il quand même quelque chose, mais ce n’est pas sûr. Apparemment, il n’y aura pas de courses en Suisse l’an prochain. L’affaire des bannières publicitaires arrachées à Berne n’a pas vraiment plu aux organisateurs de la série. Ils ne se sentent pas bienvenus en Suisse.

Vous êtes à la tête d’Auto Zürich depuis 33 ans. Jusqu’à quand allez-vous continuer?
Tant que j’aurai du plaisir! Il y a bien sûr davantage de travail qu’autrefois, mais c’est une bonne chose. Avec ma femme, nous nous réjouissons de tout ce qu’il va encore nous arriver avec cette manifestation!

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