Silence, on roule!

FILER SANS BRUIT En lançant la LiveWire, sa première moto de série électrique, Harley-Davidson entend faire entrer le plaisir de rouler dans une ère nouvelle.

Si Captain America devait faire de la moto pour sauver la planète en réduisant les émissions de CO2, il choisirait probablement la Harley-Davidson LiveWire. Tout à la fois futuriste et vintage, la LiveWire semble avoir été taillée sur mesure pour le super-héros créé par Joe Simon.

Mais nous ne sommes pas Captain America. Et les motos électriques nous inspirent toujours un certain scepticisme. Raison de plus de saisir l’occasion d’enrichir notre expérience de motard, en nous initiant à la conduite de cet engin silencieux sur les routes espagnoles entourant Barcelone, la capitale catalane.

La LiveWire se recharge via une prise combinée placée là où se tient habituellement le réservoir (en haut). La grande batterie et le petit moteur électrique occupent l’espace d’un bicylindre en V. La «conduite de carburant» est, comme pour tous les véhicules électriques, orange.

Réveil cardiaque
Le briefing fut de courte durée: «Tu appuies sur ce bouton et, quand tu sens une pulsation, c’est que la machine est prête à démarrer. Cet autre interrupteur sert à régler les sept modes de conduite. Ne sois pas surpris si, au début, tu cherches instinctivement la poignée d’embrayage et le sélecteur de vitesses. Important: reste en mode «Pluie», car la route est froide en novembre, et parfois humide et sale dans la forêt. De plus, les accélérations sont trop franches en mode normal. Question autonomie, il y en aura assez pour un test de deux heures», explique Nick, le spécialiste Harley-Davidson.

Malgré ces explications, quand j’ai essayé de mettre en marche la LiveWire noire, rien ne s’est passé. Pas de pulsation, pas de signal sonore, juste quelques chiffres clignotant sur l’écran tactile. «Elle doit avoir besoin d’un service après 1000 miles», a analysé Nick. Voilà qui n’inspire pas vraiment confiance. Du coup, on m’attribue une autre moto, orange celle-là. Contact: cette fois, ça a l’air de marcher. Je confirme tout de suite, en tournant la poignée des «gaz». Je sens alors mon cœur battre. Ou est-ce celui de la moto? Elle démarre immédiatement. Pas de rugissement de Harley. Finies, les vibrations qui secouent les tripes.

Au départ de Barcelone, je mise encore sur la prudence. Il faut aussi que je me familiarise avec ce monstre de 249 kilos, dont le moteur électrique délivre l’équivalent de 106 ch. D’emblée, une chose saute aux yeux: notre peloton de cinq motos est complètement inaudible. Personne ne nous remarque. Les cinq bécanes se suivent, dans le sillage de notre guide qui, contrairement à moi, semble avoir chevauché une Harley électrique toute sa vie. On l’entendra même affirmer que, depuis 40 ans qu’il fait de la moto, il n’en a jamais eu de meilleure sous les fesses.  J’ai du mal à y croire. La route sillonne maintenant entre les collines situées au nord de la métropole catalane. La LiveWire accélère en sortie de courbes dans un sifflement, on en redemande. Effectivement, je prends goût à cette force tranquille qui permet de fendre l’air en silence. Le déhanchement est de rigueur dans les virages, la partie-cycle et les pneus de la LiveWire inspirent confiance. Pour ma part, je trouve les réglages un peu durs. Néanmoins, le pilotage de la moto prend une autre dimension. Les accélérations sont ressenties différemment, les freinages sont de plus en plus tardifs et les dépassements s’effectuent à la vitesse de l’éclair. Plus de perte de temps due aux changements de vitesse, finies les crampes dans la main qui actionne la poignée d’embrayage.

Pas de «Range Anxiety»
Après une heure et demie de slalom routier entrecoupé de séances photos, nous retournons à notre point de départ par l’autoroute urbaine qui traverse Barcelone. Etroite et vive comme l’éclair, la LiveWire est également très agréable en ville. Et se faufiler dans le trafic de fin de journée, comme les motards du coin, est amusant. Je n’ai jamais ressenti la crainte de la panne «sèche». Aussi, à mon grand étonnement, j’ai soudain senti que je pourrais devenir un fan de motos électriques. Sans, bien sûr, me priver des autres, à combustion thermique. Au selfie que j’ai envoyé à mon entourage, on m’a répondu: «Tu as l’air heureux!» 

Harley-Davidson est le premier fabricant sérieux à proposer une moto électrique de série, avec l’intention de secouer le marché et d’en rester le leader. Mais il y a un hic: dipsonible à partir de 36 500 francs, la LiveWire coûte tout simplement le prix d’une voiture… électrique. Et oui, pour Harley, le plaisir de rouler à moto n’a pas de prix.

Vous retrouverez les données techniques de ce modèle dans la version papier de la Revue Automobile.

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