A l’été 2017, Volvo se profilait comme l’un des premiers constructeurs traditionnels à s’engager dans l’électrification. L’automne dernier, les Suédois présentaient le XC40 Recharge, leur premier véhicule entièrement électrique. Son arrivée sur le marché est prévue pour cette année. D’autres modèles devraient suivre, à raison d’un par année, jusqu’en 2025.
Volvo s’attend à ce que les hybrides rechargeables représentent 20% de ses ventes en 2020 déjà. La marque suédoise prévoit que la moitié des ventes mondiales sera réalisée, en 2025, par les modèles électriques. Une vague verte qui ne pourra que réjouir la compatriote de Volvo, la militante écologiste Greta Thunberg.
Le cauchemar de Greta
Ces ambitions écologiques ne sont encore que partielles aujourd’hui. «Comment osez-vous?», lancerait sans doute Greta après un tour en Volvo S60 Polestar. La berline premium, mise au point par la filiale Polestar Engineered, est une gourmandise joliment emballée. Elle accepte bien volontiers l’allure de la promenade ou de hausser le ton. Sa mécanique le permet en tout cas, puisque la suédoise peut compter sur 405 ch au total, dont 318 ch qui émanent d’un 4-cylindres deux litres turbo et 87 ch qui proviennent d’un moteur électrique placé sur l’essieu arrière. Grâce à son couple maximal de 670 Nm, il ne faut à cette S60 que 4,6 secondes pour atteindre les 100 km/h. Cependant, cette noblesse sportive vous met vite en porte-à-faux avec le crédo d’une meilleure préservation possible de l’environnement. En roulant ainsi, les légumes ne seront pas plus verts, difficile de trouver un équilibre au milieu de cela.
Bien que la Volvo S60 Polestar soit une hybride rechargeable, la propulsion électrique arrive trop vite au bout de ses capacités, comme nous le découvrons sur la route d’un festin dominical. Batterie entièrement rechargée, nous partons de Berne pour rejoindre Sumiswald dans l’Emmental, en empruntant principalement l’autoroute et la route cantonale. Sur le chemin du retour en repassant par Thoune, un témoin nous indique que la batterie de la Volvo S60 est vide, après environ 130 kilomètres effectués en mode hybride, qui se désactive. Le mode de conduite Pure (électrique) n’est évidemment plus non plus opérationnel. La batterie ne se régénère que peu, même si l’on adopte un style de conduite approprié. Il faut donc commuter sur Allrad, Power (mode sport) ou Individual (configurable).
Consommation, une question de batterie
Sur le cycle standard RA long de 120 km, la consommation en mode hybride est ressortie à 5,5 l d’essence et 8,6 kWh de courant. Respectable dans l’absolu, ce relevé soulève quand même une interrogation: que se passe-t-il lorsque la batterie, pas gigantesque (capacité de 11,6 kWh) sous le plancher des places arrière est vide? Et bien, la sanction est immédiate: la voiture de deux tonnes avale alors aisément plus de 10 litres de carburant aux 100 km. Selon Volvo, batterie pleine, la S60 Polestar est en mesure de parcourir 53 kilomètres en mode purement électrique. Suffisant donc pour les trajets quotidiens de M. et Mme Tout-le-monde, estimés à 30 km par l’Office fédéral de la statistique. Vu sous cet angle, le jeu de l’hybride rechargeable en vaut la chandelle.
Tout sauf désagréable
Toutefois, ce serait ingrat de réduire la belle suédoise à ses seules facultés à rouler de façon écolo. Et ce n’est pas parce que Greta lui cherche des poux dans la tête qu’il faut tout ramener au bilan énergétique. La S60 Polestar est aussi séduisante dehors que derrière le volant. Nous avons déjà décrit l’élégance sportive de la troisième génération de S60 dans l’essai de la version essence T5 (RA 26/2019). La seule faille observée sur notre voiture – peut-être une présérie – concerne les interstices irréguliers au niveau du capot et de la boîte à gant. Par rapport à la S60 classique, la Polestar brille par un surcroît de puissance, de confort et de plaisir de conduite. Brillant est un qualificatif qui colle bien pour désigner – littéralement – les nombreux éléments dorés distinctifs propres à Polestar, la division sportive de la marque, née dans les années 90, en compétition automobile.
Touches dorées
Des étriers de frein Brembo couleur or font le show derrière les jantes forgées. A l’avant, leurs six pistons mordent des disques ventilés de 371 mm, capables de puissants ralentissements. Les dorures s’étendent aux ceintures de sécurité, pas franchement discrètes, et aux amortisseurs réglables Öhlins. A ce propos, les suspensions se veulent sportives, mais le confort est préservé. Quand on vous dit que la technologie vaut de l’or! L’habitacle est un régal pour les yeux, à commencer par les sièges sport Contour noirs, tendus en grande partie de cuir, au même titre que le volant. Le tableau de bord numérique de 12,3 pouces et la console centrale, traités en noir, sont garnis d’un décor en mailles d’aluminium.
Ne faire qu’un avec la voiture
A peine s’est-on glissé tout au fond des sièges que l’on a déjà l’impression de faire corps avec la voiture, d’en savourer chaque détail. Sans exagération! Il faut dire que la réputation de la marque suédoise en matière de sécurité concourt à ce sentiment de confiance. «C’est super, mais aussi un peu inquiétant», confie le passager d’un jour, lorsque le conducteur lâche, d’un coup, le volant et les pédales sur l’autoroute, à 120 km/h! On s’en remet alors pour un court instant aux divers programmes d’assistance apportés notamment par le pack Intellisafe Pro à Fr. 2000.–. Consciencieuses, les puces mises au point par les ingénieurs suédois nous exhortent à reprendre rapidement les commandes, et de manière plutôt sonore. Les fonctions et instruments sont clairement disposés à l’instar de l’infodivertissement (paquet Sensus Connect avec Premium Sound signé Harman/Kardon) relié à l’écran tactile de 9 pouces en forme de tablette.
Si vous n’avez pas le goût de tâtonner sur l’écran, vous pouvez aussi activer la commande vocale via une touche au volant. Mais nos quelques tentatives se sont soldées par des échecs et de l’énervement au bout du compte. Dicter une commande à l’écran et ajouter une adresse n’a rien de très spectaculaire, sauf s’il faut la répéter en haussant la voix. Et puis, d’accord, la Volvo S60 Polestar est un bel objet à protéger, mais faut-il vraiment que les capteurs de proximité signalent l’obstacle avec autant d’anticipation et d’empressement? Pas de quoi nous faire changer d’avis: on oserait bien tenter le pari de cette Volvo S60 Polestar.
Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures de la Revue Automobile dans l’édition imprimée du journal.