Archétypes des véhicules «libres», les camping-cars sont la promesse d’escapades inattendues et infinies. Ces échappées qu’ils autorisent leur valent d’ailleurs d’être épargnés par la frénésie environnementale qui fait rage au sein des «bien-pensants», y compris la jeune génération qui n’aspire étonnamment qu’à une seule chose: restaurer, voire réaménager, un vieux motor-home avant de partir «faire un tour du monde» ou, à tout le moins, d’un continent, et ce pour une durée déterminée parfois, indéterminée souvent.
Le Canada
Destination de prédilection de cette jeunesse heureuse: l’Amérique du Nord, plus particulièrement, le Canada, où les immenses étendues de végétation invitent à l’introspection. A un certain retour aux valeurs fondamentales aussi: ici, on vit d’air pur et d’eau fraîche, en communion avec la nature. Bref, le bonheur sans artifices. C’est justement pour vous faire goûter à ces petits plaisirs de la vie que Volkswagen conviait photographes et journalistes outre-Atlantique, à l’est du Canada, en Nouvelle-Ecosse. Récit.
Le «Grand Nord Blanc»
Premières impressions à l’heure de poser le pied sur le territoire du «Grand Nord Blanc»: l’immensité! Ici, elle se manifeste en toutes choses: villes, champs, routes, autoroutes, terrains, maisons. Au Canada, tout est de deux à trois fois plus grand qu’en Europe. Un contraste qui permet sans aucun doute d’expliquer la taille des voitures emmenées par les autochtones, la plupart consistant en de monstrueux «trucks» (pick-ups) américains — ici, les Chevrolet Silverado, Ford F-150 et Dodge Ram règnent sans partage. Bref, au Canada, l’automobile peut se prévaloir de suffisamment d’espace pour s’épanouir comme il se doit. Mieux, elle reste un outil indispensable pour quiconque cherche à se déplacer dans ce pays à la superficie grande comme 240 fois la Suisse.
«Machines à Roadtrips»
Reste que si Volkswagen a organisé un événement en Nouvelle-Ecosse, ce n’était pas pour dévoiler un nouveau pick-up, mais bien pour lancer la dernière mouture de la version habitée de son Transporter, le California 6.1. Paradoxalement, «le California n’est pas commercialisé en Amérique», nous explique-t-on en substance chez Volkswagen. C’est que la concurrence y est trop rude. Enfin, surtout, les Nord-Américains lui préfèrent les grands camping-cars pourvus de tout le confort nécessaire, comme une vraie cuisine ou encore une salle d’eau. Le California, lui, est davantage une machine à roadtrips, c’est-à-dire que là où les plus gros gabarits se posent pour quelques jours sur des emplacements de camping dédiés, lui a été conçu pour bouger sans cesse.
Voyage itinérant
Par conséquent, le voyage de trois jours au Canada est forcément itinérant: de l’aéroport d’Halifax, où la firme de Wolfsbourg nous a remis la clé d’un California bi-ton, nous nous sommes rendus au «Blomidon National Park», sur les rives du bassin des Minas, de l’autre côté de la presqu’île «Nova Scotia», afin d’établir notre campement pour la soirée. Arrivés tôt sur place, nous aurons le temps de nous familiariser avec l’engin, d’en découvrir toutes ses innovations, ainsi que d’installer la table et les deux chaises amovibles, en plus de déployer l’auvent et la tente de toit. Un exercice qui, répété à deux ou trois reprises, ne prendra finalement pas plus de cinq minutes.
Au-dessus ou en-dessous?
«Tu ne vas quand même pas dormir sur le toit?», nous lance l’un de nos collègues. Après lui avoir fait comprendre ma ferme intention d’essayer le lit supérieur, il me répond: «Il va faire cinq degrés cette nuit. Tu vas cailler! Moi, je dors bien au chaud dans la cabine, sur la banquette dépliable». Il est vrai qu’après avoir passé quelques dizaines de minutes au premier étage, nous ne pouvons que nous résigner: nous allons mourir congelés! Bien que très performant en plus d’être commandable via une interface ultra aboutie, le sytème de chauffage ne permet pas de combler totalement la déperdition de chaleur au niveau de la toile de tente. Aussi, c’est décidé, nous passerons notre première nuit en bas, dans l’habitacle. Trop chaud, puis trop froid, puis trop chaud: nous chipoterons aux commandes toute la nuit avant de trouver, vers 6 heures du matin, les bons réglages. Trop tard: la voix est déjà enrouée, le rhume mettra deux jours à apparaître. Peu importe, le voyage est trop beau pour que la maladie naissante ne vienne le gâcher. En l’occurrence, le deuxième jour, notre itinéraire nous fait passer par Hall’s Harbour et Port George, avant une pause déjeuner au fort de Port, un haut lieu de la colonisation française et britannique.
Bureau mobile
Car c’est avant tout pour faire découvrir à ses occupants les régions traversées que le California a été développé. Après une deuxième journée longue de 318 km, nous arriverons au campement en début de soirée. L’occasion de répéter le rituel d’installation de la veille, en plus de mettre en place les stores occultants devant les fenêtres. Voilà qui transforme le California en un véritable cocon! Mais ce n’est pas encore l’heure de dormir: table intérieure déployée, le California est sans aucun doute l’un des bureaux mobiles les plus pratiques, puisque tout à la fois confortable et fonctionnel (prise 220 V située sous le siège passager notamment). Et quelle vue! A noter que, lorsque les deux fauteuils avant sont retournés, la table à manger peut accueillir quatre, voire cinq personnes. Après une seconde nuit durant laquelle nous dormirons comme un bébé (une fois compris, les réglages sont en effet très faciles d’utilisation), il est déjà temps de reprendre le chemin du retour vers Halifax et son aéroport, non sans faire un dernier détour pour admirer le petit village de pêcheurs de Peggy’s Cove et son phare typique, lieu tristement célèbre de l’histoire aéronautique suisse: le 2 septembre 1998, à quelques dizaines de kilomètres de là, les 229 passagers du vol «111 Swissair» perdaient la vie. Hommage.