La philosophie de la Bonneville T100 se perçoit dès les premiers tours de roues au guidon de l’engin. Sur la Triumph, on ne roule pas le couteau entre les dents, on se balade. Effectivement, une fois la «Bonnie» enfourchée, la vitesse maximale devient le cadet de vos soucis. Quelques kilomètres plus loin, on comprend pourquoi elle peut se passer de vignette autoroutière. La Triumph Bonneville T100, dont le design rappelle immanquablement celui de la légendaire Bonneville de 1959, ne fait pas une fixation sur la vitesse. Elle s’adresse plutôt aux épicuriens, aux bons vivants, qui préfèrent se la couler douce. En effet, l’anglaise apprécie autant les larges routes de campagne que les petits virages sinueux.
Stationnée dans l’un des nombreux villages qui parsèment notre parcours d’essai, la moto attire immanquablement les regards. Et les questions. A tel point que l’on finit par s’habituer à ressasser plusieurs fois par jour le nom exact de la moto. «Non, ce n’est pas une ancienne», répéterons-nous inlassablement. Les autres, les plus taiseux – ou tout simplement les plus timides –, admirent en silence les nouveautés étrennées par la Bonneville. Il est vrai que des changements, la deux-roues n’en manque guère, à l’instar du carénage en aluminium brossé, des deux double silencieux d’échappement chromés et des traditionnels emblèmes Triumph, pour n’en citer que quelques-uns.
Point de fioritures
Sur le plan technique, Triumph n’a pas réinventé la roue: la Bonneville conserve les atouts qui ont fait d’elle un objet intemporel. Bien évidemment, la moto profite de certains gadgets issus du 21e siècle comme les poignées chauffantes, l’affichage numérique de la vitesse, l’ABS (obligatoire) ainsi que le contrôle de motricité. La britannique est propulsée par un bicylindre de 900 cm³ de 48 ch, calé à 270°, simple arbre à cames, 8 soupapes, à refroidissement liquide et injection électronique séquentielle multipoint. Pour ceux qui en veulent plus, il existe également une version non bridée de 55 ch. Le couple est dans les deux cas de 80 Nm à 3230 tr/min. Avec son réservoir de 14,5 l et une consommation d’environ 4,2 l/100 km (selon nos propres mesures), on peut avaler les kilomètres sans se soucier de la distance qu’il reste à parcourir jusqu’à la prochaine station-service. Mais tous ces points forts ne doivent pas nous aveugler sur les défauts: s’il fallait corriger quelque chose sur la Bonneville T100, ce serait incontestablement les freins. En effet, malgré sa conduite relativement zen, l’anglaise ne met pas le motard très en confiance lors des décélérations soudaines. Reste que les passionnés fermeront les yeux sur ce petit défaut et profiteront de l’agrément de conduite.
Une légende à un prix d’ami
Avec son poids de 213 kg, la moto de 48 ch fait vite mentir cette faible valeur; à l’issue des deux premiers jours d’essai, nous avons ressorti ses caractéristiques techniques de sous la selle pour contrôler que nous conduisions bel et bien la variante de 35 kW (48 ch) et non la plus puissante des deux. Ainsi, si vous préférez les «classiques» aux sportives, et que votre permis de conduire vous limite à la catégorie A, il ne fait aucun doute que la Bonneville pourrait bien être l’un des meilleurs choix du moment. En Suisse, la Bonneville T100 débute à 11 900 francs. Le terme «débute» a son importance car, avec plus de 150 cases à cocher, la liste des options chez Triumph aurait de quoi faire rougir n’importe quel configurateur de marque automobile premium. En outre, il faut préciser que la moto est personnalisable de A à Z.
Vous êtes un fan de motos au look traditionnel, mais vous souhaitez malgré tout profiter d’un certain confort offert par la technique moderne? Vous n’êtes pas un accro de la zone rouge, mais un épicurien qui apprécie plutôt les longues balades reposantes? Eh bien, il semblerait que la Bonneville T100 soit exactement la monture qu’il vous faut.
Quand un chien et sa maîtresse se ressemblent
Il y a quelques années, j’avais un chien, un petit épagneul au long pelage bouclé. Je trouvais amusant et compréhensible qu’on me dise qu’il m’allait bien, car nous avions la même «chevelure». Mais quand on me dit aujourd’hui que la moto que je chevauche me va comme un gant, je me demande parfois ce que je peux bien avoir en commun avec certaines de ces bécanes. En effet, on m’adresse le compliment, que je sois au guidon de motos aussi différentes que les Suzuki SV650, BMW F900R ou Triumph Bonneville T100. Est-ce dû aux chaussures à semelles en caoutchouc que je porte la plupart du temps, moi qui ai horreur des inconfortables «high heels»? Ou bien est-ce tout simplement la joie et l’enthousiasme que je ressens dès que je monte sur une moto pour la première fois? Car c’est exactement cet aspect qui se renouvelle: mon enthousiasme à découvrir chaque moto. Lorsque je me suis assise pour la toute première fois sur une moto, il y a des années – il s’agissait d’une KTM Duke 390 – j’ai eu le coup de foudre. Je me suis dite immédiatement qu’elle était la moto de mes rêves. Je me suis sentie comme un poisson dans l’eau. Un peu plus tard, j’avais tout juste 18 ans, j’ai eu l’opportunité de tester une Yamaha R3 – et, aussitôt, j’ai eu le même sentiment. Et la même chose s’est reproduite avec une ribambelle de motos en tous genres. Seule exception, un scooter, qui ne m’a pas provoqué le même plaisir. Mais, on le sait, le scooter n’est pas considéré comme une moto par de nombreux observateurs. En fin de compte, l’an dernier, je me suis acheté ma première moto bien à moi, une Suzuki SV650; j’ai pourtant longtemps été persuadée que ma première moto serait une Yamaha MT-07. Puis, j’ai déjà eu le plaisir de tester cette année la BMW F900R et, tout récemment, la Triumph Bonneville T100. Avec cette dernière, je l’ai su au premier coup d’œil: la moto m’intéresse certes, mais les café-racers ne sont pas «mon genre». A moins que… A l’issue de ce test de deux semaines, je n’en suis plus aussi sûre. En effet, avec toutes ces motos, j’ai compris une chose: même s’il existe plusieurs façons de rouler en moto, peu importe au final la marque, le type de bécane, le style de conduite et le revêtement routier, les deux-roues ont toutes un point commun: toutes ou presque nous gratifient de sensations de conduite, de liberté et de plaisir sans limite.