La bonne architecture

HYBRIDATION Avec sa chaîne cinématique hybride à l’avant et son moteur électrique à l’arrière, le 3008 Hybrid4 brille avec une solution intelligente.

Si le secteur automobile est en pleine crise, il est tout de même un Groupe qui semble mieux s’en sortir que les autres. Cette entreprise, c’est PSA. Alors qu’en mai dernier, le Président français Emmanuel Macron assortissait son plan de relance pour la filière automobile d’obligations de relocalisations à l’intérieur de son pays, Carlos Tavares, l’emblématique mais discret patron du fleuron français, lui, faisait fi de toute demande d’aide. En outre, dans un véritable pied de nez à Renault, il annonçait que la prochaine (et troisième) génération de 3008 continuera d’être assemblée en France, à Sochaux.

Si le style de ce futur SUV reste pour l’heure un mystère, la partie technique, en revanche, a déjà livré quelques-uns de ses secrets. En l’occurrence, PSA a fait savoir que sa plateforme sera dite multi-énergies, c’est-à-dire que non seulement elle pourra recevoir des groupes motopropulseurs thermiques, mais aussi électrique, hybride léger et hybride rechargeable. Pour l’heure, la plateforme EMP2 utilisée par l’actuel 3008 ne propose effectivement guère de variante totalement électrique dans son catalogue. En revanche, proposition unique dans le segment, elle peut se targuer d’offrir deux modèles hybrides différents.

Esthétiquement, la version Hybrid4 est difficile à différencier de ses sœurs thermiques. Tout au plus la version écoresponsable étrenne-t-elle un logo spécifique sur ses flancs et son hayon arrière.

Hybrid & Hybrid4
Il y a tout d’abord le 3008 Hybrid «standard». Traction stricte, il offre une puissance de 225 ch grâce à l’utilisation d’un 4-cylindres essence 1.6 PureTech de 180 ch et d’une machine électrique de 110 ch. Disposée entre la boîte de vitesses et le moteur thermique (c’est à dire de manière parallèle), cette dernière permet, à elle seule, d’entraîner les roues, Peugeot ayant disposé un embrayage on/off entre les deux moteurs. A noter que l’équipementier Aisin a développé, pour cette voiture, une nouvelle version de sa boîte automatique à 8 rapports. Baptisée «e-EAT8», elle remplace son convertisseur de couple classique par un embrayage multidisque à bain d’huile. Une astuce qui permet de transférer 60 Nm de couple supplémentaire aux roues avant.

Parallèlement à cette première version, Peugeot a également décliné le 3008 dans une variante plus haut de gamme, l’Hybrid4. Profitant d’une architecture inédite, le 3008 Hybrid4 permet à Peugeot de se réconcilier avec les amateurs de transmission intégrale puisque, comme son nom l’indique, l’Hybrid4 est un véhicule 4×4. En effet, en plus de la chaîne cinématique du train avant identique à celle de la version «Hybrid» standard sinon le moteur thermique de 200 ch qui prend position en lieu et place du bloc de 180 ch, les ingénieurs PSA ont ajouté, sur le train arrière, une seconde machine électrique dont la puissance est de 113 ch. Ainsi, le 3008 Hybrid4 possède trois moteurs au total, un thermique et deux électriques. Combinée, cette armada permet au SUV de développer pas moins de 520 Nm et 300 ch. Un chiffre qui fait du 3008 Hybrid4 le Peugeot de série le plus puissant de l’histoire.

Batterie de 13,2 kWh
Bien entendu, l’Hybrid4 dispose d’une batterie à la capacité suffisamment importante (13,2 kWh) pour rouler en mode purement électrique. Durant 59 kilomètres selon le cycle WLTP. En conditions réelles, nous étions plus proches des 45-50 km. Une valeur amplement suffisante pour couvrir la plus grande majorité de nos déplacements quotidiens. D’autant plus que ce mode purement électrique permet de rouler sur autoroute jusqu’à 135 km/h. Bien entendu, le 4×4 profite d’un inédit système de freinage électrique avec fonction de régénération via les deux machines électriques (qui ne fonctionnent alors plus en mode moteur, mais bien en mode générateur). A noter que ce freinage est modulable par le biais du sélecteur de la boîte de vitesses automatique. Ainsi, en passant du mode  «D» (pour Drive) au mode «B» (pour Brake), il est possible de faire fi de la pédale de frein dans bien des situations. En outre, ce mode permet de récupérer une quantité non négligeable d’énergie. Ce que nous avons pu constater lors de la descente d’un col de montagne en Valais ou encore sur la rampe autoroutière de l’A12, entre Châtel-Saint-Denis et Vevey. Relativement gratifiant à l’usage puisque, dans les deux cas, cela nous a permis de rouler plusieurs kilomètres «gratuitement».

Ce n’est pas là la seule spécificité du modèle hybride. Effectivement, Peugeot n’a, semble-t-il, pas lésiné sur le développement du software hybride, le SUV disposant, entre autres, d’un mode «e-Save» permettant au conducteur de préserver la réserve d’énergie électrique. Utile, notamment lorsqu’il s’agit d’anticiper une zone de circulation restreinte. En outre, le 3008 propose un mode «Charge» capable de recharger la batterie par le biais du moteur thermique, en roulant. Un mode qu’il faudra à tout prix éviter d’enclencher, sous peine de voir sa consommation de carburant exploser. A propos de consommation, nous avons relevé une valeur de 7,1 l/100 km au cours de notre essai. Ce qui n’est pas la panacée. Il faut dire que nous avons été amené à couvrir de longues distances durant notre essai, sans avoir l’occasion de recharge les batteries donc. Voilà qui permet d’expliquer les deux litres de différence obtenus au terme du parcours standard RA (5,1 l/100km).

A l’intérieur, Le Peugeot 3008 Hybrid4 profite d’un habitacle pour le moins original. Globalement, la finition n’est pas mauvaise, mais il faut tout de même préciser qu’elle reste perfectible à certains endroits comme au niveau des palettes au volant ou de la boîte à gants. Dans le coffre, le volume sous le plancher est empiété.

Train arrière spécifique
Avec une surcharge pondérale de plus de 300 kg (1965 kg), le 3008 Hybrid4 ne part pas gagnant. Effectivement, au volant, dans les sinueux, cet embonpoint se sent. D’autant plus que Peugeot a sciemment conservé un tarage de suspension relativement confortable. «Trop confortable, eu égard à la puissance», diront certains essayeurs. Non sans raison; malgré un essieu arrière multibras en lieu et place de la traverse déformable embarquée par les versions entièrement thermiques ainsi qu’un châssis plus rigide (grâce à une technique de soudo-collage), le 3008 Hybrid4 n’est pas totalement dénué de roulis, ni de tangage. Le constat est plus gai en ligne droite, où le 3008 semble aussi léger qu’une plume, le SUV écoresponsable ne demandant que 6,3 s pour réaliser l’exercice du 0 à 100 km/h, selon nos propres mesures.

A l’intérieur, si l’i-cockpit n’est, certes, pas au goût de tous, il est indéniable qu’il est le fruit d’un sacré bel effort stylistique. «De la poudre aux yeux», diront certaine personnes à la rédaction. Il est vrai que le Peugeot souffre d’un système d’infodivertissement un peu mollasson, avec une très mauvaise réactivité. En outre, le 3008 souffre ci et là de quelques défauts de finition. On pense notamment aux palettes aux volants ainsi qu’à la boîte à gants, dont les ajustements sont clairement perfectibles. Pour le reste, la plupart des plastiques sont moussés et certains matériaux peuvent même se targuer d’être «nobles». Caractérisé par une position de conduite surélevée, l’habitacle profite de belles mensurations, puisqu’aucune valeur n’a été empiétée par rapport aux versions thermiques. Même constat dans le coffre, où l’espace au-dessus du plancher a également été préservé avec un volume de chargement de près de 400 litres. Sous le plancher, en revanche, le 3008 Hybrid4 perd 125 litres par rapport aux versions thermiques en raison de la présence d’un second moteur électrique. Un faible prix à payer eu égard à ce que l’on obtient en contrepartie. 

VERDICT
Avec l’Hybrid4 doué d’une transmission intégrale et d’une puissance importante, Peugeot dispose enfin, dans son arsenal, d’une arme adéquate pour s’attaquer au marché suisse, que l’on sait très friand de 4×4 et de voitures puissantes. Et puis, avec sa double chaîne cinématique (l’une à l’avant et l’autre à l’arrière) et son architecture dénuée d’arbre de transmission, Peugeot semble avoir développé l’une des architectures les plus intéressantes de notre époque, puisqu’elle réussit la quadrature du cercle d’être tout à la fois écoresponsable, puissante et 4×4. Une prouesse qui se paie cash: comptez pas moins de 57 010 francs pour l’Hybrid4 de base.

Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée du journal.

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