Rien besoin de plus

BEST OF La 718 Cayman est l’entrée de gamme chez Porsche. Pourtant, dans cette version GT4, le plaisir est au niveau des meilleures GT de la marque.

Dans le microcosme Porsche, les 718 Cayman et Boxster sont parfois vues avec un peu condescendance par certains propriétaires de 911. Pour eux, les «vraies» Porsche débutent – et s’arrêtent aussi – avec la 911. Toutefois, nombreux sont ceux à s’être trompés après avoir sous-estimé plus petit que soi: les 718 disposent d’atouts que même sa majesté la 911 n’a pas. A commencer par un gabarit contenu et un moteur situé au bon endroit, au centre de l’auto, alors que la 911 doit composer avec son propulseur en porte-à-faux arrière. Puis, les six-cylindres à plat n’ont pas complètement disparu de la gamme 718, Porsche les ayant réservés aux GTS et GT4. Joie, ô joie, aucune trace de turbo sur ce 4-litres de 420 ch, la Cayman GT4 2019 comptant sur un «noble» moteur atmosphérique. 

Des soubassements de 911 GT3
L’anoblissement s’étend jusqu’aux trains roulants, que les ingénieurs de Zuffenhausen ont transvasé des 911 GT3: la 718 Cayman campe sur une assiette abaissée de 30 mm, des jambes de forces allégées (à l’arrière) et des amortisseurs inversés. Toutefois, les techniciens maison préfèrent souligner tout le travail réalisé sur l’aérodynamique, un nouvel extracteur ayant fait son apparition et l’aileron réglable permet de générer jusqu’à 122 kg d’appui aérodynamique à la vitesse maximale (304 km/h). Le résultat parle de lui-même: en arrêtant le chronomètre sur 7’28’’ au Nürburgring, la nouvelle Cayman GT4 tournerait 12 secondes plus vite que sa devancière de 2015. Et, accessoirement, quatre secondes plus vite que la légendaire Carrera GT (2004), pourtant équipée d’un V10 de 612 ch. Voilà qui en dit long sur la bonté du châssis de la «baby Porsche». 

Des exploits qui attisent l’impatience à retrouver la GT4. L’équilibre stupéfiant, les performances grisantes et le côté «sans filtre» de la toute première Cayman GT4 (lire RA 41/2015) nous avait fortement séduits. L’allemande avait ainsi fait une entrée fracassante dans le cœur des testeurs de l’époque. 

Lancée à vitesse maximale, la 718 Cayman GT4 peut compter sur 122 kg d’appui aérodynamique. 

Toujours aussi attirante
De prime abord, les retrouvailles débutent bien: la plastique belliqueuse de la Porsche, affublée de la panoplie de la parfaite pistarde – aileron, lame avant, prises d’air béantes – n’a pas pris une ride. Les amateurs de discrétion passeront leur chemin, mais l’aspect diablement râblé de la GT4 titille, on se languit de se glisser derrière le volant. Là, petite douche froide: l’habitacle accuse le poids des années. Le tunnel central constellé de touches, la résolution de l’écran d’infodivertissement et le concept d’ergonomie trahissent l’âge de la berlinette. La position de conduite, parfaite, est intemporelle; des sièges baquets à coque en carbone en option (+6510 Fr.) permettent d’abaisser un brin l’assise, mais vous privent du réglage du dossier. 

Bien enserrés dans le baquet, nous constatons que la qualité de fabrication et des assemblages rejoint les standards de la marque, si l’on fait exception des leviers situés derrière le volant, au plastique médiocre. Les espaces de rangements sont restreints, comme on s’y attend dans un habitacle aussi menu. Toutefois, ce cockpit confiné participe aussi du charme de la Cayman GT4: on s’y sent comme dans un cocon, où tous les éléments sont tournés vers le plaisir de conduite.

Un important travail a été fait sur les soubassements de l’auto, un extracteur a notamment fait son apparition. 
Quelques aspects trahissent l’âge de la Cayman, à l’instar de l’ergonomie reposant sur un grand nombre de boutons, ou l’écran d’infodivertissement, au graphisme légèrement vieilli. Quelques détails à part, la finition est remarquable. Notez les sangles de couleur à la place des poignées pour l’ouverture des portes. 

Les joies de l’atmo
Assez parlé, laissons désormais le six-cylindres à plat s’exprimer. Le 4-litres – qui dérive du 3.0 l de la 911 – prend la parole par un grognement sourd, prometteur pour la suite des événements. Et celle-ci arrive vite, très vite. Avec un 0 à 100 km/h expédié en 4,4 s, la 718 Cayman GT4 a les chiffres qui parlent pour elle. Toutefois, cette valeur ne dit rien dont la berlinette réalise cette performance, à commencer par la réactivité du moteur atmosphérique. La réponse immédiate aux sollicitations de l’accélérateur, dont tout moteur turbo ne peut que rêver, annule symboliquement la distance entre le propulseur et vous-même. Et pas seulement d’un point de vue symbolique puisque, le moteur, placé à quelques centimètres de vos oreilles, vous hurle tous ses états d’âme à mesure que le vilebrequin s’emballe. Fluide à bas régime, le flat-six rentre dans un accès de colère aux alentours de 4000 tr/min, où la poussée devient saisissante. Il explose dans un fracas métallique entre 5000 et 6800 tr/min, dynamité par les 420 Nm de couple maximum. Et, alors que l’on serait déjà en train de passer le rapport supérieur avec un propulseur turbo, le boxer de la Cayman GT4 poursuit sa ruade frénétique jusqu’à 8000 tr/min, en faiblissant à peine. Grisant et inimitable. Une réserve? Oui, on regrettera le niveau sonore légèrement effacé, en comparaison avec la GT4 de 2015. La faute revient aux deux filtres à particules exigés par les normes d’émissions polluantes. Puis, les performances n’ont progressé que peu, voire pas du tout, malgré les 35 chevaux supplémentaires. La consommation, elle, reste acceptable, eu égard aux performances. 

Toutefois, la principale critique concerne l’étagement de la boîte manuelle six vitesses. Les premiers rapports sont interminables (on atteint 137 km/h en 2e), ce qui pénalise fortement les relances dans les parcours sinueux. Pas étonnant que la GT4 avec boîte à double embrayage, qui bénéficie d’un 7e rapport, promette des accélérations bien supérieures (3,9 s sur le 0 à 100 km/h). Frustrant, car cet étagement raté de la transmission vous prive du plaisir de manier le petit bijou de précision qu’est le levier de la boîte manuelle.

Equilibre sensationnel
Cependant, on oublie ce défaut à l’instant où l’on jette la 718 Cayman GT4 dans les virages. Car c’est là que la «baby Porsche» montre son meilleur visage. Rarement comme sur la GT4, tous les éléments des trains roulants ont autant semblé en harmonie. Cela commence par la direction, à la précision hors normes et à l’excellent ressenti; cela continue grâce au freinage, puissant, parfaitement dosable et endurant. Cela se termine par le travail symbiotique des essieux avant et arrière, qui font entrer l’auto en courbe avec une précision chirurgicale, et la font ressortir avec une lesteté exemplaire. En d’autres termes, l’équilibre rejoint par la GT4 en courbe appartient au gratin automobile; peu de voitures vous mettent autant en confiance que l’allemande, la berlinette semblant se réajuster d’elle-même après une perte d’adhérence. 

Malgré un poids assez sensible (1420 kg), la GT4 enroule les virages de façon magistrale; l’agilité et le plaisir que vous procure la petite Porsche, est sans commune mesure avec celui d’une 911 de prix comparable. Cette dernière sera plus utilisable au quotidien, mais pas aussi excitante. Alors, pour nous, le choix est vite fait, tant pis pour les regards condescendants de certains conducteurs de 911. λ

Nous remercions le TCS Training & Loisirs pour le prêt de la piste de Lignières pour notre séance photo.

VERDICT
Peu d’automobiles ont autant fait l’unanimité que la Porsche 718 Cayman GT4 au sein de la rédaction. Son équilibre fabuleux, son caractère sans filtre, son agilité enthousiasmante et la sincérité de son moteur atmosphérique en font un joujou extrêmement attachant. La mouture 2019 de la Cayman GT4 a ainsi su garder l’esprit de sa devancière. Son prix, dès 121 700 francs (notre modèle d’essai atteignait 157 050 francs), la mettent face à une 911 Carrera de base. Faut-il prendre la «baby Porsche» extrême, ou plutôt une 911 entrée de gamme, pour la même somme? Bien sûr, la 911 sera plus polyvalente et s’adressera à un public plus mûr. Mais, sur le plan du plaisir de conduite, la 718 Cayman GT4 est l’une des Porsche les plus réussies qui soient. Ce qui en fait, de facto, l’une des voitures les plus désirables du marché.

Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée du journal.

1 Kommentar

  1. Bonjour,
    merci pour le compte-rendu de la 718 GT4.
    Vous aviez fait l essai de la 718 GT4 avec les mêmes qualités et défauts…Concernant l etagement de la boite,c est le même que les modèles 981,où aucune remarque n avait été formulée,je possède une Spyder 718,l etagement pour moi est presque parfait,si on veut sortir très fort d une épingle,on enclenche la première,ce qui permet de déposer tout ce qui suit,il suffit d être au bon régime selon la situation et le style de conduite,un magnifique véhicule…
    Merci pour vos essais.

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