La montagne choisira son roi

Il y a les courses de côte. Et puis, il y a Pikes Peak. A 4300 m d’altitude, l’air se raréfie. Ce qui n’empêche pas Roger Schnellmann de relever un défi d’«envergure».

Les frères Roman et Sebastian Köstli aux côtés de la Radical SR03.

Montagne située dans le Colorado, Pikes Peak est aux pilotes automobiles ce que le Cervin est aux alpinistes suisses. Ainsi, on ne s’y attaque pas sur un coup de tête. Et pour cause, Pikes Peak, c’est 19,9 km de long, 156 virages, plus de 1440 m de dénivelé positif et une pente moyenne de 7%, le tout pour une arrivée à 4300 m d’altitude. L’«Expédition Pikes Peak» est un défi humain, mécanique et financier. Roger Schnellmann (36 ans), l’un des meilleurs pilotes de course de côte européens, s’installera le 27 juin 2021 avec son commando, le Team Köstli Racing (de Wernetshausen ZH) au camp de base de la «Race to the Clouds».

REVUE AUTOMOBILE: Roger Schnellmann, sauf votre respect, êtes-vous devenu fou?

Roger Schnellmann: Bonne question (éclats de rire). Cette aventure est née d’un énorme enthousiasme, mais elle va de pair avec beaucoup de respect et de crainte face à l’ampleur du projet.

Comment en avez-vous même eu l’idée?

C’est un peu par hasard que les frères Roman et Sebastian Köstli m’ont contacté. Ils avaient entre leurs mains cette voiture transformée, une Radical SR03, mais pas de pilote pour la conduire. Dans un premier temps, j’ai d’abord cru qu’ils cherchaient simplement quelques informations sur la course de côte en général, mais ce n’était pas le cas.

Cherchaient-ils en fait un pilote?

Oui. Ils m’ont notamment demandé depuis combien de temps je pilotais ma Mitsubishi Lancer. Je leur ai dit que je conduisais toujours celle que je me suis achetée, il y a plus de quinze ans. Eh bien, les frères Köstli m’ont dit qu’ils voulaient faire Pikes Peak mais, surtout, arriver au sommet.

Une arrivée à 4300 mètres d’altitude, c’est quand même un sacré défi, non? Le moteur et le pilote sont-ils tous les deux en manque d’oxygène? 

Effectivement. Je sais que je dois me préparer à cette course. Ma forme n’est plus celle que j’avais lorsque je travaillais dans le bâtiment. Quant au moteur turbo, un Hayabusa 1.0, nous allons devoir lui donner du punch. Au départ, le moteur aura une puissance de 600 chevaux – mais, à l’arrivée, à cause de l’altitude et du manque d’oxygène, il aura perdu jusqu’à 70% de sa puissance.

J’imagine que vous n’avez pas encore parcouru le moindre kilomètre sur ce tracé de près de 20 km…

Pas encore! Mais avec Racing Fuel Academy, de Horgen, j’ai un partenaire qui a ce circuit dans son simulateur (il éclate de rire).

Cette aventure est-elle un défi financier?

Effectivement. Nous avons encore besoin de 100 000 francs pour boucler notre budget. C’est pourquoi nous avons lancé une collecte sur la plate-forme de financement participatif I Believe in You. Si nous ne parvenons pas à boucler notre budget d’ici à la fin février, eh bien, nous n’aurons pas d’autre choix que de reporter notre participation à l’année prochaine, date du centième anniversaire de cette légendaire course de côte.

C

Cela fait belle lurette que Roger Schnellmann rêve de Pikes Peak: «Aucune course de côte n’est aussi légendaire, aucune autre course de côte n’a autant marqué l’histoire.» Beaucoup de ses collègues suisses, à commencer par Philip Egli, Lukas Eugster, Simon Wüthrich ou encore Phillipp Krebs, sont eux aussi émerveillés par cette aventure: «Il mérite tout notre respect! Il a des c… – peut-être même trop, ce cinglé.» En visionnant la vidéo du record de Walter Röhrl en 1987, c’est inévitablement ce que l’on pense aussi de lui. Au volant de l’Audi Sport Quattro E2, le champion a terminé la course en un temps de 10’47’’850. A l’époque, la route n’était pas encore asphaltée. Nombreux sont les pilotes célèbres qui ont risqué leur vie pour disputer cette course de côte de légende, comme Ari Vatanen en 1988, au volant de sa Peugeot 405 Turbo 16. En 2013, lorsque Sébastien Loeb a battu son record au volant d’une Peugeot 208 T16, Vatanen a déclaré: «Je ne veux pas minimiser sa performance. Mais avant de prendre le départ, je me suis grillé une cigarette.» Quant à Romain Dumas, l’actuel détenteur du record, il ne fume pas. Au volant de la Volkswagen ID.R électrique, le Français est «monté au ciel» en 7’57’’148. Un nouveau record, avant le prochain…

1 Kommentar

  1. Evidement, dans Automobil Revue, on oublie les romands !
    Effectivement, Romains Dumas à réalisé le meilleur temps en 2018 avec un énorme budget financé par VW qui venait tout juste de se faire tirer les oreilles par le gouvernement Allemand à cause des moteurs truqués et VW avait besoin de redorer son blason en faisant un coup d’éclat avec une machine électrique. Mais en 2018, le 2ème est Simone Faggioli 8:37.230 avec la même voiture qu’un certain Fabien Bouduban termine 4 ème en 9:28.254.

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