Une autre «victoire» de l’automobile. On l’oublie parfois, mais la voiture est le moyen de transport individuel le plus sûr qui soit en Suisse, et les statistiques des accidents 2020 viennent le rappeler. Certes, en chiffres absolus, l’automobile compte le plus grand nombre de victimes, avec 71 tués, sur le total de 227 décès survenus à cause d’un accident de la route l’année dernière. Le fait que les victimes en voiture (+6) et totales (+30) aient augmenté entre 2019 et 2020 démontre que des efforts restent à faire (lire en page 6). Toutefois, si l’on rapporte le nombre de morts aux nombres de kilomètres parcourus, la perspective s’inverse. Selon les chiffres de 2019 – les valeurs de personnes-kilomètre pour 2020 ne sont pas encore connues – la voiture particulière déplore un tué tous les 1,5 milliards de kilomètres. A titre de comparaison, en 2019, un motocycliste perdait la vie tous les 67,9 millions de kilomètres, soit 22 fois plus!
Intéressons-nous maintenant aux vélos, vélos électriques (lents et rapides) et cyclomoteurs. Puisque les statistiques des accidents de la route ne distinguent pas les victimes des vélos électriques lents ou rapides, il nous faut établir une valeur mixte pour les vélos, e-bikes et cyclomoteurs. Il fallait ainsi déplorer en 2019 une victime roulant soit à vélo, e-bike ou cyclomoteur tous les 173 millions de km, ou 8,7 fois de plus qu’une personne roulant en voiture! En chiffres absolus, les statistiques de 2020 font état de 29 tués à vélo; en comparaison avec 2019, cela représente une triste augmentation de 88%, soit la plus forte péjoration sur deux ans, toutes catégories de transports confondues.
Alors, bien sûr, on voit bien les défenseurs de la petite reine venir, en nous affirmant que les cyclistes sont beaucoup moins bien protégés face aux accidents de la route, notamment lors d’un choc contre une voiture. Un argument valable, mais jusqu’à un certain point: sur les 29 cyclistes décédés sur les routes en 2020, «21 ont été eux-mêmes à l’origine de l’accident», clame le communiqué de l’Office fédéral des routes.
L’idée n’est pas ici d’opposer les moyens de transports – les automobilistes sont souvent aussi des cyclistes, selon les circonstances – mais de rappeler aux opposants farouches de la voiture que l’auto possède un très haut niveau de sécurité, pour la mobilité individuelle. Le mérite revient aux lois, aux normes de sécurité et aux progrès fulgurants réalisés par les constructeurs. De plus, n’oublions pas qu’en temps de pandémie, beaucoup de personnes ont été rassurés de se déplacer dans l’espace confiné représenté par leur habitacle. Alors, qui a dit que la voiture appartenait au passé?