Un bad boy attachant

L’Opel Mokka n’a plus rien à voir avec son prédécesseur. Son style bien affirmé, voire agressif, tranche avec un intérieur orienté vers la détente. Paradoxe réussi.

Il est loin le temps où Opel était la marque la plus vendue en Suisse. Elle réussissait à convaincre les Helvètes à la recherche de fiabilité, simplicité et discrétion. Peut-être est-ce la raison du problème, car d’autres critères guident le client. Parmi les plus importants, il y a le style et l’image que reflète le véhicule. Et du style, le Mokka en a à revendre!

Quel look!

Pour reprendre son destin en main, le constructeur allemand a donné davantage d’identité à ses autos. Comme nous vous l’annoncions dans notre premier contact avec les Mokka et Mokka-e (voir ici), ce SUV compact est la première Opel qui arbore le visage en un bloc nommé «Vizor», que reprendront tous les modèle de la marque. Un précurseur très «fashion»! Il tranche avec son prédécesseur: plus court et moins haut, mais avec un empattement quasi identique. Cela lui donne un air trapu qui fait son charme. 

Quel que soit l’angle sous lequel on le scrute, on perçoit un caractère bien affirmé, à mille lieues des productions fades que l’on a connues. La face avant l’assoit visuellement, avec des entrées d’air inclinées vers l’extérieur et le Vizor, ce masque noir regroupant les optiques acérées. Le regard créé avec les feux de jour participe à sa personnalité, lui conférant un petit côté «bad boy». Ces sourcils fins rendent la poupe tout aussi réussie que l’avant. Enfin de profil, son capot quasiment horizontal et son pare-brise peu incliné donnent une impression de robustesse. Les lignes assez massives ont demandé aux ingénieurs de plancher sur l’aérodynamique du véhicule pour lui éviter d’avoir un coefficient de pénétration dans l’air d’un bulldozer. Le résultat mérite les honneurs avec un score de 0,32 et une surface de 2,27 m2

Cela a été rendu possible notamment grâce à un volet qui, une fois fermé, redirige le flux d’air vers le dessus et les côtés plutôt que d’entrer dans le compartiment moteur. Autre astuce: les ouïes qui donnent cette prestance n’ont pas qu’un rôle esthétique. Elles créent un rideau d’air protégeant les roues et passages de roues des remous.

Du bon et du moins bon

La bonne surprise de la visite extérieure continue… différemment à l’intérieur. La planche de bord fait partie des éléments inédits étrennés par le Mokka. Baptisé «PurePanel», le dessin se veut épuré, simple d’utilisation, bref en un mot: relax. En effet, il est globalement plaisant avec sa barre noir brillant dans l’esprit de la face avant. Le tableau de bord numérique de 12’’ est complété par un écran tactile de 7’’ ou 10’’, dans le cas où l’on opte pour le pack «Multimedia Navi Pro». Ces deux dalles sont situées sur le même axe. Ainsi, celui du centre se con-sulte d’un coup d’œil et se manie très aisément du fait de son positionnement à portée de doigt et orienté légèrement vers le conducteur. 

Heureusement, toutes les fonctions ne se règlent pas uniquement par le biais de cet écran. Les boutons se limitent à l’essentiel, mais on a toujours tout ce dont on a besoin sous la main (dont les commandes de climatisation). Autre aspect reposant: n’espérez pas trouver ici des lumières d’ambiance dans tous les sens. On a la possibilité d’éteindre complètement l’écran central et la luminosité du combiné d’instrumentation dispose d’une molette dédiée afin de régler son intensité (15 crans!) pour rouler de nuit sans fatigue oculaire. On doit aussi louer la simplicité des modes d’affichage du combiné d’instrumentation. Contrairement à d’autres marques (notamment françaises, avec lesquelles Opel partage le système d’infodivertissement), il ne cherche pas à faire dans le spectaculaire. Aucune débauche d’informations et de couleurs criardes. C’est simple et lisible. Relax on vous dit!

Toujours au niveau du confort, mention spéciale pour les sièges également, qui offrent un sou-tien honnête et restent toujours agréables. Et heureusement, on verra plus tard pourquoi… Les passagers avant ont de la place; les genoux ne viennent pas buter contre la console ou la portière. Au même titre, la garde au toit laisse beaucoup de place, aux places avant tout du moins. 

Or, en tant que véhicule «utilitaire», il convient également d’examiner la partie arrière. Ainsi, les occupants relégués au second rang ne sont pas mal lotis, à condition d’être ni trop gros, ni trop grands. Effectivement, ceux qui dépassent 1,80 m trouveront la garde au toit trop juste. De plus, les attaches de ceintures sont étroites: il faut garder la ligne! Quant à la place centrale, elle est quasiment inutilisable. Le Mokka étant un SUV compact, il ne faut pas s’attendre à pouvoir charger plus de 350 l (1105 l au maximum), ce qui est toutefois plutôt maigre. Le dossier de la banquette se rabat en deux parties et il n’y a pas de tirettes pour les faire basculer depuis le coffre: service minimum! Rien de bien grave, comme le haut du dossier est atteignable depuis le coffre, on peut plier la banquette facilement. Toutefois, le plancher ne sera pas tout à fait plat. Plus gênant, le seuil de chargement demeure trop élevé (78 cm). Lumbago quasi assuré en cas de lourdes marchandises à charger!

Qualité pas toujours équilibrée

Malgré tous ces bons points, quelques critiques se dessinent. Bien que la finition soit plutôt bonne, les matériaux ne brillent pas par leur qualité. On a droit à du plastique dur à tous les niveaux (même supérieurs). En rabattant le dossier de la banquette, on constate des garnitures plastiques mal alignées et une moquette mal ajustée. Côté finition, c’est un détail, mais les portières avant viennent frotter contre de l’isolant situé dans les ailes lorsqu’on les ouvre ou les ferme. En outre, la forme du repose-pied conducteur ne permet pas de poser correctement des pieds normaux (les Allemands ne sont pourtant pas réputés pour être des demi-portions!). Cela dit, compte tenu du prix, il n’y a pas à se plaindre.

Question de philosophie

Concernant les dessous, ils sont connus. Il s’agit du trois-cylindres 1,2 l de 130 ch que l’on retrouve sous le capot du Peugeot 2008 par exemple. La boîte automatique à 8 rapports n’a rien d’inédit non plus. A leur décharge, il faut reconnaître qu’ils fonctionnent efficacement et sont faits l’un pour l’autre! Heureusement pour ceux qui le souhaitent, ce moteur peut fonctionner avec une boîte manuelle à 6 vitesses (c’est d’ailleurs la seule transmission montée avec la version de 100 ch de ce moteur ainsi que le quatre-cylindres diesel 1,5l de 110 ch). Mais concentrons-nous sur notre version d’essai. 

Soyons francs d’entrée de jeu: ce groupe motopropulseur n’hérisse pas le poil. Le caractère n’étant pas son principal atout, il faut chercher ses points forts ailleurs. Par exemple, il fait preuve de douceur en milieu urbain et il se révèle plutôt silencieux. Sur l’autoroute, il fait preuve d’une relative vivacité, dans le sens où les reprises ne sont pas trop lentes. Le kick-down peut faire tomber 4 rapports d’un coup pour permettre des dépassements corrects. L’agréable boîte automatique maintient constamment un régime oscillant autour des 2000 tr/min pour une bonne souplesse de conduite. Le tableau est donc globalement satisfaisant, d’autant plus que la consommation n’avait rien d’exagéré. En effet, le Mokka s’est contenté en moyenne de 4,4 l/100 km/h lors du parcours standardisé RA. 

On l’aura compris, le Mokka ne mise pas sur la sportivité; il préfère mettre l’accent sur un con-fort teinté d’un brin de dynamisme. Les trains roulants du groupe brillent par leur toucher de route (le concurrent Peugeot restant devant dans ce domaine) et les mouvements de caisse sont limités. Le principal inconvénient du SUV allemand par rapport au français réside dans sa fermeté. Les aspérités de la route se ressentent nettement à bord. Comparé à la précédente mouture, Opel a réduit son poids de 120 kg et rigidifié le châssis pour lui donner plus d’agilité. Un choix qui ne convient pas vraiment à la philosophie de ce modèle, qui doit certes être plaisant à mener, mais pas au prix d’une suspension trop sèche et à la limite du désagréable.

Des lumières intelligentes

Ce serait effectivement dommage de gâcher son plaisir, car le Mokka sait en donner, notamment grâce à sa panoplie très complète. Les aides à la conduite, telles le régulateur de vitesse adaptatif, l’aide au maintien de voie ou encore l’avertisseur d’angle mort permettent des voyages plus sereins. Tout n’est pas encore entièrement au point, comme des panneaux pas toujours bien détectés, mais dans l’ensemble, ces aides fonctionnent de manière convenable. La richesse de l’équipement figure en haut des points forts du Mokka, dont certains sont rares pour une auto du segment B. Parmi eux, citons l’alerte de collision (avec détection de piéton), le freinage d’urgence automatique et aussi les phares à LED matriciels, dénommés «IntelliLux» chez Opel. Cette technologie, actuellement réservée au haut de gamme, permet de rouler avec les feux de route en permanence, car le faisceau évite les voitures qui se trouvent en face. D’autres équipements de confort plus courants, comme les sièges chauffants ou la recharge par induction du smartphone font partie du lot.

Combien coûte cette somme de qualités? Pas tant que ça. Le prix de base débute à 24490 Fr. Bien sûr, certains éléments constitutifs de son charme et sa modernité manquent alors à l’appel (jantes de 18″ ou les excellents phares matrix LED). Avec des tarifs compétitifs, une palette de motorisations variée (l’essai de la version électrique suivra bientôt), un style empreint d’une forte personnalité et une foule d’équipements, le Mokka a toutes les raisons d’incarner l’espoir du renouveau de la marque de Rüsselsheim.

RÉSULTATS

Note de la rédaction 76.5/100

moteur-boîte

Le groupe propulseur provient de la banque de pièces de Stellantis. Il manque de caractère, mais il fonctionne efficacement. 

trains roulants

Côté châssis aussi, on a affaire à une plateforme connue, la CMP que le Mokka partage avec ses cousins français. L’auto est assez vive, au détriment du confort. L’amortissement pourrait être moins raide. 

Habitacle

La planche de bord épurée détend le conducteur. Les informations et la présentation sont minimalistes et c’est un avantage. Des boutons sont conservés et tout tombe bien sous la main.

Sécurité

Opel n’a pas lésiné avec les aides à la conduites. Elles sont nombreuses à être de série et dans l’ensemble, leur fonctionnement est satisfaisant. Les phares matrix LED en option étonnent à ce niveau de gamme.

Budget

Etant donné l’équipement très fourni, on en a pour son argent avec le nouveau Mokka. Et son trois-cylindres n’est pas très gourmand en essence.

Verdict 

Le Mokka a presque tout pour plaire. Son style moderne et attirant le démarque de ses concurrents. En outre, il dispose de beaucoup de technologies pour un prix compétitif. Cependant, la place vient à manquer à l’arrière et la suspension aurait pu être plus agréable. Le segment B devra désormais compter avec un nouveau venu très prometteur.

Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

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