Le Rallye international du Valais (RIV) est une épreuve de longue haleine. Disputé sur 16 spéciales et 190 km, il voit ses concurrents lutter trois jours durant, avec environ deux heures de pilotage au total. Généralement, ce laps de temps suffit amplement à départager les concurrents, et ce bien avant qu’ils ne franchissent la ligne d’arrivée. Néanmoins, il arrive parfois que le suspense dure jusqu’à la dernière seconde. Pour le bonheur des nombreux spectateurs venus assister au RIV 2021, c’était le cas.
Et pas qu’un peu, puisque deux secondes et deux dixièmes seulement séparaient Mike Coppens et Christophe Roux (Škoda Fabia) de leurs poursuivants, Michael Burri et Fabrice Gordon (Volkswagen Polo GTI), avant le départ de la seizième et ultime spéciale du Rallye du Valais 2021. Dans le petit village valaisan de Nax, check-point final de l’épreuve, la tension était donc à son paroxysme. Parmi les spectateurs présents figurait le vainqueur du RIV 2019, un certain Olivier Burri, le père de Michael. Invité par les organisateurs à conduire l’une des ouvreuses, une Toyota Yaris GR4 de série plus ou moins préparée, Burri père passait logiquement la ligne d’arrivée du rallye avant les concurrents de la catégorie «moderne». A peine son bolide était-il garé que le célèbre pilote suisse revenait sur ses pas, s’élançant à pied sur le bitume de la spéciale. Son objectif: chronométrer l’écart entre Mike Coppens et son fils, Michael. Rapidement rappelé à l’ordre par les commissaires et autres spectateurs, stupéfaits par la scène qui se déroulait sous leurs yeux, le vainqueur du RIV 2019 criait à l’assemblée: «Mais vous allez me lâcher la grappe, oui?» Si cette scène d’anthologie est sans aucun doute l’un des pires exemples du devoir d’exemplarité d’un ouvreur, elle permet néanmoins de se faire une bonne idée de la tension qui régnait en Valais ce week-end.
Coppens finalement gagnant
Au bout du compte, en réalisant le scratch de l’ultime manche, Mike Coppens s’adjugeait la victoire du RIV, avec 4,4 s d’avance au général sur son poursuivant. Un résultat bien mérité pour le pilote de Verbier, qui s’est montré à la fois constant et brillant: «Gagner le Valais, c’est un rêve d’enfant qui se concrétise! Je voyais les Roux, Girolamo et d’autres passer sur mes routes à Bruson et je rêvais de les imiter. Alors, faire coup double et en même temps enlever le titre de Champion de Suisse, c’est juste magique», s’est-il réjoui sur le podium des casernes de Sion. Eh oui, en Valais, Mike Coppens n’a pas seulement gagné le rallye, il a également remporté le Championnat de Suisse. Effectivement, les favoris du CS Rallyes et leaders des deux premières journées de course (avec une confortable avance de plus de 40 secondes au terme de l’ES9), Sébastien Carron et Lucien Revaz (Škoda Fabia) étaient victimes d’un abandon après avoir cassé leur roue à l’aube de la dernière journée de course (samedi sur l’ES10): «J’avais rajouté le Valais à mon programme pour espérer remporter le Championnat… mais c’est ça, le rallye! Une trajectoire tendue, un caillou frôlé, deux barres de roue qui cassent et le rallye qui nous échappe. Dommage de ne pas aller au bout de ce qui restera mon dernier Valais. Mais je suis fier de ce qu’on a fait, avec Lucien. Et puis, le titre restera par chez nous, alors un grand bravo à Mike!» félicitait le pilote de Vétroz, petite commune valaisanne située à quelques encablures de Verbier.
Sur le podium du RIV aux côtés des équipages Coppens et Burri, c’est un autre Valaisan qui décrochait la troisième place du RIV; le Champion de Suisse Junior 2019 Jonathan Michellod, copiloté par Stéphane Fellay (Škoda Fabia), a, lui aussi, brillé en Valais, se permettant même de décrocher le meilleur temps de l’ES12. Derrière Michellod, l’équipage, composé de Sergio Pinto et Sophie Barras, passait la ligne d’arrivée en quatrième position grâce aux performances de leur terrible Alpine A110 RGT. Un petit détail à noter tout de même: étant donné que Burri, qui a couru de nombreuses manches à l’étranger cette année, était engagé au «Valais» sous licence française, Michellod et Pinto ont terminé respectivement deuxième et troisième du classement suisse. Une position qui permet au Valaisan Michellod de dépasser le Tessinois Ivan Ballinari au classement général du CS Rallyes. Derrière Pinto, les Belges Pieter Tsjoen et Piero Vandeputte (Škoda Fabia) terminaient en cinquième position.
Toedtli disqualifié
Sacrés Champions de Suisse des rallyes juniors lors du Rallye du Tessin, l’équipage neuchâtelois composé de Jérémie Toedtli et Julie Fauré (Renault Clio) s’est fait pincer lors de l’inspection post-rallye. Disqualifié, Toedtli courait sur une voiture jugée en infraction technique. A ce stade, la question de savoir si cette disqualification aura un impact sur le classement final du championnat reste ouverte. C’est donc Guillaume Girolamo et Benjamin Bétrisey (Renault Clio V) qui remportent la victoire dans la catégorie junior. Quant à la deuxième place, elle est revenue à Thibaut Maret et Andy Malfoy (Renault Clio 5). En Clio Trophy Suisse, c’est Ismaël Vuistiner et Florine Kummer qui l’ont emporté. Girolamo était deuxième et Maret troisième.
En Trophée Michelin Suisse, l’équipage composé d’Aurélien Devanthéry et de Michaël Volluz (Peugeot 208 R2) s’est livré en duel avec Nicolas Lathion et Mélanie Tendille (Renault Clio V). Finalement, c’est Lathion qui a fini par avoir le dessus. Dans cette catégorie, la troisième place est revenue aux Français Thomas Battaglia et Marc Della Pina (Renault Clio), sacrés champions avant le Rallye international du Valais.
En historique, Guy Trolliet (Porsche 911 Carrera) a assuré le titre de champion avec une deuxième place au classement du Championnat suisse devant Claude-Alain Cornuz (Ford Escort RS) et Jean-Romain Cretegny (Ford Escort MKII). La victoire de la 4e édition de la classe historique en Valais est revenue à Gratien Lovey (BMW M3 E30). La classe internationale (ERC Historic), disputée pour la première fois au «Valais», a été remportée par le Tchèque Vojtech Stajf sur son Opel Kadett GT/E.
Le mot de la fin
Pour avoir organisé un événement comme le Rallye du Valais en temps de Covid, le Directeur du Rallye du Valais, Cédric Borboën, mérite bien le mot de la fin: «Après une année sans, quel bien ça fait d’avoir pu retrouver du monde aux Casernes et sur les routes, qui plus est sous le soleil. Mais il faut dire que cette édition a été extrêmement difficile à produire: moins de budgets, moins de bénévoles, le plan de protection Covid… Néanmoins, cette manche restera dans les annales. D’autant que c’est extraordinaire d’avoir un Champion Suisse des Rallyes valaisan!» Vu le succès de cette édition, le rendez-vous est déjà pris l’an prochain pour un nouveau et 62e «Valais». Réservez déjà les 20 au 22 octobre 2022.