Un grand bol d’oxygène

Le Suzuki Jimny est un 4x4 à l’ancienne: costaud et sans fioritures. Sa version utilitaire à deux places «Country» vous emmènera sans difficulté prendre l’air au sommet de la montagne.

Ressortez vos costumes à épaulettes (ou vos jeans troués façon „grunge“ selon votre style) ainsi que vos CD d’Aerosmith, car nous voici repartis pour la fin du XXe avec ce «nouveau» Jimny! Suzuki ne pensait certainement pas aussi bien dire avec son slogan «il vous fait rajeunir», affiché sur le site internet suisse du constructeur. On replonge trente ans en arrière (voire plus…) avec cette auto pas très moderne sur le plan technologique. Mais on le fait avec un vrai bonheur! Ce mini 4×4 a quelque chose de régressif et de rassurant, une véritable petite madeleine de Proust automobile. LED? Connaît pas. Affichage tête haute? Qu’est-ce que c’est? Non, le Jimny Country se veut simple et robuste, tout en allant à l’essentiel. Cela fait à la fois sa force, mais constitue aussi sa principale faiblesse.

Commençons par le commencement. Qu’a-t-il de neuf, ce tank miniature? Cela fait depuis 2018 que la quatrième génération sévit sur les routes de nos montagnes. Jusqu’ici, il disposait de quatre places à son bord. Désormais, la version «Country» reste seule au catalogue, avec deux places. Les sièges arrière ont été supprimés pour laisser plus de place au coffre, séparé des occupants par une grille de protection. Ainsi, il n’entre plus dans la catégorie des voitures de tourisme, mais dans les véhicules de livraison! Selon les cantons, cela pourrait induire des avantages en matière d’impôt. 

Ambiance rétro

Faisons le tour du propriétaire. Nous évoquions la partie arrière amputée de sa banquette. Il y a lieu de la regretter car, outre la possibilité d’emmener toute la famille, elle permettait de faire un plancher plat servant de couchette lors d’excursions. Certes, la version utilitaire dispose désormais d’un volume de chargement plus important de 33 l, ce qui le porte à un total de 863 l. Les formes du coffre sont nettes, bien carrées et il est aisé de le remplir grâce à un seuil, certes un peu haut, mais donnant sur une surface plane. Seul inconvénient, la grille de séparation avec l’avant ne permet pas de charger des objets plus longs que 92 cm. Le Jimny Country se rattrape toutefois avec un espace de chargement supplémentaire derrière les sièges avant, où un objet de 45x37x115 cm pourrait prendre place entre le siège passager et la grille. Ceci dit, il est théoriquement possible d’enlever cette dernière, les vis étant accessibles. Au cas où cela ne suffirait pas, 50 kg peuvent être chargés sur le toit et une remorque freinée de 1300 kg peut être tractée.

Passons à l’avant, où il fait assez bon vivre, malgré un océan de plastique dur et noir. Même les vis de la planche de bord sont factices! Néanmoins, un effort a été fait par Suzuki pour cette dernière, qui regroupe trois surfaces de plastique différentes et ses compteurs à l’aspect baroudeur sont bien sympathiques. Ces derniers ont, hélas, tendance à refléter les rayons du soleil et ainsi empêcher la bonne lecture. Ils sont (évidemment) analogiques, mais très lisibles et complétés par un petit écran regroupant des informations sur la conduite telles que la consommation. C’est amplement suffisant, mais l’on déplore le manque d’indication sur la température du moteur. Les quelques commandes présentes tombent bien sous la main, toutes très simples à utiliser (même avec des gants) et claires, notamment les réglages du chauffage. Parmi les équipements pour le confort, notons la climatisation, les sièges chauffants, les rétros électriques et… un autoradio CD! C’est une joie pour certains de retrouver un «mange-disques» sur la console, d’autres le regrettent et estiment aussi que le réglage des stations de radio n’est pas aisé. Les plus technophiles (terme incongru dans un Jimny) pourront tout de même opter pour le système multimédia à écran tactile comprenant la connectivité pour le smartphone et la navigation, l’option la plus chère du catalogue (1590 Fr.)  

La vie à bord est plutôt belle, avec des sièges en tissu doux au toucher, confortables et qui maintiennent assez bien. En revanche, ils ne sont pas réglables en hauteur, et la grille empêche de les reculer ou de les incliner à volonté sans la démonter. Toutefois, même les plus grands gabarits parmi nos essayeurs ont trouvé une position convenable. Seuls bémols: le volant réglable en hauteur peut gêner la vision sur les témoins en position basse et un angle pointu de la console peut heurter le genou. Le manque d’isolants laisse entrer beaucoup de bruits à l’intérieur. En dehors de cela, la position de conduite surélevée est appréciable, tout comme l’excellente visibilité aux quatre coins de l’auto. Des capteurs de stationnement sont disponibles en option, mais ils ne sont guère indispensables, vu la facilité avec laquelle le Jimny se faufile en ville et dans les parkings. Ils ne pourraient se révéler utiles qu’aux plus distraits, qui pourraient casser les vulnérables feux arrière lors d’une manœuvre brutale, ceux-ci étant implantés dans le pare-chocs.

Montagnard inarrêtable

Passons au plat de résistance, l’épreuve de la neige. Pour cela, nous devons emprunter l’autoroute, terrain de jeu un peu hostile à notre Jimny. Son 4-cylindres atmosphérique d’à peine plus de 100 ch rame. Le son rugueux qu’il émet s’intensifie, un regard sur le compte-tours s’impose: 80 km/h, 2800 tr/min; 100 km/h, 3000 tr/min. A 120 km/h, on atteint les 3750 tours. Mieux vaut ne pas dépasser les 100 km/h, pour conserver un minimum de «confort». Seule transmission au menu, la boîte manuelle à 5 vitesses aurait mérité un 6erapport. Mais ce n’est, de toute façon, pas là où il faut emmener le petit Suzuki, sa direction trop floue demandant des corrections pour garder le cap. Taillée telle une boîte à chaussures, sa carrosserie n’a rien d’aérodynamique non plus. 

Nous sortons de la voie rapide et attaquons les petites routes. Le 1,5-l se montre un peu creux en-dessous des 2000 tours, mais il est tout de même suffisamment vif pour le quotidien. Malgré les longs débattements, le maniement du levier de vitesse enchante par un guidage franc. On prendrait presque du plaisir à relancer le moteur… et heureusement car, en montée, il a de la peine. Les côtes ne peuvent être abordées qu’en 2eet en maintenant un régime soutenu, sous peine de ne plus rien avoir sous la pédale. En virage, le roulis est marqué, notamment à cause de son haut centre de gravité. Du côté des bons points, aucun signe de «broutement» en laissant rouler à très basse vitesse, même en 2e ou 3e. En outre, une aide maintient le véhicule bloqué pendant 5 secondes le temps de trouver le point de friction pour redémarrer en côte sans stresser. L’assistance en descente, aussi, fait partie de ses atouts, maintenant une allure de 10 km/h dans les pentes raides, sans devoir s’inquiéter du frein ou de l’embrayage: on passe la seconde et ça descend tout seul. Tant mieux, car les freins (tambours à l’arrière) ne sont pas des plus performants. 

On arrive au sommet. Tel un Jack Russell, il batifole dans la neige avec un malin plaisir. Sa légèreté ainsi que ses angles d’attaque et de chasse lui permettent de se sortir de toutes les situations. ll ne s’est embourbé à aucun moment (contrairement à d’autres 4×4), et, quand il a fallu faire demi-tour sur une route à peine plus large que l’auto, sa petite taille et ses courts porte-à-faux nous ont sauvés, en permettant de monter sur le talus en bord de route pour manœuvrer. Même dans les pires conditions, il suffit d’abaisser le levier de transmission sur les rapports courts et rien ne lui résiste. 

S’il est attachant, le petit 4×4 a le défaut de ne pas pouvoir offrir une réelle polyvalence, en raison de son manque de prédisposition pour les routes rapides. Le Jimny Country serait donc à réserver à ceux qui font de la traversée de champs ou roulent sur des routes montagneuses au quotidien, ou qui pourraient se permettre d’avoir un second véhicule. Par exemple, le Suzuki S-Cross, est peut-être moins baroudeur, mais il est à l’aise sur tous les terrains et peut transporter 5 personnes. Ce char de poche n’est donc, de loin, pas sans reproches, mais dans un monde fait d’une pléthore de SUV aseptisés et semblables, son authenticité, sa simplicité et son efficacité redoutable font du Jimny une proposition unique sur le marché. Une vraie bouffée d’oxygène sur quatre roues.

Résultats

Note de la rédaction 65.5/100

moteur-boîte

Le 1,5-litre atmosphérique se révèle suffisamment vif au quotidien. Les rapports de boîte courts y participent, mais il cela le rend pénible sur  l’autoroute. La transmission intégrale marche à merveille.

trains roulants

Avec son châssis échelle et ses essieux rigides, le comportement est idéal en tout terrain, mais pas sur la route. Entre roulis et direction un peu floue, le Jimny est surtout à l’aise en ville et en montagne.

Habitacle

Le plastique règne en maître et la finition n’est pas excellente, mais l’on est bien installé et tout ce dont on a besoin se trouve sous la main. 

Sécurité

Quelques équipements de sécurité sont présents, mais ce n’est pas son principal point fort. Le freinage n’est pas particulièrement performant. Toutefois, ses phares halogène puissants ne font pas regretter les LED.

Budget

Le prix de base de 29 990 Fr. n’est pas donné pour une seconde auto du foyer et la consommation n’a rien d’exemplaire. Cela dit, difficile de trouver un 4×4 disposant de telles facultés en tout terrain pour moins cher.

Verdict 

Le Jimny a pris le parti des solutions robustes, à l’ancienne, ce qui fait son atout. Mais, à la fois très doué pour l’aventure et peu à l’aise sur l’autoroute et les routes de campagne, son utilisation est assez limitée. C’est encore plus vrai avec cette version utilitaire à deux places. Pourtant, il séduit toujours autant par sa bonne bouille et son système 4×4.

Vous trouverez le fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

1 Kommentar

  1. Bonjour
    Vos articles sont très bien fait et le français du texte excellent.
    Concernant le contenu qui est orienté vers le consommateur suisse je trouve que les prix indiqués pour des automobiles fabriquées quasi toutes à l’étranger… devraient être challengés par rapport au prix des pays européens qui pour une voiture d’origine japonaise devrait déjà contenir des frais de transport. Pour le marché suisse et sa distribution il ne faut pas ajouter grand chose dans la mesure où la différence de TVA est élevée par rapport aux pays européens ( approx. Suisse 8% et Europe entre 20 et 30%)
    Exemple: selon divers sites européens le prix de la Suzuki Jimmy oscille entre 17`000 et 21’000 Euros … en Suisse selon votre article prix de départ 29’000 CHF…. !!! (…que vous trouvez élevé mais jamais de comparaison avec nos voisins européens)
    N’y a-t-il pas là clairement de l’abus vis à vis du client suisse qui semble être une vache à lait et néanmoins est aussi votre lecteur… N’êtes-vous pas prisonnier du sponsoring de l’industrie automobile??
    Meilleures salutations
    François Magnette
    Lovens (FR)

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