Si proches et pourtant si différents. Ainsi pourrait-on résumer la relation entre le Škoda Kodiaq et le Volkswagen Tiguan Allspace, deux modèles partageant la plateforme MQB du groupe Volkswagen. Robustes et fiables, ces deux produits présentent néanmoins certains défauts rédhibitoires. Mais lequel de ces deux SUV est le plus convaincant? Le maître Volkswagen ou l’élève Škoda? C’est que nous avons cherché à découvrir dans ces lignes.
Il y a la question du tarif d’abord. L’écart de prix n’est pas considérable. De base, le Kodiaq est proposé au prix de 46 610 francs, alors que le ticket d’entrée du Tiguan Allspace, autrement dit la version longue du SUV de Wolfsbourg, s’élève à 46 600 francs. A première vue, les deux autos sont donc sur un même pied d’égalité. Mais les apparence sont trompeuses; dans sa version de base, le Tiguan se contente du petit moteur 1,5 l essence de 110 kW (150 ch), lequel fait l’impasse sur la transmission intégrale. Chez Škoda, en revanche, le 2,0 l diesel de 110 kW (150 ch) entraîne les quatre roues dès la version d’entrée de gamme. Ainsi, à motorisation égale, le Kodiaq est moins cher. Quant au moteur 2,0 l essence de 140 kW (190 ch) qui équipe le Tiguan testé dans ces lignes, il se négocie au prix de 49 220 francs sur le Kodiaq. Dans le VW, il coûte 51 100 francs. De son côté, le 2,0 l diesel de 147 kW (200 ch) qui profite le Kodiaq essayé ici, il coûte 52 540 francs chez Skoda et 57 300 francs chez VW. Corectement équipés, les Škoda Kodiaq et VW Tiguan Allspace affichés ici coûtaient respectivement 65 529 francs et 68 140 francs. Voilà qui confère un net avantage au SUV tchèque, d’autant plus que comme nous l’avons déjà dit, le Tiguan était animé par un moteur à essence moins coûteux que le diesel.
Comportement bienveillant
Les SUV étant tous deux doté d’une transmission intégrale, ils ne se différencient guère en termes de comportement. La répartition du couple entre les quatre roues donne une sensation de sécurité et rend le comportement du véhicule neutre. Le Tiguan est peut-être plus précis et le Kodiaq plus typé confort. Mais tous deux roulent très agréablement, se prédestinent aux longs trajets et assurent un bon niveau de confort.
Les motorisations proposées garantissent un niveau suffisant de puissance tandis que les sept rapports de la boîte de vitesses à double embrayage passent rapidement mais toujours en douceur. Grâce à son couple plus généreux de 400 Nm, le diesel procure une sensation de force tranquille. Moins coupleux de 80 Nm, le bloc essence nécéssite davantage de tr/min. Ainsi, il ne peut rivaliser en termes de silence à bord. Et puis, il y a la consommation aussi: sur le parcours standard de la Revue Automobile, le Tiguan a été crédité de 7,8 l/100 km, contre 6,3 l/100 km pour le Kodiaq. Si de telles valeurs incitent à lever le pied, la retenue est également de mise dans les virages, où le roulis est assez prononcé et la direction assez floue, surtout chez Škoda. Ainsi, les virages sinueux sont-ils assez désagréables à négocier. Poussés dans leur retranchement, les deux SUV dérivent rapidement des quatre roues. Malgré cela, le Tiguan et le Kodiaq restent globalement assez agiles compte tenu de leur poids de 1900 kg et des sept personnes qu’ils peuvent embarquer. Pour le reste, la visibilité est bonne et la circulation en ville ne pose aucun problème.
Les gadgets utiles
Le VW Tiguan Allspace mesure 21 cm de plus que le Tiguan normal, soit 4,7 mètres de long. Il est donc aussi long que le Kodiaq. Dans les deux autos, les adultes souhaitant s’asseoir en 3e rangée ne doivent pas être trop exigeants. L’espace aux jambes s’avère toutefois suffisant lorsque la banquette coulissante de la 2e rangée est repoussée en avant. Mais la garde au toit reste malgré tout assez chiche. Encore plus dans le Tiguan, où il est difficile de se tenir droit.
Outre leur design extérieur, c’est en termes d’aménagement intérieur que les deux cousins se différencient le plus. En l’occurrence, le Škoda crée la surprise grâce à son ergonomie mieux pensée, mais aussi par sa meilleure qualité de finition; alors que la console centrale est entourée de plastique dur dans le Tiguan, Škoda fait lui appel à des polymères moussés dans cette zone. De plus, le constructeur tchèque continue de recourir à des boutons haptiques pour les commandes de la climatisation. Ce n’est peut-être pas aussi chic que dans le Tiguan qui a recours à de la tactile, mais c’est tout de même beaucoup plus pratique. Pour le reste, on en revient à des choses plus ou moins identiques. L’écran d’infodivertissement de 9,2 pouces est commun aux deux modèles, mais là encore, la structure des menus est plus plaisante chez Škoda. Commun aux deux véhicules, le combiné d’instrumentations de 10,25 pouces fait face dans les deux cas à des sièges confortables.
Côté assistances, tout l’arsenal imaginable est au rendez-vous. Mais tout ne fonctionne pas à la perfection, loin s’en faut. Si le «Trailer Assist» optionnel peut être recommandé sans réserve, le «Travel Assist» n’est pas toujours irréprochable, d’autant que la reconnaissance des panneaux de signalisation est toujours aussi peu fiable. Chez Škoda, cet équipement est toutefois proposé de série dans la finition «Laurin&Klement», testée dans ces lignes. Même remarque pour les phares LED matriciels. Et puis surtout, il y a les petites astuces «simply clever» du Kodiaq qui vont désormais bien au-delà du parapluie caché dans la portière. Et vous vous demandez encore pourquoi Škoda prend lentement mais surement le pas sur son cousin germain, la réponse est évidente!
Des petits détails qui font une grande différence
Combien de fois n’avons-nous pas émis des reproches à l’égard des écrans d’infodivertissement, des logiciels et des commandes des dernières productions du groupe Volkswagen? Fort heureusement, cette évolution ne touche pas tous les modèles, les véhicules ayant été commercialisés avant la Golf de huitième génération profitant toujours de solutions plus anciennes. C’est le cas des deux SUV testés ici. Continuant à utiliser le dispositif d’infodivertissement d’ancienne génération du Groupe Volkswagen, les Škoda Kodiaq et Volkswagen Tiguan ont recours à une molette pour diminuer ou augmenter le volume sonore dans l’habitacle. L’Octavia et la Golf par exemple ont quant à elles recours à des barres tactiles. Lesquelles s’avèrent assez rébarbatives à l’usage. Au-delà de cela, c’est surtout grâce à leurs menus clairs et simples que les deux SUV convainquent. Néanmoins, le facelift opéré récemment sur le Tiguan a vu Volkswagen remplacer les molettes et autres boutons physiques de la platine de climatisation par des éléments tactiles. Certes, c’est élégant mais c’est très peu pratique puisque la tactile ne permet pas de sentir les boutons. Ainsi, l’attention doit inévitablement être détournée de la route. Pire, le regard doit indéniablement se porter vers le bas de la console centrale, en raison de la position de l’unité de commande. C’est donc une bonne chose que Škoda résiste – pour l’instant, du moins – à la tyrannie du tout tactile. En effet, au contraire du Tiguan, le Kodiaq conserve ses boutons rotatifs et ses touches qui peuvent être utilisés presque à l’aveugle, comme au bon vieux temps. Eh oui, si les avancées technologiques – parmi lesquelles le combiné d’instrumentations à haute résolution – sont appréciables, la simplicité d’utilisation doit rester une priorité absolue pour les constructeurs. C’est pourquoi Škoda a clairement l’avantage sur ce point, bien que les habitacles des deux cousins ne se distinguent que par ces petits détails.
Une quation de centimètres
En termes d’habitabilité, aucun des deux cousins ne prête le flanc à la critique; tant le Tiguan Allspace que le Škoda Kodiaq font preuve de générosité dans ce domaine, les deux SUV pouvant accueilir jusqu’à sept personnes à leur bord. Quant aux deux coffres, ils profitent d’un volume de 2005 litres dans le cas du Kodiaq et de 1920 litres pour le Tiguan. À titre de comparaison, le Hyundai Santa Fe dispose d’une capacité de 1650 litres. Dans le Tiguan comme dans le Kodiaq, les sièges de 2e et 3e rangées se rabattent en deux parties. De plus, ceux de la 2e rangée peuvent coulisser séparément sur 18 centimètres dans l’axe longitudinal. Lorsqu’ils sont repoussés en butée avant, les passagers installés tout à l’arrière disposent de suffisamment d’espace pour les jambes, même s’ils sont adultes. Mais dans ce cas, c’est en 2e rangée que l’espace manque. Oui, lorsque les SUV embarquent sept adultes à bord, la place vient clairement à manquer. Aussi, chaque centimètre compte. La différence la plus marquante entre le SUV tchèque et son homologue allemand apparaît aux places les plus reculées. Même si cela ne se remarque pas, la ligne de toit du Kodiaq est nettement plus haute. Celle du Tiguan Allspace est légèrement descendante, ce qui bénéfice davantage à la silhouette qu’à la garde au toit. Cette dernière ne mesure en effet que 86 cm en 3e rangée dans Tiguan Allspace, contre 89 cm dans le Kodiaq. La différence ne paraît pas énorme, mais ces 3 cm font toute la différence en ce qui concerne le confort des adultes assis tout à l’arrière.
Des moteurs sans surprise
Le Kodiaq testé dans ces lignes est motorisé par un 2,0 l TDI de 147 kW (200 ch). Quant au Tiguan, il accueille en son sein un 2.0 TSI de 140 kW (190 ch). Bien entendu, les deux motorisations sont disponibles pour chacun des deux modèles. A l’usage, aucune de ces deux 4-cylindres ne donne l’impression d’être sous-motorisé. Et quand bien même certains viendraient à trouver la puissance insuffisante, ils pourront toujours opter pour le moteur à essence de 245 ch. Essence ou diesel, les deux moteurs ont plus en commun qu’il n’y parait. D’ailleurs, il aurait été surprenant qu’il en soit autrement. Après tout, le groupe Volkswagen a fait du partage et de la mise en commun des composants techniques un véritable credo. Véritable point fort de l’enseigne allemande, cette politique a malheureusement tendance à gommer les spécifités techniques qui existaient jadis entre les motorisations essence et diesel, et qui contribuaient d’ailleurs au tempérament de telle ou telle production. Il reste néanmoins certaines différences. En l’occurrence, le Diesel, très sobre (6,0 l/100 km), reste financièrement très intéréssant sur les longs trajets. Outre cela, c’est aussi son couple de 400 Nm qui est alléchant. Malheureusement, il met quelques fractions de seconde pour déployer ses effets. Le diesel est donc plus adapté aux longs trajets qu’à la ville. Plus réactif et prompt à monter dans les tours, le moteur à essence conviendra quant à lui mieux aux citadins effectuant des arrêts fréquents, ainsi qu’à tous ceux qui aiment rouler de manière un peu plus sportive. Avec une consommation moyenne de 7,5 l/100 km, le 2.0 TSI affiche toutefois une consommation de carburant raisonnée. La boîte de vitesses à double embrayage est proposée de série sur les deux motorisations. En utilisation normale, cette boîte fonctionne en douceur et sans à-coups. A noter toutefois qu’en cas de remorquage, une boîte automatique à convertisseur de couple serait mieux adaptée.
Résultats Volkswagen Tiguan Allspace 2.0 TSI R-Line
Note de la rédaction 75.5/100
moteur-boîte
Si VW emploie son bloc EA888 un peu partout, c’est qu’il a de bonnes raisons: le 2-litres n’a pas de grosses faiblesses, à part sa consommation.
trains roulants
Cette familiale se comporte comme on l’attend d’elle: équilibré mais un peu ennuyeuse. Elle est toutefois capable d’attaquer les virages vite.
Habitacle
Surface tactile par-ci, surface tactile par là: on a connu pire, mais l’ergonomie est exaspérante. La finition est correcte, malgré les plastiques durs.
Sécurité
Le freinage est à la hauteur et tous les assistants à la pointe sont de la partie, en option. Leur fonctionnement n’est pas irréprochable.
Budget
Il faut être prudent lors de la commande, car le Tiguan peut faire sauter la banque, si l’on se fait plaisir avec les options.
Verdict
Le Tiguan, aussi dans cette version Allspace, ccnfirme pourquoi il est l’un des véhicules les plus appréciés des Suisses. La 3e rangée est spacieuse et le comportement routier est toujours très convaincant, malgré l’encombrement supérieur. Si seulement il n’y avait pas cette ergonomie…
Résultats Škoda Kodiaq 2.0 TDI 147 kW L & K
Note de la rédaction 78.0/100
moteur-boîte
Le deux-litres diesel est du genre «force tranquille», en fonctionnant au couple. Il est le bon compagnon pour les longs voyages.
trains roulants
Un SUV de sept places n’est pas vraiment une voiture de course, les dodelinements en virage auront vite fait de vous le rappeler.
Habitacle
Des plastiques durs, une finition sérieuse et de l’espace à revendre, le Kodiaq est une Skoda à tous les égards.
Sécurité
Les assistants de sécurité sont au complet, avec l’avantage d’avoir une ergonomie pratiquement irréprochable.
Budget
A première vue, le Kodiaq peut paraître plus cher que le Tiguan. Mais le SUV tchèque se passe de version à deux roues motrice, moteur essence.
Verdict
Le Skoda Kodiaq offre une traction intégrale de série, beaucoup de place une palette de moteurs très étendue. Les options et les aides à la conduite sont regroupées en packs bien étudiés, ce qui fait du tchèque un SUV familial au rapport prix-prestation très séduisant.
Vous trouverez le fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.