Une question de poids

Après avoir été «légère», l’hybridation du Suzuki Vitara devient complète. La balance ne penche pas du côté le plus lourd.

Hybride, un terme souvent pris à la légère. C’est littéralement le cas chez Suzuki, où l’appellation désignait jusqu’à peu des modèles à hybridation légère, de façon galvaudée. Effectivement, «hybride» désigne généralement des modèles où la machine électrique peut entraîner seule l’auto; les moteurs hybrides des Ignis, Swift et Vitara ne pouvaient pas le faire. Suzuki a désormais corrigé le tir: avec l’arrivée du 1.5-litres électrifié, les nouvelles S-Cross et Vitara «Hybrid» peuvent rouler aux électrons… modérément. 

Dans le détail, le quatre-cylindres atmo de 102 ch, issu du Jimny, reçoit l’assistance d’un moteur électrique de 33 ch; en unissant leurs forces, les deux unités cumulent 115 ch. Le MGU peut entraîner tout seul le Vitara dans certaines phases, en puisant l’énergie d’une batterie lithium-ions de 140 V. Le Vitara «file» à l’électricité au démarrage ou sur route plate, à vitesse stabilisée, jusqu’à 80 km/h. 

Le reste du temps, la partie électrique épaulera le quatre-cylindre, avec du «peps» supplémentaire. Toutefois, une fois la batterie vidée, le 1.5-litre paraît bien démuni avec ses 102 ch, pour déplacer les 1340 kg du Vitara. Un simple dépassement sur autoroute se mue en longue litanie, il faut 12 s pour passer de 80 à 120 km/h. Le Vitara Hybrid traîne également les pieds sur le 0 à 100 km/h, où nous avons relevé presque 14 s. Des performances moins bonne que celles du 1.4 litre Mild Hybrid (10,4 s), tout en consommant plus.  Nous avons relevé 6 l/100 km sur notre parcours standardisé, alors que le Vitara 1.4 T avait eu besoin de 4,7 l/100 km!

A l’aise en ville

La boîte de vitesse, lente et accrocheuse, ne parvient pas à masquer la faiblesse du propulseur; elle maintient le rapport inférieur trop longtemps, laissant le moteur s’égosiller. Les routes de col mettront aussi le Vitara Hybrid dans l’embarras, parce qu’il faudra constamment donner des coups de fouet au moteur, sans compter que le système de navigation de notre modèle s’est montré très imprécis sur ces routes. 

En ville et en campagne, le Vitara Hybrid se montre, en revanche, à l’aise. Là, on appréciera son caractère placide et les transitions très fluides entre les moteurs thermique et électrique. Les suspensions, au bon filtrage, apporteront leur contribution au confort. Le cockpit, lui, se montre spacieux pour le segment, avec, au minimum, 12 cm d’espace pour les jambes à l’arrière. Toutefois, la position de conduite a quelque peu été sacrifiée pour les grands gabarits. Le reste de l’habitacle trahit les rides du Vitara, qui a été présenté en 2014, puis restylé en 2018: les matériaux sont quelconques, le style austère et l’infodivertissement poussiéreux. C’est le fait de graphismes grossiers et d’un fonctionnement assez accrocheur. Bon point, des commandes physiques ont été maintenues pour la ventilation. Signalons encore la calibration problématique des aides à la conduite: les yeux électroniques se trompent constamment sur limites de vitesse en vigueur et l’alerte pré-collision hurle de façon beaucoup trop préventive. L’aide au maintien de voie est heureusement discrète et assez peu intrusive. Malgré ses défauts, le Vitara garde un atout de taille pour la Suisse, car il est l’un des seuls du segment avec une véritable transmission 4×4. Toutefois, ce 1.5 Hybrid n’est pas recommandable, car plus chère, plus gourmande et moins performante que la variante 1.4 «mild» Hybrid.

Résultats

Note de la rédaction 64/100

moteur-boîte

Le moteur souffre de performances médiocres. Boîte lente. 

trains roulants

Le confort a clairement été privilégié, le dynamisme est en retrait.

Habitacle

Intérieur habitable, mais daté. L’hybridation a rogné sur le coffre.  

Sécurité

Seule l’aide au maintien se distingue en bien parmi les assistants.

Budget

Le Vitara Hybrid paraît trop cher au regard d’un S-Cross 1.4 T.

Verdict 

Apathique, le premier moteur full hybrid  de Suzuki n’est, non plus, pas très économe. Le 1.4 T à hybridation légère est un choix plus judicieux, mais il faudra renoncer à la boîte auto. S’il vous faut une transmission auto, vaut mieux se rabattre sur le grand frère du Vitara, le S-Cross 1.4 T. 

Vous trouverez le fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

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