Elles veulent aller plus haut

Rahel Frey et les Iron Dames ont reçu de nombreux éloges pour leur «excellent travail» lors du lancement du CM d’Endurance. Elles ont l’ambition de faire encore mieux.

A Sebring, les Iron Dames Manuela Gostner, Rahel Frey et Michelle Gatting (de g. à dr.) ont pris la 5e place au volant de la Ferrari 488 GTE Evo.

Travailler aussi dur cet hiver a porté ses fruits, déclare presque timidement Rahel Frey. La Soleuroise et son équipage, constituée de la Danoise Michelle Gatting et de l’Italienne Manuela Gostner ont terminé à la cinquième place (sur douze) dans la catégorie LMGTE-Am, lors de la course d’ouverture du CM d’Endurance, il y a 15 jours à Sebring (USA). Il n’y a donc pas lieu d’être modeste au vu de l’excellente performance réalisée par les Iron Dames et leur Ferrari 488 GTE Evo! «En 2021, lorsque nous avons débuté en CM d’Endurance, nous avons terminé au 7e rang lors de la finale au Portugal, notre meilleur résultat à ce jour. Nous venons de placer la barre un peu plus haut», dit Rahel Frey. Si ces débuts sont bons, il faut garder des ambitions: «Nous sommes sur la bonne voie et sommes réellement satisfaites de cette cinquième place. Mais nous voulons faire mieux.»

Composée de femmes et d’hommes, l’écurie Iron Lynx a été créée en 2019 par la femme d’affaires française Deborah Mayer. Quant au projet Iron Dames, il a débuté l’an dernier et l’équipe n’est constituée que de femmes, des pilotes aux managers en passant par les mécaniciennes et les ingénieures. Au total, huit femmes pilotes disputent les six séries de courses du CM d’Endurance (European Le Mans Series, GT Challenge, Le Mans Cup, Ferrari Challenge et la Formule 4 italienne). Iron Dames est soutenu par la Fédération internationale de l’automobile (FIA) et la commission «Women in Motorsport» (WIM). Pour ce team et ce projet, Rahel Frey a mis un terme à son engagement officiel chez Audi il y a quatre ans. «Je n’ai jamais regretté cette décision», affirme la Soleuroise. 

Âgée de 36 ans, elle a commencé d’abord en karting en 1998, puis elle est passée aux séries de formule junior jusqu’au CM d’Endurance. Elle a ensuite signé un contrat chez Audi en 2011, avant de courir en DTM. Plus tard, Rahel Frey a disputé des courses en ADAC GT Masters et en GT Asia. Et elle n’a pas l’intention de lever le pied. «Avant, je pensais courir jusqu’à 30 ans. Puis, j’ai toujours repoussé l’échéance une année de plus. Aujourd’hui, je n’ai pas de mal à m’imaginer me battre encore à 40 ans», dit-elle en riant. Et, si ce n’est pas sur circuit comme cette année dans le CM d’Endurance, l’European Le Mans Series et le GT Challenge, ce sera au bord de la piste, par exemple comme manager, fonction qu’elle exerce déjà aujourd’hui dans l’Iron Dames. La raison est simple: «La course, c’est ma vie.»

Le statut des femmes en sport auto

Il y a longtemps que l’on ne présente plus Rahel Frey dans le monde de la course. Depuis cette saison, outre sa compatriote Simona de Silvestro et la Britannique Katherine Legge – elle aussi une «Iron Dame» – elle est l’une des seules trois femmes pilotes de course au monde à avoir atteint le statut Gold, le deuxième plus important niveau dans la hiérarchie des pilotes de la FIA. Celle-ci se compose du statut Bronze pour les gentlemen drivers, Silver pour les espoirs prometteurs et pilotes de renom, tandis que le Gold est attribué aux vainqueurs et pilotes titrés. Le Platinum est réservé aux Champions du Monde. Cela dit, Rahel Frey est consciente des conséquences liées à ce statut: «C’est aussi un handicap, car c’est un poids supplémentaire dans la BoP (ndlr: la «Balance of Performance» équilibre, au sein d’une catégorie, les différences de performances entre les autos) et cela te freine.» Toutefois, la pilote se félicite de ce statut Gold, «car nous sommes très peu de femmes au niveau mondial à l’avoir décroché», dit-elle.

S’il n’y a que quelques femmes sur plus de 350 hommes à avoir atteint le Gold,  c’est aussi parce que la tâche est plus compliquée pour elles. Dans une interview accordée en 2021 à la Revue Automobile, Beth Paretta a expliqué quels obstacles son écurie de femmes a dû surmonter lors des 500 Miles d’Indianapolis: les femmes ne doivent pas seulement se battre pour accéder aux cockpits, la lutte commence déjà pour avoir un équipement adéquat, comme les chaussures ou la combinaison. 

Rahel Frey a, elle aussi, été confrontée à ces barrières, mais elle n’est pas du genre à se plaindre. Sa devise de pilote de course est claire: «Il y a toujours quelqu’un qui est plus rapide que toi. Alors, prends du recul, remets-toi en question et apprends.» Lorsque l’on a un but et que l’on met tout en œuvre pour y arriver, on a de bonnes chances de réussir: «S’engager à fond est toujours payant à la fin», dit-elle. Quelle sera donc sa prochaine récompense, après le cinquième rang à Sebring? «Maintenant que nous avons disputé une saison du CM d’Endurance – d’abord en étant peut-être trop ambitieuses au début –, nous savons où nous en sommes. Le top 5 au classement général est un objectif réaliste.» Après leur 10e place au CM en 2021, les Iron Dames ont choisi leur prochain objectif. 

Kommentieren Sie den Artikel

Bitte geben Sie Ihren Kommentar ein!
Bitte geben Sie hier Ihren Namen ein

Diese Website verwendet Akismet, um Spam zu reduzieren. Erfahre mehr darüber, wie deine Kommentardaten verarbeitet werden.