Luxe, calme et rugosité

La marque premium coréenne Genesis arrive en Europe avec une berline compacte G70 qui a de sérieux atouts à faire valoir.

Pour beaucoup d’automobilistes, lorsque le nom Genesis est évoqué, ce n’est pas une marque de voiture qui vient en premier à l’esprit, mais bien le groupe de rock mené par Phil Collins. Les deux ne sont toutefois pas incompatibles; comme ce qui devait arriver arriva, quand l’auteur de ces lignes a pris place à bord, il fut accueilli par la chanson «Jesus he knows me» qui passait à la radio. Troublante coïncidence! Si même Jésus connaît cette jeune marque coréenne, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas votre cas. Découvrez donc plus en détail ce modèle d’entrée de gamme de Genesis, la berline G70. 

En premier lieu, passons en revue rapidement sa plastique. Sa calandre en forme de gros diamant – dont les losanges de la grille font penser aux facettes de la pierre précieuse – confère une réelle prestance à la face avant de la G70. Comme la plaque d’immatriculation se loge en son centre, on peut se féliciter du format suisse des plaques, qui dénature moins le design. D’autres grilles avec ce même motif apportent de l’air au radiateur et une ouïe se niche derrière l’arche de roue. Ces éléments rappellent ce qui se fait chez Bentley… Tant pis si certains parleraient de copie! Combinée à la gueule béante, la signature lumineuse désormais typique de Genesis – ses phares et feux en deux parties – donne une allure intrigante à cette face avant mais personnelle et réussie. Presque à la façon d’une ligne fastback, le toit descend en pente douce jusqu’au bout du coffre, dont la forme évoque un becquet vu de profil. Si l’avant présente une forte personnalité, l’arrière est davantage quelconque, avec ses airs de Mercedes-Benz Classe C. Quoi qu’il en soit, le dessin s’est nettement affirmé depuis les débuts de Genesis (à l’époque où ce nom désignait encore le modèle haut de gamme de Hyundai lancé en 2008). Devenue une marque à part entière en 2015, Genesis lança la G70 en 2018. Ayant entre-temps décidé de séduire le public européen, la firme coréenne a fait subir à sa petite berline un lifting en 2020. Or, il semble indéniable qu’elle a été influencée par le premium allemand et anglais.

Cocon douillet

Ce constat se confirme partiellement à l’intérieur. Le cuir Nappa matelassé – là encore à la manière d’une Bentley – recouvre les sièges et les panneaux de portes. Il doit bien y avoir des kilomètres de fil pour réaliser toutes les coutures de l’habitacle. La finition se rapproche de ce qui se fait de mieux dans ce segment. Par exemple, des matériaux agréables au toucher recouvrent la console centrale et le ciel de toit (respectivement simili cuir et suédine), tandis que certains boutons sont satinés, notamment sur le volant. L’ensemble donne une impression de sérieux et de solidité, ainsi qu’une vraie sensation de luxe. La perfection n’est toutefois pas atteinte pour plusieurs raisons, comme des matériaux qui «sonnent faux» dans ce bel intérieur, à commencer par le plastique des palettes au volant et celui des décorations entourant les ouïes de climatisation. Et puis il y a les finitions un peu moins bien travaillées, notamment au niveau du coffre ou des raccords inégaux entre portière et planche de bord. Cela tient néanmoins du détail, et il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit pas d’une limousine de grand luxe, mais d’une segment D! A part un manque d’audace dans le style du cockpit qui permettrait à l’auto de se démarquer de ses concurrentes, il n’y a pas grand-chose à redire sur l’ambiance à bord. 

En outre, l’ergonomie a également été bien pensée, malgré certains bémols. Effectivement, les commandes sont positionnées là où l’on s’attend à les trouver et il reste heureusement des boutons physiques. Toutefois, selon le réglage du volant, ce dernier vient masquer le haut du tableau de bord, ce qui empêche de lire la vitesse ainsi que d’autres informations. L’affichage tête haute optionnel règle ce problème, mais uniquement pour ce qui concerne la vitesse. Quant au système d’infodivertissement et son écran de 10,25 pouces, il s’avère réactif et bien conçu, au même titre que dans «d’autres» Hyundai. Les graphismes sont nets et les détails retransmis par la caméra de recul s’affichent avec une grande clarté. 

Le conducteur se sent donc à l’aise dans la G70, et c’est également dû à l’équipement complet (mais optionnel) comprenant, entre autres, des sièges chauffants et ventilés ou un ample toit vitré. De plus, la position de conduite agréable permet de voyager en toute sérénité. En revanche, les occupants des places arrière n’ont pas forcément cette chance. En mesurant 1,80 m, la tête a tendance à effleurer le ciel de toit et du côté des jambes, le constat n’est pas meilleur. Avec le siège avant réglé pour une personne de même taille, les genoux devront probablement s’encastrer dans les creux du dossier prévus à cet effet. Les pieds aussi doivent venir se loger sous le siège. On a donc tendance à se sentir dans du «sur-mesure», sans qu’il reste la moindre marge. Au vu de la hauteur et de la largeur du tunnel central, la cinquième place sera réservée aux gens que l’on n’apprécie pas, ou ceux qui pourront replier tous leurs membres pour tenir en place. Aussi, l’accoudoir du côté extérieur ne tombe pas… sous le coude, mais on pourra se contenter de celui du milieu, comportant aussi deux porte-gobelets. A part l’espace restreint – tare assez commune sur ce segment à vrai dire –, l’accueil est plutôt bon. En ce qui concerne le coffre, la longueur de chargement de 196 cm permet de loger sans difficulté des skis ou d’autres objets longs en rabattant la banquette fractionnable en deux parties (66:33). Toutefois, la hauteur est nettement moins élevée et l’ouverture exiguë, ce qui complique le chargement. Notons tout de même un détail plaisant: l’ouverture et la fermeture électrique de la malle se font dans un silence qui a rarement été constaté. Le premium, cela se mesure aussi à ce genre de petites attentions!

Un moteur rugueux qui casse l’ambiance

Voyons maintenant ce que notre G70 a dans le ventre. Sous le capot bombé se cache un 4-cylindres diesel de 2,2 l. Pas vraiment ce que laisserait ­imaginer l’allure sportive de la carrosserie… Certes, de telles motorisations sont inévitables pour convaincre certains clients sur le marché européen. Cependant, en se limitant aux seuls 4-cylindres essence ou diesel, cela pourrait rebuter ceux qui aiment encore avoir une belle mécanique dans leur luxueuse berline. Ne serait-ce que des appréhensions injustifiées? Vérifions!

 La sensation de fermeté de la direction et la course de la pédale de frein réduite font croire qu’il s’agit d’une auto plus sportive que confortable. Là encore, il faudra réviser son jugement. Ce moteur dispose de suffisamment de couple pour le quotidien et pousse assez fort si on le chatouille, mais seulement après un certain temps de réaction. Toutefois, ses performances ne sont pas foudroyantes, même si la G70 fait mieux que le temps d’usine sur le 0 à 100 km/h (7,6 s au lieu de 7,9). Il est certes possible de rouler vite, même en virage, car le comportement est sain (notamment grâce aux quatre roues motrices). Ce n’est, malgré tout, pas la vocation de ce moulin. Il est d’ailleurs mal secondé par une boîte qui émet des à-coups lorsque l’on colle le pied au plancher. Et c’est sans compter les mauvais côtés typiques du diesel, avec des bruits très présents et des vibrations indignes d’un modèle de cette classe. Le bilan s’améliore-t-il sur autoroute? Oui et non, car le régime culmine à seulement 1750 tr/min à 120 km/h stabilisés. Le confort est alors bon, mais la consommation se monte à 6,5 l/100 km. Même sur le parcours standardisé RA, la G70 n’a pas fait mieux que 6,7 l/100 km. 

Au final, la G70 se présente comme une alternative crédible aux berlines allemandes, sauf si l’on cherche le prestige du blason. Cela dit, à titre de comparaison, une Mercedes-Benz Classe C à la motorisation comparable coûte 10 290 Fr. de plus, le cuir n’étant pas compris à ce prix. En ajoutant les services proposés par Genesis, cela pourrait faire la différence. Ceux-ci se composent, entre autres, d’un assistant personnel qui guide le client dans le choix de son auto, qui organise un essai routier à domicile et qui vient chercher et ramener la voiture chez son propriétaire pour l’entretien programmé durant 5 ans ou 75 000 km. Dommage que la G70 ne bénéficie pas du V6 de la Kia Stinger, modèle dont elle dérive. Le résultat aurait pu être très réussi, alliant ainsi la performance et la noblesse au style, au luxe, à l’originalité et au prix alléchant de cette valeureuse coréenne. 

Résultats

Note de la rédaction 78/100

moteur-boîte

Le point faible de cette G70. Le groupe motopropulseur se révèle correct au quotidien, malgré un côté bruyant et lent selon la situation (reprises).

trains roulants

Les suspensions offrent surtout un bon confort, sans pour autant faire en sorte que la voiture se «vautre» en virage. Le compromis est satisfaisant.

Habitacle

Un vrai cocon luxueux et confortable. Matériaux, finition et ergonomie plaisent, le bémol vient de l’espace limité à l’arrière.

Sécurité

Cette Genesis ne lésine pas sur les aides à la conduite qui, comme sur les modèles Hyundai, fonctionnent bien dans l’ensemble. Le freinage est efficace et l’éclairage (malgré la finesse des phares) excellent.

Budget

Pour bien moins cher qu’une allemande, la G70 offre beaucoup d’équipements et un bel intérieur. Le rapport prix/prestations est très convaincant, seule la consommation se montre un peu élevée.

Verdict 

Les berlines subissent de plein fouet la mode des SUV. Il est vrai que la place y est parfois plus réduite, comme ici. Toutefois, pour tous les jours, il est intéressant de redécouvrir l’élégance d’une berline. Le diesel ne convient cependant pas vraiment à la distinguée G70. Genesis a néanmoins le mérite de proposer un modèle qui peut tenir tête au premium européen en matière de prestations, à un prix très compétitif. Reste à savoir si cela suffira sur un marché de niche où le blason a son importance. 

Vous trouverez le fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

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