Entre zèle et excès

Le BMW X7 revient avec un look revu et des technologies de pointe. Il aborde la seconde moitié de sa carrière sous le signe de la surenchère.

Sur le marché du luxe, il faut toujours proposer ce qu’il y a de plus récent et de meilleur», affirme Christian Tschurtschenthaler. Pour le responsable des modèles haut de gamme de BMW, cette raison suffisait pour une refonte en profondeur du X7. A tel point qu’on reconnaît à peine le SUV amiral avec son nouveau design. Le cockpit évolue lui aussi, de même que la palette d’assistances et les motorisations. Le restylage de mi-carrière est si travaillé qu’on pourrait presque l’assimiler à une nouvelle génération. 

Pourquoi un tel empressement pour ce renouvellement? Sans doute parce que la Série 7 – l’autre porte-drapeau du constructeur de Munich – vient de faire peau neuve. Le X7 devait suivre le mouvement. Le SUV hérite notamment de la face avant de la limousine, caractérisée par des blocs optiques «à deux étages». Le look gagne en modernité, en élégance aussi. Pour marquer le coup, la calandre est illuminée… histoire de la rendre encore plus clinquante, au cas où sa taille démesurée n’était pas suffisante pour intimider les autres usagers de la route. «La présence visuelle est décisive dans cette catégorie», reprend Christian Tschurtschenthaler, qui utilise le même argument pour justifier les roues pharaoniques de 23 pouces, s’il-vous-plaît! Jamais BMW n’avait encore chaussé ses créations de roues ayant un diamètre si grand. A l’arrière, les changements sont plus discrets; on remarque les feux arrière modelés en trois dimensions – comme sur d’autres «béhèmes» –, et la barrette chromée qui les sépare, désormais sous verre.

Espace à profusion

Complètement remanié, le cockpit reprend l’agencement étrenné par le SUV électrique iX, avec ses écrans panoramiques légèrement incurvés. La dernière version du système d’info-divertissement (OS 8) est aussi de la partie. La logique de commandes a changé, pas forcément en mieux. En revanche, l’espace à disposition sur trois rangées de sièges impressionne toujours autant. Au deuxième rang, la banquette peut être remplacée, en option, par deux fauteuils de ministres. Cette configuration réduit ainsi le nombre de places disponibles de sept à six. La modularité, très poussée, permet de rabattre ou de coulisser les deuxième et troisième rangs, électriquement bien sûr, et cela depuis le poste de conduite! La position des assises facilitera ainsi l’accès à la troisième rangée ou, a contrario, augmentera la place dans le coffre. Signalons à ce propos que, en fonction de l’aménagement, le volume de chargement varie de 300 à 2120 litres. Et grâce à la suspension pneumatique, montée d’office, le seuil de chargement s’abaisse à la demande, via une touche dédiée. 

L’aspect du X7 est effectivement tout neuf, mais les véritables innovations se cachent sous cette robe de métal. BMW a converti le réseau électrique de son SUV géant au réseau 48 V, ce qui lui ouvre la porte aux technologies dernier cri.  Le nouveau X7 peut désormais rouler de manière semi-autonome et se pare d’une intelligence artificielle lui permettant d’apprendre et de reproduire des manœuvres, comme rentrer dans le garage; la voiture serait capable de mémoriser une dizaine de ces actions. Dès l’année prochaine, il deviendra même possible de lui transmettre les consignes par smartphone. La tension de bord majorée autorise aussi l’hybridation douce en 48 volts, présente sur toute la gamme. Le moteur électrique intégré dans la boîte de vitesses soutient activement le moteur à combustion et permet de réduire la consommation.

A propos des motorisations, là aussi, BMW n’a pas lésiné sur les moyens. La palette accueille deux nouveaux agrégats essence et un diesel largement remaniés. Au sommet, la version M60i xDrive fait appel à un V8 biturbo de 4,4 litres développant 390 kW/530 ch et 750 Nm de couple. En dessous, le X7 xDrive40i est propulsé par un six-cylindres en ligne de 3 litres développant 280 kW/380 ch et 520 Nm. La déclinaison diesel xDrive40d exploite aussi un six-en-ligne de 3 l, qui fournit 250 kW/340 ch et abat 700 Nm sur son vilebrequin. Toutes les variantes sont associées à une boîte automatique à 8 rapports et à la transmission intégrale. 

Pas de variante plug-in

L’absence d’alternatives électriques et hybrides rechargeables s’explique, officiellement du moins, par la présence d’une troisième rangée de sièges trop encombrante pour loger en plus une batterie de forte capacité. Plus prosaïquement, on dira que les marchés auquel se destine le X7 en priorité n’ont pas (encore) un grand intérêt pour ce type de propulsions. Construit à Spartanburg dans l’État de Caroline du Sud, le X7 vise d’abord l’Amérique du Nord, qui absorbe 54% de la production. Le marché chinois suit derrière avec 21%. Bien que l’engin ne soit pas franchement taillé pour le réseau routier européen, le chef de produit Marco Möller s’étonne néanmoins des scores de ventes réalisés sur le Vieux-Continent: «Nous avons nettement dépassé nos espérances de ventes. Sur les presque 200 000 X7 vendus jusqu’à présent, quelques 4000 exemplaires, soit 2% de l’effectif, ont trouvé preneur en Allemagne.» Le marché automobile suisse, dix fois plus petit, en a absorbé pas moins de 1270!

Et ce n’est certainement pas un mauvais choix pour leurs propriétaires. Car peu de voitures offrent un confort de conduite aussi élevé que le X7. Les ressorts pneumatiques aux quatre roues font un excellent travail, qui s’apprécie tout spécialement sur les longs trajets. Et malgré tout, l’imposant SUV n’a rien d’un cheval à bascule en conduite dynamique. Le système de stabilisation active du roulis veille à maintenir l’assiette du X7 aussi horizontale que possible, et cela fonctionne même dans les enfilades de virage. Le comportement profite aussi de l’essieu arrière directionnel, qui améliore à la fois la maniabilité et la précision de conduite. Derrière le volant, on oublie vite le gabarit XXL du véhicule, à savoir ses 5,18 mètres de long, 2 mètres de large et 1,84 mètre de haut. Comme la transmission intégrale privilégie une répartition du couple sur les roues arrière, ce colosse d’environ 2,6 tonnes parvient à procurer le plaisir de conduire si cher à la marque bavaroise: les roues avant ne «motricent» que lorsque c’est nécessaire. Le X7 M60i xDrive pousse la sensation de sportivité à l’extrême, en jouant de son blocage de différentiel d’essieu arrière. Piloté en harmonie avec l’ESP, le différentiel varie son taux de fermeture jusqu’à 100%. Il y a même un launch control pour les clients qui aiment pousser le vice un poil plus loin. Bardé de cette technologie de pointe, le X7 fait désormais figure de «roi de la route». Du moins chez nous. Aux États-Unis, son pays d’origine, il y aura toujours un pick-up full-size pour lui faire un peu d’ombre.

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