Sur de bonnes bases

Après un lancement compliqué, le Grecale arrive enfin en concession. Partageant ses dessous avec son cousin de chez Alfa, le SUV fait-il honneur à son patrimoine sportif?

Jusqu’il y a peu, personne ne comprenait pourquoi l’excellente plateforme Giorgio des Alfa Romeo Giulia et autres Stelvio n’avait jamais trouvé d’autres applications au sein des différentes marques du groupe Stellantis. Qui plus est, les connaisseurs s’étonnaient de ne pas voir Maserati reprendre cette très bonne architecture. Après tout, la firme au trident ne ressemble-t-elle pas au biscione en matière de caractère et d’image? Ne profite-t-elle pas, elle aussi, d’un incroyable passé sportif? 

Le problème c’est que, jusqu’il y a peu, Maserati était une marque moribonde, dont les liquidités étaient au plus bas et les modèles peinaient à se vendre. Heureusement, cette époque est désormais révolue. Profitant de nouveaux apports financiers et d’une offensive de produits d’envergure, l’enseigne a bel et bien fini par mettre la main sur ladite plateforme. Elle sert de soubassements à un nouveau SUV de taille moyenne, le Grecale.

Victime de la crise

Initialement prévu pour la fin de l’année dernière, la présentation du Grecale avait été retardée au mois de mars 2022 en raison de la crise des semi-conducteurs. En production depuis peu, il s’est aujourd’hui prêté au jeu du test. Un exercice au cours duquel il a révélé des traits communs avec le Stelvio. La carrosserie par exemple est structurée de la même manière. Quant à ses courbes, certaines lignes rappellent celles du cousin, ce qui est plutôt une qualité. En fait, esthétiquement, le seul reproche qui pourrait être fait au Grecale concerne sa face avant. Peu inspirée, elle fait penser à celle du Ford Puma. Cela dit, lorsque le conducteur prend place derrière le volant, la calandre se fait vite oublier…

Habitacle léché

Savant mélange de tradition et de modernité, le cockpit, composé de trois dalles principales, est agencé avec beaucoup de goût. Les coutures sont parfaitement ajustées. Pourvu d’une multitude de boutons physiques plus que bienvenus, le volant jouit en son centre d’un moyeu recouvert de cuir, ce qui est suffisamment rare que pour être mentionné – la plupart du temps, cette pièce est en plastique moussé. Volontairement épuré, le tunnel central est dénué de levier de vitesses. La sélection des modes de conduite s’opère via quatre boutons physiques (P, R, N & D/M) situés entre les deux écrans de la console centrale. S’agissant d’un véhicule censé faire la part belle au dynamisme et au plaisir de conduite, les designers auraient pu avoir un peu plus de considération pour le levier de vitesses et en proposer un véritable. Dommage! D’autant plus que ces boutons ne sont pas rapides dans l’exécution des ordres qu’ils envoient.

Sur le volant, le satellite de droite permet de sélectionner le mode de conduite ad hoc. A gauche,  un second bouton anime le 4-cylindres 2.0 litres de 300 ch. Ce n’est pas la première fois qu’un moteur aux dimensions relativement modérées est installé sous le capot d’une voiture ayant une taille et un poids imposants; Porsche propose bien un Macan doté aussi d’un quatre-cylindres de 2 litres. En fait, ce procédé s’est diffusé avec l’introduction des  normes WLTP et des malus écologiques. A l’usage, le moulin doté d’un turbocompresseur et d’un compresseur électrique s’est montré au moins aussi souple que celui de ses principaux concurrents. 

Passé sportif oublié

Certes audible dans ses reprises, il n’amplifie pas le bruit dans l’habitacle. Sur la route, le véhicule rehaussé est évidemment plus proche du confort subtil d’une Quattroporte que du tempérament sportif d’une formule 1 250F! A vrai dire, aucun ingénieur Maserati n’a dû prendre en compte le passé sportif du trident à l’heure de concevoir le Grecale. La firme italienne a plus vraisemblablement réalisé une nouvelle voiture, bien dans son époque et notamment dotée d’une hybridation légère. Laquelle n’offre au Grecale – nom d’un vent frais du nord-est de la Méditerranée – qu’une légère poussée.

Au catalogue, le Grecale est disponible dans trois exécutions. Hormis la GT et son moteur de 300 ch, le SUV est également disponible dans une version Modena, forte de 330 ch. Et puis il y a la Trofeo, qui possède le moteur le plus puissant de la gamme. En l’occurrence, son V6 Nettuno développant 530 ch est emprunté à la MC 20, une voiture dans laquelle le moteur est nettement plus puissant (630 ch) et profite en outre d’un carter sec. D’un point de vue purement émotionnel, le 4-cylindres essayé ici ne procure aucun frisson. Néanmoins, si l’on juge rationnellement, il est un excellent choix dans la mesure où il répond à bien des attentes.

Un empattement plus important

Par rapport à l’Alfa Romeo Stelvio, le Maserati Grecale dispose d’un empattement allongé d’environ huit centimètres. Il mesure ainsi 2,901 mètres là où le Stelvio n’en fait que 2,818. Cela profite surtout aux passagers des places arrière, qui jouissent d’un espace aux genoux plus important. En revanche, cela péjore un comportement routier, qui devient moins joueur. Un sentiment que renforce également la direction. Moins directe, elle est elle aussi moins sportive et ne profite pas d’un aussi bon feeling. Cependant, le Grecale demeure très maniable pour un SUV de ce gabarit. 

Cela dit, c’est dans le calme et la sérénité que ce véhicule s’apprécie le plus. Aussi, le conducteur de Grecale cherchera davantage à enquiller les virages en suivant une ligne fluide plutôt qu’à les attaquer brutalement. C’est d’autant plus probable que le SUV a révélé une fâcheuse tendance à prendre du roulis en virage lorsque les modes «Comfort» et «GT» sont enclenchés. Les passagers pourraient même se sentir mal à bord. Heureusement, la position Sport permet de limiter dans une certaine mesure cet écrasement. Sur l’autoroute, le SUV révèle son meilleur visage puisqu’il est capable d’avaler avec brio les différentes aspérités du bitume.

Malheureusement, on peine à comprendre un tel parti pris «confort» pour Maserati. Le Grecale aurait davantage fait honneur à son badge et à sa tradition, s’il avait été plus sportif. En réalité, du point de vue du caractère, le Grecale conviendrait sans doute mieux à une marque comme Lancia, philosophiquement plus typée confort. Malheureusement, cette marque a l’Italie pour seul marché et l’Ypsilon pour seul modèle. Cela devrait changer dans le futur, Stellantis prévoyant de ressusciter l’enseigne.

Le sauveur de Maserati?

Avec le Grecale, Maserati devrait enfin obtenir ce qu’elle souhaite depuis très longtemps: avoir une auto capable de faire du volume. Même si son caractère pourrait être plus sportif, le Grecale plaira sans doute au plus grand nombre grâce à ses grandes qualités en matière de confort. Cependant, il n’en reste pas moins que Maserati se situe à un moment charnière de son histoire, l’identité qu’elle se reconstruit en ce moment est cruciale pour ses futurs projets. 

Pour autant, il ne faut pas croire que le Maserati Grecale soit un SUV raté. Au contraire, le SUV italien est indéniablement une réussite. Malheureusement – et c’est sans doute là son plus gros problème – le Grecale coûte cher, la version GT essayée dans ces lignes ne s’échangeant pas à moins de 86 600 francs.

Résultats

Note de la rédaction 76/100

moteur-boîte

Le moteur quatre cylindres n’est pas la pièce maîtresse du Grecale. Sa sonorité déçoit, mais il remplit autrement sa tâche avec dignité.

trains roulants

Le Grecale brille par un excellent équilibre, faisant honneur à sa lignée. Toutefois, le SUV semble indécis entre sportivitié ou confort.

Habitacle

L’habitacle est splendide, et n’a qu’un problème: certains matériaux sont «trop beaux pour être vrais», les pièces à l’apparence du métal sont en réalité en plastique. 

Sécurité

Le lot d’équipements est complet. Voilà un argument de poids face à la concurrence allemande, qui fait tout payer en sus.

Budget

Pour s’offrir un Grecale, il faudra ouvrir largement le portemonnaie. On obtient en contrepartie une voiture qui sort du lot et qui bénéficie de nombreux équipement de série. 

Verdict 

Le Maserati Grecale brille par de belles qualités, et promet encore plus. Basé sur la plateforme Giorgio, l’une des plateformes les plus raffinées sur le marché, le Grecale voit son potentiel retenu par la motorisation. Maserati n’a toutefois pas encore abattu toutes ses cartes nous attendons avec impatience la variante V6. 

Vous trouverez le fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

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