Le technophile

Le nouveau SUV du losange recèle d’innombrables technologies, non seulement en matière d’agencement mais aussi au niveau de ses équipements.

Départ pour le travail aux aurores, sans bruit, presque furtivement. Le démarrage du Renault Austral E-Tech s’opère par un bouton, puis une légère traction sur le sélecteur de vitesses, qui consiste désormais en un commodo situé à droite derrière le volant. Encore engourdi par un réveil (trop) matinal, l’automobiliste pourra se tromper dans les commandes, et actionnera les essuie-glaces par mégarde. Néanmoins, cette petite confusion est sans risque. Un faux mouvement peut aussi commuter la radio, car elle aussi à droit à un commodo pour elle toute seule, situé tout en dessous cette fois. Une bonne nuit de sommeil permet néanmoins de faire la distinction entre les quatre (!) commodo (il y a encore celui des clignoteurs à gauche) situés autour de la colonne de direction. Il y a néanmoins intérêt à avoir pris un bon café puisqu’il faut encore composer avec la myriade de boutons disséminés sur le volant.

Une fois accoutumé à ce nouvel agencement, l’automobiliste démarre. Le moteur thermique est d’autant plus sonore qu’il fait froid, comme s’il souhaitait rappeler qu’il y a bel et bien un moteur à combustion sous le capot. Ce trois-cylindres 1,2 litre typé longue course entre en action de manière assez véhémente, ses vibrations étant perceptibles jusque dans le volant. Après un temps de chauffe, le moteur turbo de 130 ch se fait subitement plus discret et accomplit son œuvre avec tact. L’entraînement électrique, alimenté par une batterie de 2 kWh, est toujours perceptible à l’accélération. Cette hybridation se compose d’un moteur de démarrage qui lance le bloc essence et le synchronise à la vitesse de marche, et d’une deuxième machine électrique placée contre la boîte de vitesses, qui sert de propulseur supplétif ou principal lorsque le moteur à combustion se met en veille. La bi-motorisation peut fournir jusqu’à 200 chevaux.

Y a de la joie!

La poussée est directe et immédiate. On ne perçoit un petit temps mort qu’au passage d’un rapport en charge, avec une légère secousse à la clé. S’il est difficile de reconnaître la source, ou le mix énergétique à l’origine du mouvement, le ressenti est tout à fait réjouissant. L’Austral E-Tech se montre dynamique et prêt à bondir à tout moment. Selon Renault, il est possible de couvrir jusqu’à 80% du tissu urbain sur la seule force électrique. En particulier si l’on adopte une conduite anticipative, en exploitant le couple de freinage et ses phases de récupération. Mais cela n’empêche pas le trois-cylindres de se réveiller à l’improviste durant un arrêt au feu rouge. Et de s’éteindre aussitôt au redémarrage. Surprenant, mais rien qui ne puisse entamer la vigueur de cette hybridation intégrale.

Sur la route hors agglomération, la conduite reste détendue. L’Austral se montre rapide et procure beaucoup d’agrément. En vertu notamment du système de direction sur les quatre roues baptisé 4Control. Un raffinement que proposait la voiture essayée dans ces lignes. Cet équipement paramétrable sur quatorze niveaux transforme le crossover en agile dévoreur de virages. A basse vitesse, l’orientation déphasée des roues arrière réduit le rayon de braquage à 10 mètres et des poussières, rendant l’Austral aussi maniable qu’une Renault Clio. Aussi, les manœuvres dans les parkings souterrains deviennent-elles un jeu d’enfant.

Aux allures routières, la direction se montre précise et gomme en partie la masse importante de la voiture. On peut aussi apprécier l’intervention nuancée de l’assistance au maintien de voie, qui démontre les progrès réalisés en la matière. Sur autoroute, avec le correcteur de trajectoire activé, l’Austral suit sa trajectoire bien centré sur sa voie. A cette allure autoroutière, l’essieu arrière s’oriente en phase avec les roues avant et les changements de voie deviennent d’autant plus tranchants. Les freins offrent en revanche un rendu moins convaincant, en raison d’une attaque des étriers un peu hachée, moins homogène que sur un véhicule tout électrique. Cela s’explique sans doute par la présence d’une petite batterie, dont la capacité de recharge est vite saturée. L’effet de récupération peut alors disparaître.

Rompu à toutes les tâches

L’habitacle confortable de l’Austral dégage une note sportive dans son exécution Esprit Alpine, avec des applications en Alcantara qui renforcent la belle qualité perçue; certains détails de finition sont carrément exemplaires et ne feraient pas mauvaise figure sur une auto au blason plus prestigieux. 

La console centrale est une réussite, tant esthétique que pratique. La poignée en arche qui la surplombe, au-dessus du chargeur à induction pour téléphone, ne sert pas de frein de stationnement; il s’agit d’un repose-main coulissant qui fait office d’appui pour une manipulation plus précise de l’écran tactile. Une vraie bonne idée qui pourrait faire école. On l’a vu, la colonne de direction est un peu surchargée avec ses trois leviers à droite, mais on s’habitue à la commande audio. Grâce à elle, nous interagissons avec  l’installation Harman-Kardon, un son remarquable. Dommage que le subwoofer condamne la roue de secours. Un grief vite oublié à l’écoute d’Oscar Peterson – concert live à Zurich de 1971 – qui donne toute sa mesure dans la Renault.

Les fonctions prioritaires comme le chauffage sont servies par des commandes physiques sous l’écran. C’est aussi le cas des feux de détresse, dont le bouton tout proche peut être enfoncé par mégarde. Cela n’arriverait pas avec de classiques molettes de réglage pour la température et la ventilation. En parlant de chauffage, celui-ci entre rapidement en action malgré les longues pauses du moteur essence, grâce à une pompe à eau électrique. 

Le tableau de bord numérique est configurable mais son champ est partiellement obstrué par la couronne du volant. A moins d’ajuster ce dernier de manière anti-ergonomique. On peut néanmoins se satisfaire du seul affichage tête haute, solution élégante pour contourner le problème. 

Econome à la pompe

Avec une consommation moyenne d’à peine 5,9 litres sur le parcours standardisé de la RA, l’Austral tient ses promesses et prouve le bien-fondé de l’hybridation électrique. Cette propulsion baptisée E-Tech par Renault étonne en outre par sa capacité de roulage électrique, en distance. Peut-être cette impression est-elle trompeuse, mais l’Austral sait assurément exploiter ses électrons quand il le faut. Par exemple en centre-ville, dans les parkings et tout autre zone à vitesse réduite. En revanche, sur de longs trajets d’autoroute, le moteur à combustion tourne en permanence et la consommation s’en ressent. Toutefois, les effets négatifs sont limités, puisque le crossover Renault brûle à peine plus de 6,5 l/100 km dans ces circonstances, soit un relevé conforme à son poids et sa cylindrée. A l’agrément de conduite s’ajoute donc un rendement convaincant, qui démontre le haut niveau de compétence technique du constructeur français en matière de propulsions alternatives! 

Résultats

Note de la rédaction 78/100

moteur-boîte

La chaîne cinématique hybride travaille dans la discrétion, le conducteur ne s’aperçoit pas de toute la technologie embarquée. La propulsion est puissante et volontaire. Dommage que le 3-cylindres soit si bruyant à froid.

trains roulants

Grâce à l’essieu arrière multibras, le châssis du SUV de Renault a gagné en précision. Les quatre roues directrices sont un réel avantage.

Habitacle

Dans sa finition Esprit Alpine, les matériaux semblent de grande qualité et bien finis. Les sièges ont une coupe sportive. A l’arrière, il y a beaucoup d’espace pour les genoux et une banquette arrière coulissante. 

Sécurité

Renault a doté l’Austral de 32 systèmes d’aide à la conduite. L’effet de l’assistant de maintien dans la voie est bon, car peu intrusif et maintient parfaitement l’auto au centre de la voie.

Budget

L’Austral en offre beaucoup eu égard de son tarif. Il est en outre intelligemment conçu et agréable à employer au quotidien.

Verdict 

L’Austral combine avec brio ses deux machines électriques, son 3-cylindres suralimenté, ses quatre roues directrices et ses nombreux dispositifs d’assistance. Au quotidien, cet ami des familles s’est révélé être un partenaire extrêmement agréable, prodiguant un réel plaisir de conduite au volant.

Vous trouverez le fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

Kommentieren Sie den Artikel

Bitte geben Sie Ihren Kommentar ein!
Bitte geben Sie hier Ihren Namen ein

Diese Website verwendet Akismet, um Spam zu reduzieren. Erfahre mehr darüber, wie deine Kommentardaten verarbeitet werden.