La Bête fait son numéro

Les 666 chevaux du V8 biturbo enflamment le Lamborghini Urus Performance, qui devient sacrément tentant, entre performances et comportement routier bestiaux.

Non, il n’y a aucune émanation de soufre en provenance du V8 biturbo de 666 chevaux. Du bruit, oui, beaucoup; des performances d’un autre monde, également. Le Lamborghini Urus «Performante» – comme si celui de base ne l’était pas, avec 650 ch – se pose comme l’un des rares SUV sportifs tentants – même si ce n’est pas si évident, à première vue. L’augmentation de 16 ch est en effet très modeste; on nous explique chez Lamborghini que le V8 arrive «à ses limites» et qu’il aurait fallu refaire toute la chaîne cinématique pour renforcer dramatiquement la cavalerie. La priorité, nous dit-on, portait plutôt sur l’agilité. La liste des interventions est aussi limitée, elle comprend un accélérateur plus réactif, un différentiel à vectorisation de couple, une assiette abaissée de 20 mm grâce à de nouveaux ressorts en acier, des voies avant et arrière élargies de 16 mm et un allègement de 47 kilos, par l’emploi de matériaux allégés. Le spoiler arrière, après un retour sur la planche à dessin, génère 38% d’appui en plus. Reste qu’une voiture, c’est bien plus que la somme de ses parties, l’art de la mise au point et du calibrage fait toute la différence; c’est ce que notre essai routier sur les routes partiellement enneigées autour de Copenhague nous a confirmé. 

Difficile à première vue de différencier l’Urus Performante de la mouture S. Lambo soutient que la longueur de l’auto a été augmentée de 25 mm et que les pare-chocs avant et arrière ont été redessinés, mais les designers ont eu la main très légère. On ne reconnaîtra pas les déclinaisons Performante à leur capot avec leur échancrure en carbone, disponible aussi sur l’Urus S. 

Trop Audi à l’intérieur

En passant à l’intérieur, nous sommes sur la même lignée, la signature de l’Urus Performante étant circonscrite à quelques détails, tels que les coutures des sièges en cuir avec motif hexagonal ou un volant en Alcantara. En revanche, le sélecteur des profils de conduite dispose d’une proposition inédite, très intrigante: le mode Rally. Nous le testerons dès que les conditions le permettront, nous nous élançons pour l’heure dans la modalité Strada, «route» en italien. Sous ce profil, l’Urus Performante montre un visage de SUV bien élevé, utilisable au quotidien, aussi en vertu de sa position de conduite bien pensée ou de la place à bord. Est-on vraiment assis dans une Lamborghini? On est en droit de se le demander, aussi à cause des trop nombreux éléments repris à l’identique d’une Audi Q8: infodivertissement, ergonomie, tableau de bord, boutons, commodos, manettes et autres leviers. On peut exiger plus d’exclusivité, quand on débourse plus de 218 000 euros au minimum! 

Néanmoins, quand on bascule le levier de type aviation sur les autres modes de conduite, sur «Rally» en particulier, l’Urus redevient une Lamborghini. La boîte automatique 8 tombe immédiatement deux ou trois rapports et le V8 biturbo se met à aboyer très fort – aussi, hélas, au travers des enceintes; le constructeur a utilisé cette astuce bon marché pour stimuler les occupants. En revanche, il n’y a rien de factice dans la poussée monumentale du V8, un prodige de force et puissance, balayant les 2150 kg de l’Urus Performante comme une feuille morte. Plus que par l’accélération brutale – le 0 à 100 km/h ne prendrait que 3,3 s – c’est par son caractère de «sale gosse» que le V8 séduit, les 850 Nm de couple maximal martelant violemment les quatre roues au moindre effleurement de la pédale; ce n’est qu’à 6500 tr/min qu’il s’accordera un répit. Le véritable tour de force de l’Urus Performante se remarque dès que la route tourne: en mode Rally, le SUV de Sant’Agata Bolognese devient sauvage, avec des ruades du train arrière à chaque accélération appuyée, roues braquées. Le sentiment d’agilité qui découle de cette bestialité est ahurissant, impossible de croire qu’on nous sommes dans un SUV de 5,14 mètres de long, capable d’emmener cinq occupants en voyage. Seul le Cayenne Turbo GT, dans cette catégorie, propose ce niveau d’agilité, mâtiné de férocité. Même la direction, délicieusement acérée participe à cette illusion; dommage qu’elle ne soit pas plus communicative. La différence en puissance avec l’Urus S est faible, mais le Performante l’écrase par son côté joueur, si bien qu’il devient le choix obligé entre les deux. Mieux, il est l’un des rares SUV pour lesquels on se damnerait.

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