Volvo s’est souvent érigée par le passé en championne des solutions de transport raisonnables, pratiques et intelligentes. Le présent n’est guère différent, les modèles plug-in et tout électriques dont la gamme s’étoffe depuis plusieurs années perpétuent cet esprit. D’ailleurs, les autres marques du groupe Geely – auquel appartient Volvo – accompagnent la marque suédoise dans cette marche forcée vers les propulsions alternatives; la Lotus Eletre en est l’exemple le plus récent. L’appartenance à un groupe permet des synergies, Volvo peut ainsi mettre la main sur la plateforme CMA – nommée P6 en interne, chez les Suédois – pour y construire la Polestar 2 et la C40. Contrairement à la version à deux moteurs de 408 chevaux, le C40 Recharge de cet essai se contente d’une seule machine électrique, logée sur l’essieu arrière. Le SUV suédois, construite en Belgique, développe dans cette mouture 231 ch et 330 Nm de couple; les performances ont été ainsi troquées contre davantage d’autonomie en usage quotidien. Cette polyvalence augmentée permettra de penduler tranquillement entre le domicile et le travail, en faisant un détour par le centre commercial. Les week-ends, l’autonomie à disposition suffira pour les excursions plus lointaines, même s’il faudra parfois une halte pour la recharge.
L’ergonomie du C40 s’appuie en grande partie sur la commande vocale… et sur notre confiance en Google. Selon Volvo, cette interface serait si efficace qu’il serait possible de piloter toutes les fonctions disponibles dans l’habitacle par la voix, en lançant un «bonjour Google» en préambule. Dans les faits, surprise: quelle que soit la requête, on obtient toujours une réponse ou une action efficace, ce qui finit par convaincre même les esprits les plus sceptiques, comme les partisans des boutons physique. Cet assistant numérique est drôlement performant à l’usage. Ce n’était pas gagné car de nombreux constructeurs nous avaient promis monts et merveilles avec la commande vocale, mais en réalité Volvo – merci Google – est l’un des rares à tenir parole en la matière. Autre avantage qui ravira les maniaques de la propreté: c’est la fin des traces de doigts sur l’écran tactile!
Matériaux décevants
Si la commande vocale marque des points, on reste perplexe face à la qualité de certains matériaux de l’habitacle. Volvo nous avait habitué à bien mieux, notamment sur le XC60, qui faisait office de référence aussi bien en matière d’esthétique que de finitions. Dans le C40, la pauvreté des habillages de montants B et C, ou encore des lacunes d’assemblages sur le tableau de bord sont bien décevants. Certains panneaux paraissent bien minces et sonnent creux, quand bien même le mobilier semble robuste. Les inserts sombres de notre modèle d’essai n’apportent pas non plus la note luxueuse escomptée, mais ils auront l’avantage d’être moins salissants au quotidien. Bon point en revanche pour le volume habitable, franchement impressionnant. Et ce n’est pas juste une question de quantité, mais aussi de qualité, la position de conduite est très bonne, dans la pure tradition de la marque. Les choses sont un peu différentes à l’arrière, en raison d’assises à peine plus épaisses qu’un toast. Les centimètres de mousse ont été rognés au profit des cellules de la batterie, placées sous les fesses des occupants; les découpes de portières sont taillées au plus juste, au détriment de l’accès à bord. Derrière le hayon, on découvre un coffre facile d’accès et modulable, au plan de charge un peu élevé, mais qui reste régulier lorsqu’il faut le prolonger en rabattant les dossiers arrière.
Au niveau de sa vigueur, les 231 chevaux de notre C40 d’essai sont beaucoup moins sportifs que les 240 canassons qui propulsaient la Volvo 850 T5-R d’il y a 30 ans. Certes, la vénérable berline était plus légère, mais la fée électricité, dans sa pieuse mission d’éliminer les émissions nocives, gomme les sensations. Le Volvo C40 à deux roues motrices réussit des accélérations vives, avec un
0 à 100 km/h en 7,4 s – mais il n’est pas du genre survolté. Rien à dire du côté du châssis: dynamique et confortable, il est à la mesure de la motorisation, à savoir sage et efficace. A tel point qu’on devine difficilement le poids conséquent du C40.
Cette Volvo électrique est à prendre comme elle est: rationnelle et rigoureuse. Elle ne cherche pas à singer d’autres protagonistes de la mobilité électrique aux capacités de dragster, déguisés en familiales – toute allusion à Tesla n’est pas fortuite. Nous avons affaire ici à une voiture électrique qui tente simplement d’être l’égale d’une bonne voiture à essence, et qui y parvient sans tomber dans l’excès.
Une halte en guise d’opportunité
Le C40 repose sur de bonnes bases, mais faut-il encore qu’il utilise ses réserves d’énergie à bon escient. Nos relevés font état d’une consommation d’électricité conforme aux normes de la catégorie, mais certains concurrents font mieux en matière d’autonomie. Durant cet essai hivernal, il ne nous a pas été possible d’approcher la barre des 400 km promis. Il faudra interrompre l’agréable voyage, tout en silence, au bout de 300 km environ. Difficile de sortir de ce cocon douillet pour affronter le froid et accrocher la voiture à la borne de recharge, mais il est possible de laisser le chauffage en marche, pendant que la voiture se revigore en électrons. On en profitera pour répondre à un courriel ou passer un coup de téléphone. Il est ensuite possible de reprendre sa route après moins de 30 minutes, si bien que les trajets de 500 km sont envisageables avec une courte halte; 28 minutes suffisent sur une borne de 150 kW pour récupérer 80% de la batterie. Un trajet qui se déroulera dans la sérénité, grâce aux nombreuses aides à la conduite qui regardent par-dessus votre épaule. Il faut simplement espérer que la colonne de recharge délivrera la puissance promise; dans ce cas-là, le Volvo C40 Recharge est pratiquement aussi facile à vivre qu’une voiture thermique, se posant en offre équilibrée. Et nous n’avons pas encore abordé les atouts qui parlent complètement en sa faveur et qui font du C40 une véritable Volvo: la confiance qu’il inspire. Tout fonctionne sans anicroche, tout semble construit pour durer, comme sur les autres modèles de la firme. En ce sens, ce crossover fait office de trait d’union entre la tradition de la marque et le futur électrique. La firme suédoise fait un pas supplémentaire vers un monde automobile totalement affranchi des moteurs à combustion; elle le fait à sa manière, avec une sobriété toute scandinave, sans excès en termes de style, de masse ou de puissance.
Résultats
Note de la rédaction 65.5/100
moteur-boîte
Le C40 recharge fait partie des voitures électriques qui ont choisi de mettre la puissance au service de la souplesse au quotidien, plutôt que de la dépenser pour des accélérations faramineuses.
trains roulants
Le comportement routier est équilibré, le confort élevé. Le poids du véhicule se ressent peu dans les virages rapides et les freinages appuyés.
Habitacle
Le choix de couleurs de notre modèle était un peu triste et les matériaux sont bon marché par endroit. On se sent vite à l’aise dans ce véhicule familial, aussi grâce à une commande vocale réussie.
Sécurité
L’équipement de sécurité, complet, reste un point fort de Volvo. La visibilité facilite les manoeuvres.
Budget
La politique d’options comparable à celle des constructeurs allemands fait vite grimper le tarif à un niveau vertigineux. En ce sens, le C40 recharge mérite le label «premium».
Verdict
L’autonomie pourrait être meilleure, elle souffre sensiblement des températures hivernales. Toutefois, la recharge de la batterie est relativement rapide. Le C40 Recharge, qui ne dispose que d’un seul moteur, est un choix raisonnable parmi les SUV compacts électriques. Pas de coup d’éclat, mais pas de grand défaut non plus.
Vous trouverez le fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.