A double tranchant

Plus aiguisée sur circuit qu’une Alpine A110 GT, la déclinaison S n’est pas forcément la plus amusante à rouler tous les jours.

Il y a donc de l’espoir. Les résultats d’Alpine – la firme a vendu 33% d’autos en plus entre 2021 et 2022 – mettent en effet du baume au cœur des passionnés. Les amateurs de sensations ont effectivement de quoi désespérer dans un monde où les SUV et l’électrification dictent leur loi. Ces succès d’Alpine ne sont pas le fruit du hasard, la marque française a porté le nombre de déclinaison de l’A110 à quatre, depuis l’arrivée de l’arrivée de la radicale A110 R. 

Juste un cran en-dessous de la R, nous retrouvons notre A110 S de test. Celle-ci se veut une variante davantage imprégnée du monde des circuits que la «routière» A110 GT, grâce à des ressorts raffermis de 50% et des barres anti-roulis recalibrées. En mettant la main au porte-monnaie, on peut augmenter l’appui grâce à une lame en carbone à l’avant (+60 kg) et un spoiler à l’arrière (+81 kg). Ce sont ainsi 141 kg de masse d’air qui viennent presser la berlinette au sol.  

L’habitacle délaisse également le cuir chatoyant de la variante GT pour un tissu microfibre plus sobre. On appréciera surtout les excellents sièges baquets, même si l’absence de réglage en hauteur gênera les grands gabarits. On fermera aussi les yeux sur les nombreuses pièces d’origine Renault, c’était le seul moyen de proposer la berlinette à un prix accessible (dès 79 900 francs pour la S). Il n’y a que le régulateur de vitesse, à l’ergonomie absurde, qui mérite un carton rouge: ses commandes semblent avoir été réparties au hasard sur le volant et ne sont pas rétroéclairées. De plus, l’interrupteur de marche-arrêt est incrusté sur le tunnel central, pile à l’endroit où repose le coude. Conséquence inévitable, on désactive souvent le régulateur de vitesse par mégarde. Appuyons plutôt sur le gros bouton «Start», pour couvrir nos jérémiades par le puissant grognement du 1.8-litre turbo. Le 4-cylindres disposé en position centrale reste à 300 ch, comme sur la GT ou la R. Ce sont toutefois les 340 Nm disponibles dès 2000 tr/min qui le rendent particulièrement attractif, la berlinette s’élançant – et relançant – avec une hardiesse addictive. 

La légèreté, cet incontournable

Cette réactivité est précieuse dans les enchaînements de virages serrés, là où l’A110 S montrera sa raison d’être: le petit coupé se faufile dans les courbes avec grâce et rigueur, peu de mouvements parasites perturbent ce fougueux ballet dans les lacets routiers. C’est là qu’on se souvient à quelle point la française est fluette, avec ses 1140 kg mesurés; chaque coup de volant nous rappelle à quel point la légèreté est – et sera toujours – un ingrédient incontournable pour le plaisir de conduite.   

Néanmoins, même si l’Alpine A110 S est capable de vous faire décrocher de larges sourires, elle peut aussi vous faire grincer des dents. Sa suspension rude fera sauter quelques plombages sur mauvaise route et rendra les longs voyages autoroutiers pénibles – aussi en raison du lancinant bourdonnement du moteur. D’ailleurs, à très haute vitesse, l’essieu avant pèche toujours par une certaine instabilité, en dépit de l’appui additionnel. Il faut tenir fermement le volant des deux mains, le train avant «s’engouffrant» dans la moindre ornière. Relevons que notre modèle d’essai souffrait de vibrations dans la direction, probablement à cause de roues mal équilibrées. A cela s’ajoute qu’une A110 GT sera plus amusante sur route ouverte mais, ceux qui liment régulièrement les circuits trouveront leur bonheur dans l’A110 S. La R est certes plus radicale, mais son surcoût de 30 000 francs par rapport à une A110 S ne se justifie pas. 

Résultats

Note de la rédaction 78.5/100

moteur-boîte

Moteur vigoureux, mais linéaire. Boîte rapide, sauf au rétrogradage.

trains roulants

Les suspensions raffermies de l’A110 S augmentent l’efficacité de la berlinette plus que son fun. Sur mauvaise route, elles sont cassantes. 

Habitacle

Les sièges baquets dispensent un bon maintien. On regrette pour quelques fautes d’ergonomie ou le système audio Focal, qui est moyen.

Sécurité

La sécurité se mesure ici à la capacité de freinage, les assistants de conduite sont inexistants. Bonne nouvelle, les freins sont excellents.

Budget

Le prix peut paraître élevé, mais en comparaison avec une Alpine A110 R, à peine plus efficace, l’Alpine A110 S est en réalité une bonne affaire. 

Verdict 

Moins radicale que la R, mais vendue à un prix nettement plus attractif, l’Alpine A110 S sera le choix de ceux qui liment occasionnellement les circuits. Ceux qui s’en tiennent éloignés auront nettement plus de plaisir avec une variante GT.  

Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

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