Toute la lumière sur les logos rétro-éclairés

L’Europe vient de lever l’interdiction des logos lumineux. Quel est le cadre légale entourant cette technologie et à quelles marques profite-elle le plus?

Les logos rétro-éclairés n’ont rien de nouveaux; nombreux sont les véhicules à «mettre en lumière» leur appartenance à leur famille, tant à l’avant, sur leur calandre ou leur capot qu’à l’arrière, sur leur hayon ou sur leur malle de coffre. C’est notamment le cas de Rolls Royce qui propose, en option d’illuminer son emblème, le célèbre «Spirit of Ecstasy». Même au sein des catégories de voitures moins huppées, VW offre aussi sur ses différents véhicules électriques des logos avant et arrière rétro-éclairés.

A ce stade, la plupart des amateurs d’automobiles se disent qu’il y a un problème; jamais ils ne se souviennent d’avoir croisé un quelconque emblème rétro-éclairé, ni sur une Rolls Royce ni même sur une VW d’ailleurs. C’est normal: en Europe, le législateur prive les constructeurs de cette possibilité. Au contraire, aux Etats-Unis ou en Chine, les voitures bénéficiant de ladite technologie sont autorisées à rouler en parant leurs armoiries de lumière, et ce depuis un certain temps déjà. Voilà qui explique pourquoi il n’est pas rare de croiser aux USA une ID.4 avec des logos lumineux.

Le Touareg sera la première Volkswagen à étrenner un logo illuminé en Europe. Seule la face arrière en comptera un, aucun à l’avant.

Changement de législation

Heureusement, tout cela est en passe de changer puisque depuis le 4 janvier 2023, les constructeurs automobiles commercialisant des véhicules sur le Vieux-Continent ont enfin obtenu ce qu’ils désiraient: la carte blanche des instances européenne de faire briller leur blason. Enfin, les termes «carte blanche» sont peut-être un peu trop forts pour décrire cette autorisation car l’Europe étant ce qu’elle est, elle a, comme à son habitude, placé cette technologie dans un cadre légal très strict. Celui-ci est clairement défini par des amendements aux réglementations UN-ECE R48 et R148. Elles classent les emblèmes illuminés dans la catégorie des feux de position. Ainsi, contribuent-ils à mieux signaler l’auto auprès des autres utilisateurs de la route, mais ils ne permettent pas au conducteur de mieux voir. 

Évidemment dans la plupart des cas, les logos rétro-éclairés s’allumeront dès lors que le contact est enclenché, voire dès que l’habitacle est déverrouillé. Cela dépendra bien évidemment du jeu de lumière souhaité par le constructeur. A noter à ce propos que l’Europe autorisait déjà l’allumage de logos sur les véhicules stationnés. Les règles établies par le législateur européen concernent avant toute chose la taille du logo. Celui-ci ne peut pas dépasser les 100 cm². Plus précisément, la surface délimitée par les bords extérieurs de l’emblème ne doit pas dépasser les 100 cm². Bien entendu, cette règle touche différemment les constructeurs. Dans le cas des logos ronds, comme ceux de BMW, Mercedes-Benz, Nissan, Opel, ou VW par exemple, le diamètre du cercle peut mesurer jusqu’à 11,3 cm (aire d’un cercle = π x rayon² = 100 cm²). Cela peut sembler suffisant mais en fait, un disque de 11,3 cm est tout petit en comparaison de la face avant de certaines grosses voitures. C’est d’ailleurs pour cette raison que la première VW à profiter d’un logo lumineux en Europe, le Touareg de troisième génération restylé (dont le dévoilement est imminent), n’aura recours à un emblème rétro-éclairé que pour sa face arrière. Les designers ont en effet jugé qu’un logo illuminé de 11,3 cm ferait bien pâle figure sur l’immense calandre avant du SUV.

Primeur pour le Tavascan

Avant le Touareg, c’est le Cupra Tavascan, présenté il y a deux semaines, qui a eu la primeur des logos rétro-éclairés au sein du groupe VW. A l’inverse du SUV de VW, le Tavascan affiche des logos lumineux non seulement à l’avant mais aussi à l’arrière. C’est vrai que le signe tribal en triangle du logo Cupra est particulièrement bien approprié aux règles fixées par le législateur européen. En effet, les triangles (aire d’un triangle = (base × hauteur) ÷ 2  = 100 cm²) ne font pas ridicules, même sur la face avant d’un gros véhicule, sa base et sa hauteur pouvant avoisiner les 14 cm. Avec son logo triangulaire représentant trois diamants, Mitsubishi pourrait également profiter de proposer un logo éclairé sur ses produits.

Le concept de Renault 5 dévoilé en 2021 par Luca de Meo lors de la présentation du plan stratégique «Renaulution» étrennait lui aussi un logo lumineux. Et pour cause, les losanges (aire d’un losange = (grande diagonale x petite diagonale) ÷ 2  = 100 cm²) ont une forme idéale, leur grande diagonale pouvant aller jusqu’à 20 cm et leur petite jusqu’à 10 cm par exemple. Il faut aussi dire que la face avant d’une petite citadine électrique comme la R5 n’a pas besoin d’un énorme blason. Il reste tout de même à savoir si la version définitive de série de la française profitera elle aussi de cette technologie.

Lettrage illuminé interdit

D’autres marques, en revanche, sont moins vernies par la règlementation. Si l’on verrait bien la lettrine arrière «PORSCHE» des 911 s’illuminer, c’est tout bonnement impossible sur le plan légal puisque l’éclairage d’un lettrage n’est pas autorisé, seuls les logos le sont. Exit aussi les noms de modèles et les logos spécifiques de versions spéciales. De toute façon, dans le cas de Porsche, il faudrait que l’aire comprise entre la première lettre (P) et la dernière (E) soit inférieure ou égale à 100 cm², ce qui réduirait la taille de ce lettrage à quelque chose comme 20 cm de long sur 5 cm de haut (aire d’un rectangle = longueur x largeur = 100 cm²). C’est clairement trop petit. En revanche, les constructeurs présentant un logo plus petit au format rectangulaire semblent avantagés par la règlementation. Avec ses quatre anneaux, Audi en est un bon exemple. Dacia aussi avec son nouveau sigle «DC».

La taille du logo n’est pas le seul critère fixé par le législateur. Afin de former une unité cohérente avec les autres sources lumineuse qui l’entourent, le logo rétro-éclairé ne doit pas se trouver à plus de 7,5 cm d’un autre point lumineux. Autrement dit, il est impossible pour les constructeurs de conserver l’ancienne configuration lumineuse des véhicules, qui rejetait les deux phares aux extrémités de la face avant. La solution pour relier phares et logo, c’est le bandeau lumineux. C’est d’ailleurs pour cette raison que toutes les voitures de série précédemment citées et présentant un logo rétro-éclairé affichent une plinthe de lumière. Il faut donc s’attendre à ce que ce genre de signature lumineuse, qui avait déjà le vent en poupe, devienne encore plus populaire dans les mois et années qui viennent. A noter également que la couleur du logo doit être identiques à celle des phares qu’il côtoie. Pas question donc de mettre des phares rouges à l’avant et bleus à l’arrière. C’est rouge à l’arrière et blanc/jaune à l’avant.

Deux logos lumineux au maximum

En outre, il ne peut y avoir au maximum que deux logos lumineux par véhicule. Bien évidemment, dans la plupart des cas, les constructeurs opteront sans doute pour la configuration logique d’un logo à l’avant et d’un autre à l’arrière. Mais en théorie, il leur serait aussi possible de développer une signature lumineuse caractérisée par deux emblèmes lumineux à l’arrière ou deux à l’avant. L’idée peut sembler ridicule et pourtant, force est de constater que si la BMW M1 profitait d’un look sensationnel, c’était notamment grâce à ses deux logos (non éclairés à l’époque évidemment) sis aux extrémités de sa face arrière.

Sur le plan technique, le développement des logos lumineux n’a rien de compliqué puisqu’ils profitent directement de l’énorme travail réalisé par les ingénieurs automobiles sur les optiques au cours des dernières décennies. Il n’est néanmoins pas si aisé pour les constructeurs d’intégrer la technologie dans les modèles de véhicules déjà existants puisque les emblèmes lumineux ont besoin d’un certain espace, nécessaire au refroidissement des «ampoules» et de leur contrôleur. Dans le cas du Touareg, qui n’est qu’un modèle restylé, VW semble avoir résolu ce problème en intégrant le blason dans le bandeau lumineux, plus épais. Cela dit, pour les constructeurs, le plus grand défi entourant les emblèmes rétro-éclairés consiste à mettre les législateurs, les ingénieurs et les designers d’accord. Il faut en effet que les sigles rayonnants remplissent non seulement toutes les exigences légales, soient réalisables sur le plan technique mais aussi et surtout apportent une plus-value sur le plan esthétique. A ce propos, il conviendra de ne pas abuser de l’utilisation ce qui n’est finalement qu’un gadget. Décliner les logos rétro-éclairés à toutes les sauces et sur tous les modèles pourrait vite relever de la faute de goût. Et l’indigestion de guetter. 

Les logos lumineux dans l’histoire

Si les logos lumineux étaient interdits jusqu’il y a peu en Europe, cela n’a pas toujours été le cas. L’un des premiers constructeurs à les avoir utilisé n’est autre que le constructeur automobile britannique Wolseley, qui avait fait de ses insignes lumineux une sorte de marque de fabrique, de 1932 jusqu’à 1975, année de la disparition de l’enseigne. De l’autre côté de l’Atlantique, l’une des premières autos américaines à avoir étrenné un blason éclairé était la Chrysler 300L de 1965. Le gadget la différenciait subtilement d’une 300 standard. Plus tard, en 1986, la Mercury Sable a lancé la calandre éclairée, mais le logo ne s’est allumé qu’en 1989 seulement, lorsque Mercury a doublé le nombre d’ampoules présents dans sa calandre pour le porter à quatre. En 1992, la plupart des Mercury profitaient de pareille calandre sur leur face avant.

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