Une place au soleil

Fiat réinvente la 500 et montre ce que les électriques peuvent – et ne peuvent pas – faire. Mais l’auto est-elle aussi plaisante qu’auparavant?

Malgré son lancement remontant à plus de 15 ans, la Fiat 500 «thermique» se classe toujours dans le top 10 des statistiques de vente européennes. Or, celle qui va lui succéder est déjà prête depuis belle lurette, plus précisément depuis 2020. La 500e (pour électrique évidemment) aurait en effet dû être présentée au monde entier lors du Salon de l’automobile de Genève. Mais les choses étant ce qu’elles furent – la pandémie de Covid 19 –, elle a dû se contenter d’un lancement plus discret, puisque diffusé entièrement par voie numérique. Un détail avant de commencer: la 500e est construite à Mirafiori, dans l’usine traditionnelle de Fiat à Turin (I) et non plus à Tichy, en Pologne, comme la voiture à combustion. Voilà qui octroie d’emblée un bon point à la petite citadine italienne.

Bien que les 500e ne partage aucun composant mécanique, technologique ou extérieur avec la 500 thermique, elle est son véritable portrait craché. D’ailleurs, les non-initiés confondront sans peine les deux autos. Le designer en chef de Fiat et vice-chef du design au sein du groupe Stellantis (père notamment de la glorieuse Maserati MC20), Klaus Busse, a bien fait de ne pas trop modifier les lignes dessinées par son prédécesseur, Roberto Giolito. Les porte-à-faux courts ont été conservés, tout comme l’arête nette sur la ceinture de caisse. Et la version électrique de la Fiat Cinquecento a conservé ses yeux d’enfant, même si le concept d’éclairage à LED est totalement différent. La décision de Turin de conserver la berline cabriolet 500C dans sa version électrique est également très réjouissante. La petite italienne est ainsi unique parmi ses concurrentes, qui ne sont de toute façon pas si nombreuses que cela. Jusqu’à présent, peu sont les constructeurs à avoir remarqué que le calme souverain d’une propulsion électrique était idéal pour les cabriolets.

Petit adieu à «l’italianità»

La 500e met fin à une vieille maladie des voitures italiennes, qui est particulièrement visible sur la 500 thermique. Finie la mauvaise position d’assise, typique de la grenouille, avec les jambes repliées à cause des pédales trop proches et d’un volant trop éloigné. Sur la nouvelle 500e, le rapport est correct, même pour ceux qui ont de longues guiboles. Et si les sièges restent toujours très étroits, ils sont tout de même un peu plus grands qu’auparavant. De manière générale, les passagers sont mieux assis que ne le laissent supposer ses dimensions. Il faut toutefois s’habituer à la position de conduite droite, qui n’est pas sans rappeler celle d’un ludospace. 

En revanche, la visibilité panoramique est excellente, ce qui est particulièrement judicieux pour une voiture urbaine comme la 500e. Si les quatre boutons du sélecteur de vitesse n’ont franchement pas grand-chose pour eux, la structure générale des commandes est sophistiquée et les matériaux utilisés donnent une impression de bonne qualité. La 500 thermique, qui reste en production, avait particulièrement bien brillé dans ce domaine; avec des matériaux d’habitacle relativement sobre, Turin avait réussi à faire du solide. La nouvelle 500 électrique réitère cet exploit. Bien plus noble, elle n’est plus aussi facile à «entretenir». Explications: pour une voiture destinée au transport occasionnel d’enfants, la couleur claire de l’intérieur, comme celle de la voiture de test, n’est définitivement pas recommandée. Cela dit, on reste rarement des heures dans les sièges de la 500e, vu l’autonomie modérée. Néanmoins, on y patiente longtemps lors de la recharge à la borne publique. Et grâce au toit ouvrant, on peut être joliment bronzé en été, voire brûler comme une écrevisse.

Rock ’n’ Roll

Il y a néanmoins une chose que la nouvelle 500 partage avec sa prédécesseure: la dureté de ses suspensions! La 500 de dernière génération transmet les irrégularités de la route de manière aussi sèche et parfois aussi «choquante» que la 500 thermique. Ceux qui espéraient que l’augmentation significative du poids due à la batterie ferait de la petite turinoise un tapis volant se sont trompés. En revanche, ce qui est génial avec ce châssis, c’est qu’il s’adapte parfaitement aux caractéristiques dynamiques de la propulsion. La 500e enchaîne les virages comme sur des rails, même si la direction semble un peu trop souple. S’il fallait auparavant une Abarth pour sprinter au feu rouge ou pour monter sur l’autoroute, la Fiat électrique parvient à s’accrocher avec véhémence. Et ce aussi bien en ligne droite que dans les virages, que ce soit en montée ou en descente. La petite électrique est une grande citadine. Certes, nous aimions les petites voitures pétillantes d’autrefois – à boîte manuelle, bien sûr – que l’on pouvait cravacher à travers un centre-ville très fréquenté, comme lorsque l’on menait une Fiat Panda à vive allure à travers Turin ou même dans le chaos de la circulation romaine. Un plaisir, d’ailleurs, qui devrait être protégé au patrimoine mondial de l’Unesco! La 500e maîtrise également très bien ce jeu, cette façon de se faufiler avec plaisir dans les petites ruelles étroites. Dans le cas de cet essai, la petite italienne a néamoins dû se contenter de la «Bellevueplatz» et plus largement du centre de Zurich. Point de pavés méditerranéens à l’horizon donc. Pour le reste, la Fiat accélère et freine correctement, ce qui ne manque pas de mettre en confiance. A ce propos, il est heureux que la 500 électrique dispose d’un châssis spécifique et non de l’une ces plateformes banales issues du groupe Stellantis.

Le petit plus

Il y a longtemps que le prix de la 500e et sa propension à la consommation ne sont plus très «Fiat». Oui, la 500e coûte cher pour une petite auto qui ne va pas très loin. Voilà qui jure avec l’ancienne, bon marché. Fiat tente de justifier ce tarif élevé par la nature (électrique et chic) de la petite auto, bien loin de l’univers spartiate que présentait la toute première 500. La consommation est toutefois dommageable et prouve que cette européenne est elle aussi assez éloignée de l’approche intégrale, et donc optimisée en termes de consommation. En continuant à miser sur différents fournisseurs qui développent leurs composants séparément et en tentant de les coordonner après coup, Fiat commet sans doute une erreur d’appréciation. Ce qui est certain, c’est que la peur de la panne sèche est toujours présente dans la Fiat électrique. Dans les moments de forte consommation d’énergie, comme dans une montée par exemple, la barre de l’indicateur de réserve du tableau de bord tombe beaucoup trop vite vers zéro. Certes, la 500e suffit aux besoins quotidiens d’un pendulaire mais il ne faut pas espérer faire de longs trajets agréables avec elle. Ou alors, il faut prévoir un très grand nombre de pauses. Dans ce cas, nous recommandons la côte italienne, «per il caffè!», bien entendu.

Le coffre de 180 litres est minuscule. Dans sa volonté d’inclure la vitre arrière dans la capote, comme sur l’ancienne 500 cabriolet, Fiat a sacrifié le volume au profit du style. Et son accès n’est pas facile non plus puisqu’il faut se pencher pour charger et décharger des objets. Mais comme il n’y a de toute façon pas de place pour placer grand-chose, il est vrai que ce problème est partiellement résolu… en quelque sorte. De toute façon, la Fiat 500e est une voiture essentiellement destinée aux célibataires, voire aux «dinks» (double salaire, mais pas d’enfants). Reste qu’elle reste aux yeux de beaucoup très jolie. Et donc particulière dans le cœur de certains automobilistes. Voilà qui lui permet de se démarquer des autres nouvelles voitures électriques. 

Résultats

Note de la rédaction 69/100

moteur-boîte

La 500e est pleine de peps dans ses accélérations tout en restant discrète sur le plan acoustique. Le haut-parleur émet tout au plus un son italien, mais pas le pot d’échappement.

trains roulants

Dure comme un roc mais capable de se faufiler dans le trafic dense, la 500e est maniable à souhait.

Habitacle

Un peu plus d’originalité dans la conception lui aurait fait du bien mais les matériaux sont de qualité et bien assortis. 

Sécurité

La 500e profite d’une pléthore d’aides à la conduite bien que les systèmes d’aide au stationnement soient assez modestes.

Budget

Avec un ticket d’entrée à près de 30 000 francs, la 500e Cabrio coûte près du double d’une «Cinquecento» traditionnelle, mais elle est dans l’air du temps.

Verdict 

En étant contrainte de s’arrêter tous les 250 km, la 500e montre clairement la dure réalité à laquelle les conducteurs de véhicules électriques sont confrontés. Elle parvient néanmoins à tenir le rôle de la plus chic des petites citadines. Reste à passer au-dessus de son prix élevé.

Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

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