L’«Ami» des familles

Avec le concept «Oli», Citroën décline son «Ami» en une voiture familiale abordable, écologique et raisonnable. Rencontre avec cet incubateur d’idées.

Pour certains observateurs du secteur automobile, la transition énergétique profitera davantage aux performances des véhicules qu’à leur vertuosité écologique. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer sur le marché helvétique, qui a vu, ces dernières années, la consommation de ses véhicules électriques augmenter en même temps que leur puissance. Et la protection de l’environnement de passer désormais au second plan. Néanmoins, face aux impératifs écologiques ordonnés par l’Union européenne, la tendance pourrait bien être de réduire la puissance (et donc aussi le poids des véhicules) afin de minimiser les valeurs de consommation.

C’est d’ailleurs aussi ce que pense Citroën. Avec son étude avant-gardiste baptisée Oli, la firme française cherche à montrer à quoi pourrait ressembler un véhicule électrique raisonnable, pragmatique et respectueux de l’environnement. «Nous sommes d’avis que l’électrification ne doit pas être coûteuse et qu’un comportement écologique ne doit pas être pénalisé par une restriction de notre mobilité ou par des véhicules moins attrayants», explique le directeur général de la marque, Vincent Cobée. Il faut inverser les tendances et rendre les véhicules plus légers et moins chers, car «dans le cas contraire, les familles ne pourront plus s’offrir la liberté de se déplacer si les véhicules tout électriques deviennent leur seule option», rajoute-t-il.

Plateforme d’idées roulante

Pourtant, avec son look pour le moins fantaisiste, l’Oli ne semble, à première vue du moins, ni raisonnable, ni économique, ni écologique. Au contraire, avec ses formes massives et martiales, son pare-brise vertical, sa face avant bodybuildée et ses énormes passages de roues, il rappelle plutôt le design d’un véhicule militaire, voire celui des véhicules de science-fiction au scénario apocalyptique. Néanmoins, pour le chef du design, Pierre Leclercq, le concept-car représente «la simplicité et l’ingéniosité des familles» qui n’accordent aucune importance au statut automobile et aux clichés.

De toute manière, le design n’est pas si déterminant car l’Oli est avant tout conçu comme un incubateur d’idées. Et il faut bien reconnaître que certaines d’entre elles sont effectivement passionnantes. Ainsi, le capot, le toit et la petite surface de chargement ouverte à l’arrière sont en carton ondulé. En fait, le matériau développé en collaboration avec BASF n’est pas un «simple» carton puisqu’il est formé d’une structure alvéolaire et compressé entre des plaques de renfort en fibre de verre, puis recouvert d’une résine polyuréthane appelée «Elastoflex», elle-même recouverte d’une couche protectrice d’«Elastocoat» structuré et résistant, souvent utilisé pour les parkings ou les rampes de chargement. Il en résulte un matériau léger, rigide et très résistant, issu d’une matière première durable, ainsi que des éléments de carrosserie robustes, qui sont environ 50 % plus légers que leur pendant en acier. 

Autre détail innovant, le pare-brise vertical. Citroën l’a disposé de telle manière qu’il ne demande qu’une très petite quantité de verre, ce qui permet à la firme aux chevrons de réduire encore davantage le poids. En outre, la vitre plus petite, expose moins les occupants au rayonnement solaire, estime le constructeur, qui affirme que cela réduit jusqu’à 17 % la consommation d’électricité de la climatisation. Bien entendu, d’un point de vue aérodynamique, cette forme représente un inconvénient, mais Pierre Sabas, qui dirige le département Advanced Design et Concept Cars chez Citroën, balaie immédiatement cet argument: «Nous ne nous attendons pas à ce que les gens conduisent ce type de véhicule à 200 km/h». De toute manière, l’Oli ne permet pas d’atteindre une vitesse pareille, le constructeur l’ayant conçu pour une utilisation essentiellement urbaine et suburbaine (banlieue). Ainsi, la vitesse maximale de l’engin est limitée à 110 km/h». En outre, Citroën précise que pour maintenir la force de résistance à l’air à un faible niveau, une sorte de rideau d’air est créé devant le pare-brise, ce qui permet de diriger le flux d’air du capot vers le toit plat.

Réduit au strict nécessaire

Malgré ses lignes extérieures atypiques, c’est à l’intérieur que le concept Oli se démarque le plus. Epuré, l’habitacle est réduit à sa plus simple expression: «Nous n’avons conservé que ce qui était vraiment nécessaire», explique Laurence Hansen, responsable de la stratégie. Dans le cockpit, il n’y a qu’un volant, un support pour smartphone et cinq interrupteurs dédiés à la climatisation. Derrière le volant, une bande d’affichage étroite indique les informations essentielles – toutes les fonctions d’infodivertissement sont utilisées via le smartphone. Les sièges, constitués d’une structure en filet, sont conçus via une imprimante 3D et sont intégralement fabriqués en polyuréthane thermoplastique (TPU) recyclable. Comme pour le petit Ami électrique, les portes avant sont identiques des deux côtés, mais leur montage est différent. Elles sont également moins complexes: l’absence de haut-parleurs, de matériel d’insonorisation et de câblage électrique permet d’économiser environ 1,7 kg par porte. Au total, cela permet de réduire de moitié le nombre de composants nécessaires par rapport à un break familial traditionnel et de diminuer le poids de chaque porte d’environ 20 %. Les vitres avant s’incurvent vers l’extérieur en forme de boomerang. Pour l’ouverture, une partie de la vitre peut être relevée manuellement, comme dans l’Ami. Les portes arrière, qui s’ouvrent en sens inverse, autrement dit de manière antagoniste, sont en revanche équipées d’un vitrage droit et abrupt. Cette différence de forme entre les vitres avant et arrière a permis d’intégrer une entrée d’air passive pour ventiler les places arrière.

Une inspiration pour les futurs véhicules

La firme française a également fait preuve d’inventivité en ce qui concerne les roues. «Face à la pression autour de l’impact environnemental des pneumatiques et à l’augmentation des coûts de remplacement ou de réparation des jantes endommagées, nous avons décidé de développer des systèmes plus résistants et durables», explique Pierre Sabas. Comme les jantes en aluminium sont gourmandes en énergie et chères à produire, et que les roues en acier pèsent trop lourd, Citroën a misé sur un mélange des deux matériaux. «Nous vissons un enjoliveur en aluminium sur un moyeu en acier, ce qui permet de réduire le poids et les coûts», explique Sabas. Les pneus ont été développés en collaboration avec Goodyear. Des matériaux durables ou recyclés tels que l’huile de tournesol, la cendre de balle de riz, la résine de pin et le caoutchouc naturel sont utilisés pour remplacer le caoutchouc synthétique à base de pétrole. 

L’Oli n’étant pour l’heure qu’un concept, Citroën ne parle ni de puissance, ni de performances. La firme aux chevrons a néanmoins révélé que le prototype embarquait une batterie d’une capacité de 40 kWh, devant permettre une autonomie de 400 km et pouvant être rechargé de 20 à 80 % en 23 minutes. Le constructeur souligne en outre que l’Oli est doté d’une capacité «Vehicle to Load» (V2L), c’est-à-dire qu’il peut théoriquement alimenter en électricité un appareil électrique de 3 kW pendant environ 12 heures. «C’est génial quand on est allé nager et qu’on a besoin de se sécher les cheveux», s’enthousiasme Anne Laliron, la personne en charge de la division «Advanced Products» chez Citroën.

Faire le tri pour la version de série

Reste à déterminer ce que la version de série de l’Oli conservera de cet atypique concept. Le constructeur déclare à ce sujet que de nombreuses idées présentées dans l’étude seront intégrées non pas dans un seul véhicule, mais bien dans plusieurs futurs véhicules familiaux électriques, sans pour autant citer lesquels. Pour Laurence Hansen, il est clair que le concept est avant tout une invitation à la réflexion: «L’Oli est une plateforme de travail pour explorer des idées ingénieuses qui sont réalistes pour une production future», explique la directrice du département produit et stratégie. Qui rajoute: «Elles ne seront pas toutes réalisées, mais le haut niveau d’innovation présenté ici inspire les futurs véhicules de Citroën». 

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