Western spaghetti

Un produit américain réalisé par des Italiens. Voilà qui avait déjà bien fonctionné pour les films dans le passé. Et visiblement, ça marche pour les voitures, le Jeep Avenger ayant déjà gagné son Oscar.

Etant donné les synergies développées par les grands groupes automobiles et les plateformes communes qui en découlent, cela fait déjà belle lurette que les automobiles ne sont plus forcément assemblées dans le pays d’origine du constructeur auxquelles elle appartiennent. Certes, certains véhicules sortent encore de leur chaîne de production «au pays», mais elles sont de plus en plus rares. Ainsi, aujourd’hui, même une firme pourtant très américaine comme Jeep ne produit plus seulement ses voitures aux Etats-Unis. La preuve? Le petit Avenger est assemblé sur la plateforme française CMP du groupe Stellantis auquel Jeep appartient, a été développé en Italie et surtout, est produit en Pologne. Et plus précisément dans une usine appartenant à Fiat, un autre membre du groupe Stellantis. L’Avenger est donc plus européen que véritablement américain.

C’est d’autant plus vrai que le petit SUV n’était proposé à son lancement que dans une version 100 % électrique. Voilà qui ne devrait pas ravir les amateurs de la glorieuse enseigne. Heureusement, la firme étasunienne a depuis lors confirmé que la voiture serait également proposée dans une version thermique. Il n’empêche, l’Avenger n’existe toujours pas en variante 4×4. C’est étonnant dans la mesure où toutes les Jeep étaient proposées de série avec la transmission intégrale jusqu’il y a peu. C’est que l’enseigne destine son Avenger au grand public.

«Voiture de l’année» en titre

SUV compact d’un peu plus de quatre mètres de long, l’Avenger offre beaucoup de place à l’avant et un peu moins à l’arrière. Son coffre de 355 litres suffit à la plupart des besoins quotidiens. Ce volume passe à 1275 litres lorsque la banquette arrière est rabattue. Pour le reste, les possibilités de rangement sont nombreuses. Quant à la qualité des matériaux, elle est dans la moyenne. Sans être de haut standing, les accastillages sont bien travaillés et faciles à nettoyer. Facilitée par les positions d’assise surélevée typiques des SUV, l’accessibilité est quant à elle aisée.

Ailleurs, l’Avenger jouit d’espaces agréables et d’une hauteur d’accès confortable. Sa machine électrique de 115 kW (156 ch) lui convient parfaitement. Elle offre suffisamment de puissance en toutes circonstances et a en outre l’avantage de ne pas consommer plus que nécessaire: 16,4 kWh/100 km selon les valeurs officielles du constructeur et 13,8 kWh/100 km selon nos propres mesures. Merci au poids à vide très raisonnable de l’engin: un peu plus de 1,5 tonne. En outre, l’Avenger profite de mises à jour ciblées: il est assemblé sur la Common Modular Platform (CMP) perfectionnée de Stellantis, utilise la chaîne cinématique électrique optimisée, notamment au niveau de la puissance (115 au lieu de 100 kW), et embarque une batterie légèrement plus grande (54 au lieu de 50 kWh). Cela lui confère une autonomie WLTP de 398 km. Dans la pratique, nous avons mesuré une valeur très proche, de 390 km. C’est pas mal du tout pour un véhicule de cette catégorie.

Comme déjà dit, seules les roues avant sont motrices. C’est regrettable, mais force est de constater que pour un usage routier en ville, cela suffit amplement. En outre, l’Avenger dispose, en plus des modes de conduite «Eco», «Normal» et «Sport», des profils supplémentaires tels que «Sable», «Boue» et «Neige». Faute de conditions météorologiques appropriées, nous n’avons pas pu tester ces trois modes supplémentaires lors du test. Mais une chose est sûre: ils ne sont certainement pas capables de remplacer une vraie transmission intégrale. Ceux qui ne peuvent se passer de transmission intégrale peuvent toutefois espérer que l’Avenger sera un jour proposé en 4×4. Et pour cause, à l’automne dernier, au Salon de l’automobile de Paris, Jeep avait présenté un concept doté d’une transmission intégrale électrique. Reste à savoir si cette idée atteindra la série. Etant donné le nombre de véhicules électriques assemblés sur la plateforme CMP, c’est fort probable. En matière de systèmes d’assistance à la conduite, la finition haut de gamme «Summit» testée offre de série la conduite autonome de niveau 2 avec le pack ADAS+. Malheureusement, celui-ci est dénué d’assistant de changement de voie, mais il faut dire que c’est une option très rare au sein de ce segment.

L’électrique n’est pas une fatalité

La bonne nouvelle, c’est que l’Avenger existe aussi en version thermique, qui reprend le 1,2 litre turbo de 74 kW (100 ch), la boîte manuelle à six vitesses et la finition de milieu de gamme, désignée Altitude. Dans ce cas, il coûte 29 990 francs de base, contre 39 490 francs pour la version électrique. Malheureusement, la mouture thermique de l’Avenger n’est disponible qu’en stock et ne peut donc être configurée. En outre, elle n’inclut pas le pack d’assistance ADAS+.

L’Avenger a remporté l’«Oscar de l’automobile» en 2023. En effet, en début d’année, l’Avenger a reçu le premier prix de la part des 57 membres du jury issus de 22 pays européens lors de l’élection de la «Car of the Year». Que le petit Jeep ait su s’imposer face à divers concurrents de renom que sont le VW ID. Buzz ou encore le Kia Niro en dit long sur la qualité de la voiture. Enfin, l’Avenger n’est pas parfait non plus: le niveau de compréhension de l’assistant vocal est un peu moins élevé que la moyenne, la voiture refusant parfois d’obéir à la plus simple des injonctions. Par exemple, pour entrer une destination dans le navigateur, il vaut mieux taper directement l’adresse sur l’écran tactile. Pourtant, le système de commande vocale, que l’on réveille par l’injonction «Hey Jeep», devrait en principe répondre à de nombreux souhaits. Outre le guidage GPS vers une certaine destination, il serait théoriquement capable de changer de station de radio, appeler un contact dans le répertoire téléphonique, voire adapter le réglage de la température de la climatisation, selon Jeep. Mais il attend pour cela des instructions très précises, formulées avec des termes spécifiques, qui nécessitent donc d’apprendre des dizaines de phrases par cœur. Bref, il vaut mieux utiliser ses mains et ses doigts pour commander l’infodivertissement, la climatisation et autres. Ce qui est un jeu d’enfant grâce à la structure logique des menus et à plusieurs véritables boutons et touches.

Une agilité surprenante

Sur la route, l’Avenger est convaincant non seulement en ce qui concerne la propulsion, mais aussi par sa conception globale. Le châssis est bien réglé et grâce au poids contenu de l’ensemble, il dégage une impression de dynamisme. C’est d’autant plus remarquable que l’Avenger est relativement haut et que, grâce à une garde au sol de 20 centimètres, il se défend plutôt bien sur les semi-carrossables caillouteux. Sur de tels chemins (et sur toutes les autres routes en mauvais état), la voiture reste en outre toujours confortable, le grand écart entre un soupçon de sportivité et un confort quotidien suffisant est ici très bien réussi. La direction souple et précise est également impeccable, tout comme les freins qui permettent de ralentir parfaitement le véhicule. 

Comme souvent dans le cas de véhicules électriques, le prix fait tiquer. Le tarif du modèle essayé dans ces lignes s’élève à environ 45 000 francs, équipements supplémentaires compris. C’est un tarif assez élevé pour un représentant de ce segment, lauréat ou non. Pour être juste, il faut toutefois ajouter que les voitures électriques ne sont pas réputées pour être bon marché. Et les Jeep le sont rarement davantage. Certes, l’Avenger n’est pas une vraie Jeep au sens traditionnel du terme. Néanmoins, il n’en reste pas moins une bonne voiture sans véritables faiblesses. Reste à savoir laquelle des versions thermiques et électrique convient le mieux à l’usage que son conducteur en aura. 

Résultats

Note de la rédaction 75/100

moteur-boîte

L’Avenger se conduit comme une électrique: de manière harmonieuse, linéaire et calme. La puissance n’est pas énorme mais la consommation reste contenue. Dommage qu’elle n’existe pas en version 4×4.

trains roulants

L’Avenger réussit le tour de force de satisfaire plusieurs préférences à la fois, en conciliant dynamisme et confort. Il en va de même pour la direction, qui est certes souple, mais offre suffisamment de feedback et de précision.

Habitacle

Il y a suffisamment de place à l’avant, où les sièges sont confortables. A l’arrière, les personnes de grande taille sont un peu à l’étroit. Le choix des matériaux n’est pas des plus raffinés, mais tout est robuste.

Sécurité

Les assistances disponibles sont correctes pour ce segment et fonctionnent bien. La tenue de route est sûre, les freins sont bons.

Budget

Le plus gros défaut de l’Avenger reste son prix. Pour une voiture de cette taille, les 40 000 francs demandés sont trop élevés. Il existe des alternatives moins chères, même au sein de la gamme; la version essence coûte moins de 30 000 francs.

Verdict 

Une «Car of the Year» à la hauteur de sa distinction. De nombreux points forts et dénuée de véritable faiblesse, exception faite du prix.

Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

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