Frappé par la foudre

Grand, Sport et électrique: Opel a collé les trois lettres GSe sur son Grandland, un SUV familial jouissant d’une belle habitabilité. Mais cette version électrifiée est-elle réellement sportive?

Lorsque Madame montre à Monsieur une petite image en noir et blanc sur laquelle on devine les contours d’un tout petit être, les larmes coulent bien souvent des yeux des deux futurs parents. Chez Madame, parce qu’elle va mettre au monde un enfant dans moins de neuf mois; chez Monsieur, parce qu’il va devoir se séparer de son auto d’ici là. Adieu voiture de sport, bienvenue véhicule de «daron»! La nouvelle devra être économique (car il faudra bientôt payer la crèche), être spacieuse (car elle devra transporter la poussette, les courses et les nouveaux meubles) et confortable (pour endormir le bébé en cas d’insomnie). Ces parents ne doivent pas paniquer, le Grandland GSe est taillé pour eux.

Dans sa robe grise consensuelle, le SUV Opel ne se fait pas vraiment remarquer. Basé sur la plateforme modulaire EMP2 du groupe Stellantis, il a été amélioré à certains niveaux. Il se dote également de certaines nouveautés. En y regardant de plus près, les détails extérieurs se révèlent très positifs; la ligne tendue avec ce pli latéral confère au SUV une impression de dynamisme. Les détails noirs à l’avant, sur le toit, à l’arrière et sur les jantes s’intègrent harmonieusement dans l’image globale du véhicule. Désormais typique de la marque, la calandre avant répond au nom de «Vizor». Elle porte le blitz, l’éclair de Rüsselsheim, de manière relativement discrète puisqu’il est noir sur fond noir. Les reste est également sobre: pas de sorties d’échappement surdimensionnés, pas de liserés chromés, pas d’artifices de couleur à la mode, à l’exception des trois lettres GSe à l’arrière. Chez Opel, GSE était autrefois synonyme de modèle haut de gamme à injection électronique; aujourd’hui, le blason s’est mis à la page. Et le petit «e» jaune d’indiquer la présence d’une machine électrique sous le capot.

Un habitacle épuré  

À l’intérieur, la sobriété se poursuit. Le laqué piano noir utilisé autour de l’écran et de la console centrale est très agréable à regarder, mais il se griffe au moindre frottement. Effet secondaire positif: que ce soit avec un chiffon, une manche ou la peluche des enfants, on se surprend à nettoyer plus souvent qu’à son tour. Les sièges sont confortables et adaptés aux longs trajets. Opel attire l’attention sur leur certification AGR (Action pour un dos en bonne santé). Satisfaisante, sans plus, l’habitabilité du coffre n’est pas si bonne puisque le compartiment perd de son volume utile à cause des composants plug-in. Ainsi, il n’offre que 390 litres de rangement. C’est néanmoins suffisant pour faire les courses ou pour partir en vacances avec tout l’attirail d’un nouveau-né et les bagages des parents. Et lorsque les sièges sont rabattus, cet espace peut être porté à plus de 1528 litres. 

300 ch à disposition

Au volant, le Grandland se démarre en silence. Les deux machines électriques, disposées sur les essieux avant et arrière, suffisent amplement pour couvrir les besoins des trajets quotidiens, leur but étant avant tout d’aider à économiser. De son côté, le moteur thermique a tendance à se faire oublier dans la mesure où il n’est que très peu sollicité. Et même lorsqu’il travaille, il sait comment faire pour rester silencieux.

Lorsque la pédale d’accélérateur fait des mouvements longs et lents, les machines électriques et le moteur à combustion s’entendent parfaitement. Mais si le conducteur n’est pas très sûr de ce qu’il veut, cela se répercute sur l’interaction des différents systèmes. La chaîne cinématique rappelle alors la musique dodécaphonique, autrement dit la confusion est constante, chaque type de propulsion faisant quelque chose de différent. Certes, la boîte automatique à huit rapports tente bien d’impulser le bon rythme, mais en vain. Lors des accélérations franches, il faut composer avec un important temps de réaction. Alors que peu de temps après, les roues se mettent en branle avec véhémence. Un peu surpris, l’automobiliste aura le réflexe de lever le pied de l’accélérateur, le Grandland ayant alors la fâcheuse tendance à plonger tête en avant. Dans le même temps, son moteur s’emballe, sans générer de propulsion. Enfin, une fois la phase d’adaptation derrière lui, le conducteur parviendra normalement à faire fonctionner son Grandland de manière discrète et sans agitation.

Sur un terrain d’essai privé, le Grandland GSe s’est révélé être un bon sprinter: en mettant le pied au plancher, on atteint la vitesse de 100 km/h en 5,9 secondes, l’Opel dépassant ainsi de peu les données d’usine. C’est une très bonne valeur pour un SUV familial de taille moyenne. Les valeurs d’accélération des sprints intermédiaires sont également honnêtes.

Confort sur route dégradée

Au moment du freinage, le Grandland ne souffre pas de fading, mais il ne peut pas pour autant cacher ses kg supplémentaires. Avec une distance de freinage d’à peine 36 mètres pour passer de 100 km/h à l’arrêt, il fait mieux que la moyenne de la catégorie. Dans les virages ou lors d’un double changement de voie, il s’incline certes de manière surprenante, mais sans sortir complètement de sa trajectoire. Il faut payer son tribut au poids du véhicule (près de 1,9 tonne) et au centre de gravité élevé, en raison de la forme de la carrosserie. Le système de contrôle de stabilité (ESC) intervient tôt et avec force, bien qu’il soit tout de même conçu de manière à ne pas étouffer complètement le plaisir de conduire.

Sur la route, le châssis de l’Opel se révèle ferme sur les dos d’âne mais il gâte en revanche ses occupants par son niveau de confort élevé, et ce même sur les sols plus cahoteux. Les amortisseurs adaptatifs Koni modifient leur dureté à la situation de conduite et assurent en outre au conducteur un ressenti plus direct. C’est un bon point. D’autre part, les systèmes comme un assistant de direction trop zélé peuvent être désactivés facilement et durablement. C’est une bonne chose car les injonctions prodiguées par l’électronique peuvent finir par taper sur les nerfs à la longue. En revanche, le Grandland devient un ivrogne flegmatique lorsque sa batterie est complètement déchargée. C’est nettement moins flatteur cette fois!

Jolie autonomie

Il faut tout de même préciser que l’autonomie théorique du Grandland (69 km) avoisine la valeur réelle mesurée par la rédaction (64 km). Sur le parcours standardisé de la RA, qui est nettement plus long que cette autonomie électrique, le Grandland GSe a consommé 4,1 l/100 km. C’est plus de trois fois la valeur WLTP. Lorsque la batterie est complètement vide, les 200 ch du moteur à combustion ont beaucoup de mal à supporter le poids élevé. La consommation grimpe alors à 8,4 /100 km. Autrement, le Grandland reste sobre à condition que la batterie puisse continuer à fournir des kWh.

Et c’est justement cela qui pourrait influencer les ventes, car sans accès régulier à une Wallbox, à la maison ou au travail, le PHEV n’a pas beaucoup de sens. Et c’est sans doute là que réside le problème principal: en Suisse, les jeunes familles vivent en majorité dans des locations et il est bien connu que les bornes de recharge sont plutôt rares dans ce type de logement.

Résultats

Note de la rédaction 74/100

moteur-boîte

Le Grandland fonctionne bien si la batterie est chargée. Bien (trop) souvent, la répartition des tâches entre le moteur thermique et les machines électriques n’est pas correctement assurée.

trains roulants

Les amortisseurs adaptatifs sont capables de transformer la voiture plutôt ferme de base en un véhicule confortable. En raison de son poids et de son centre de gravité, il n’est pas vraiment à l’aise dans les virages.

Habitacle

Les sièges AGR sont confortables. L’infodivertissement pourrait être plus grand. Le volume de coffre est empiété par les technologies plug-in. 

Sécurité

Le freinage est bon. L’ESP régule correctement la puissance, avec un soupçon de plaisir. La conduite est simple et sûre. Les aides à la conduite sont limitées.

Budget

Opel offre son Grandland GSe en échange d’une somme rondelette mais le rapport qualité/prix est plus que correct.

Verdict 

Le père dira à sa moitié que le Grandland est habitable, qu’il dispose des Isofix, que les sièges sont confortables et qu’il peut rouler longtemps en mode électrique, «donc vraiment sans essence, chérie». A ses copains, il précisera que c’est un SUV puissant de 300 ch avec un réglage sportif et doté d’une assistance électrique. Quoiqu’il en soit, le Grandland est un bon compromis.

Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

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