On connaît la formule de l’autopartage selon Mobility. On prend la voiture réservée dans l’un des parkings où stationnent les véhicules de la firme et après utilisation on la remet dans l’un ou l’autre espace de stationnement. Le Département genevois des transports, à la suite d’une proposition qui lui a été faite, entend créer les conditions-cadres pour mettre en service un nouveau système d’autopartage.
De quoi s’agit-il exactement? Alexandre Prina, qui dirige la planification du département, explique: «Ce n’est pas la formule utilisée par Mobility, mais un système nommé free floating, comme il en existe à Milan ou Bâle où les véhicules sont stationnés sur la voirie. Vous prenez une voiture que vous aurez localisée avec votre application smartphone à l’endroit où elle se trouve, c’est-à-dire à l’emplacement le plus proche de votre position, vous prendrez le véhicule et vous le remettrez dans un autre endroit toujours sur la voirie dans un périmètre donné.»
Il sera possible de sortir de ce périmètre: «Il faudra toutefois ramener la voiture à l’intérieur de ce dernier après utilisation. C’est la seule obligation de l’emprunteur.» Pour mettre le projet sur les rails, il reste encore à trouver certaines pièces du puzzle. «Il nous manque l’entreprise qui se chargera de la gestion du système, d’acheter les véhicules, de les entretenir et de s’en occuper, d’assurer la bonne marche de cette nouvelle formule d’autopartage et de mettre en place l’application smartphone et la tarification», explique Alexandre Prina.
L’autopartage nouveau
Ce nouveau système a été créé il y a deux ans à Bâle. L’entreprise qui l’exploite est Catch a car. Elle dispose de 120 voitures. La formule séduit surtout les jeunes entre 18 et 36 ans qui effectuent de courts trajets en zone urbaine. Le Conseil d’Etat genevois vient de donner son feu vert à la création du free floating dans la ville du bout du lac.
Il y a toutefois des conditions: «Que cette formule ne concurrence pas les transports publics, qu’elle soit réellement une offre de transport complémentaire.» Les utilisateurs trouveront-ils toujours de la place pour stationner? «Les voitures seront pourvues d’un macaron adéquat et reconnaissables par une identification sérigraphique. Il faudra compter, pour le territoire genevois, sur une base de 100 à 150 véhicules qui disposeront rien que sur la zone de la ville de Genève de 25 000 places de stationnement, en zone bleue ou blanche. On peut imaginer, comme on a pu le constater dans d’autres cités, que le free floating sera surtout intéressant dans les périodes de faible affluence dans les transports publics quand les fréquences horaires sont déjà plus larges le soir ou le week-end. Il sera possible d’avoir deux ou quatre véhicules par kilomètre carré. Ce n’est pas beaucoup, mais ça nous apportera une accessibilité qui ne demandera pas à l’usager d’avoir à parcourir plus de 500 mètres pour atteindre sa voiture», souligne Alexandre Prina.
On pourrait à terme imaginer des échanges de véhicules entre les villes, pour autant qu’il s’agisse de la même entreprise. En clair, on pourrait envisager que l’on prenne une voiture à Genève pour la rendre à Bâle. «Je ne suis pas sûr que ce soit le but qu’une telle entreprise poursuivra. Dans tous les contacts que nous avons eus avec de telles sociétés, il ressort que ce sont surtout des déplacements d’une vingtaine de minutes. L’utilisateur type semble être un automobiliste qui ne possède pas ou plus de véhicule, qui se déplace généralement avec les transports en commun et qui a, par exemple, tout à coup quelque chose de lourd à transporter ou qui doit effectuer un trajet qui ne correspond pas au réseau des transports publics ou que leurs fréquences sont trop espacées», lâche Alexandre Prina.
La zone urbaine couverte par ces voitures serait assez large: «Tout d’abord la ville de Genève et l’on peut prévoir d’y ajouter Carouge, Meyrin ou Vernier, ce sera à voir suivant l’utilisation des véhicules qui sera faite par les usagers.»
Et où en est aujourd’hui la réalisation du free floating genevois? «Nous devons adapter la formule à notre région. D’après ce que nous avons vu à l’étranger, nous n’avons pas en Suisse le même modèle économique que dans des villes comme Milan, Berlin ou d’autres capitales internationales. Nos villes sont plus petites. Toujours est-il qu’à Bâle la formule correspond à la demande», confie le responsable de la planification. Qui ajoute: «Nous avons été récemment interpellés par une personne qui entend développer un système de ce genre, mais avec des voitures électriques. Cette formule est plus délicate parce qu’elle exige la présence de places d’alimentation. Avec des voitures électriques, on se dirigerait plutôt vers une formule de Mobility électrique urbain et c’est vraisemblablement plus compliqué. Je me réjouis de rencontrer cette personne pour connaître l’éventualité de son projet. Mais, pour l’instant, nous en sommes à proposer sa mise en place à une entreprise intéressée.» On peut espérer que d’ici peu Genève pourra proposer ce nouveau service à la population.