Pour sa 90e édition, le traditionnel rendez-vous du championnat d’Europe des courses de côte à St-Ursanne avait mis les petits plats dans les grands sur un tracé rallongé de 11 mètres. L’épreuve jurassienne allait notamment être le théâtre d’un duel attendu par tout le monde, celui de Simone Faggioli et Christian Merli. Coleaders du championnat d’Europe, les deux pilotes italiens allaient néanmoins devoir s’opposer à des jeunes pilotes qui pouvaient arbitrer leur affrontement, à savoir le Valaisan Joël Volluz et le Luxembourgeois David Hauser…
D’emblée, les averses du samedi après-midi avaient empêché les pilotes d’améliorer leur chrono de la première montée d’essai, certains décidant même de faire l’impasse sur les dernières montées, comme Faggioli et Volluz. La première des deux manches course du dimanche allait toutefois débuter sur un sol relativement sec, à l’exception des sous-bois restés très piégeux. Cela n’empêchait pas Simone Faggioli de prendre l’avantage sur tous ses adversaires, le tout en effaçant son propre record des tablettes avec une seconde d’avance (1’42’’118)!
Parti aux alentours de midi suite à de nombreux arrêts de course, l’Italien devançait David Hauser sur la ligne de départ. Au volant de sa GP2 à moteur 4 litres, le Luxembourgeois se retrouvait pourtant relégué à près de 9’’. En attendant de s’élancer suite aux nombreux concurrents du groupe E2-SS, Joël Volluz et Christian Merli voyaient le ciel se faire menaçant… et, quelques minutes avant leur départ, une averse est venue humidifier le tracé. Ne pouvant inquiéter Faggioli, les deux pilotes Osella ont terminé respectivement à 11’’ et 10’’. Même si les conditions allaient redevenir équitables lors de la seconde manche, la messe était déjà dite.
Devenue sèche pour tous les pilotes, la piste jurassienne allait voir Faggioli réaliser sensiblement le même temps que lors de la première montée. Hauser a pu améliorer son chrono de deux secondes, mais, à l’accumulation des deux manches, le Luxembourgeois a terminé au final à plus de 11’’ de l’Italien.
Bien décidé à devancer Merli, Volluz est parti le couteau entre les dents avec son Osella FA30. Mais la carrosserie du bolide transalpin s’est envolée à la suite d’une touchette aux Grippons à plus de 200 km/h, le privant d’appui aérodynamique. Parti en tête-à-queue avant de heurter les rails de sécurité à plusieurs reprises, le Valaisan s’en est sorti indemne, même si ce spectaculaire incident signifie la fin de sa saison. «Je suis content d’être en vie, c’est tout ce qui compte», confiait-il.
Dernier concurrent à s’élancer, Christian Merli a dû attendre que la piste soit dégagée pour réaliser un chrono de 1’45’’136, de quoi lui assurer le troisième meilleur résultat cumulé de la journée derrière David Hauser. Quant à Marcel Steiner, deux fois vainqueur aux Rangiers, sa quatrième place à seulement 4’’ du Luxembourgeois et 6’’ de Merli démontre les progrès encourageants réalisés lors de la mise au point de sa nouvelle LobArt à moteur Mugen. En l’absence d’Eric Berguerand, l’Alémanique en profite également pour grappiller des points au championnat suisse.
Mue par un plateau fourni avec près de 30 pilotes, la classe 2 litres des monoplaces a été dominée de la tête et des épaules par le Britannique Darren Warwick, qui disposait d’une Dallara F399 extrêmement performante. La bataille à sa suite n’en fut pas moins superbe, et le Français Damien Berney n’a eu le dernier mot devant Christophe Weber que pour deux dixièmes.
En pleine forme sur «sa» montée et à l’honneur sur l’affiche de la course, le Jurassien a dû lui-même composer avec un bouillant Joël Grand, au pied du podium de la catégorie sur sa Tatuus Master. Auteur d’un chrono en 1’57’’895 en deuxième manche, le jeune Valaisan a relégué ses rivaux directs à plusieurs secondes, parmi lesquels l’actuel leader du championnat suisse des slaloms Philip Egli, courageux 6e sur sa Dallara F394 nettement plus ancienne. Quant à Christian Balmer et Jean-Marc Salomon, ils ont terminé respectivement 8e et 9e de la classe.
Chez les voitures de tourisme, les favoris du championnat d’Europe Vladimir Vitver et Dan Michl devaient affronter le quadruple champion de France Nicolas Werver, mais surtout les trois ténors helvètes que sont Reto Meisel, Ronnie Bratschi et Roger Schnellmann, très en forme cette année.
Malheureusement pour Meisel, un problème mécanique survenu 150 mètres après le départ de la première montée d’essai l’a contraint d’emblée à mettre les mains dans le cambouis. En son absence, Bratschi signait le meilleur temps alors que de nombreux pilotes n’effectuent pas la dernière montée sous la pluie. Peu après la fin des essais, Meisel faisait son retour, la panne étant moins importante que prévu.
Meisel montre les crocs
Dimanche, sur une piste encore humide et sale suite à une sortie de piste peu auparavant, le trio suisse allait rester légèrement en retrait des Européens, Bratschi réalisant à nouveau le meilleur chrono à 1’’ devant Schnellmann et 2’’ devant Meisel. Michl, parti beaucoup plus tard, réalisait la meilleure prestation avec 2’’ de mieux que Bratschi, tandis que Vitver devait se contenter de rester à 4’’ de son compatriote.
Lors de la seconde montée sur une piste entièrement sèche, il fallait néanmoins compter sur Reto Meisel, qui se lâchait et mettait tout le monde d’accord, y compris Michl, battu pour près de 4’’. Schnellman améliorait lui aussi, tout en restant à 5’’ d’encablure derrière Meisel, tandis que Bratschi échouait à… trois dixièmes de Meisel à l’addition des deux manches! Vitver restait en retrait du trio suisse, et Michl, sans améliorer sa performance, montait sur la troisième marche du podium.
Dans la classe deux litres du groupe E1, Danny Krieg s’est montré intouchable et l’a emporté avec 7’’ d’avance sur Daniel Wittwer. En groupe InterSwiss, Fréderic Neff s’est une nouvelle fois imposé, mais Thomas Andrey a réalisé une prestation remarquée chez les 2 litres en devançant ses rivaux de 5’’ sur une piste humide. De quoi conserver l’avantage sur Patrick Vallat, auteur du meilleur temps sur sol sec.
La classe 1,6 litre a également vu son lot de bagarres, et c’est finalement Werner Rohr qui s’est défait de Stephan Burri après un tête-à-queue de ce dernier lors de la seconde manche. Venu de France, Nicolas Werver s’est logiquement imposé en groupe GT devant la splendide Lamborghini Gallardo de Martin Jerman. Le Serbe Nikola Miljkovic s’est imposé en groupe N, mais l’extincteur a dû être utilisé sur la Mitsubishi de Joe Halter en groupe IS/N, qui réalise une mauvaise opération au championnat suisse en ne marquant pas de points.
Les hostilités reprennent dès le week-end prochain à Oberhallau, où la présence conjuguée de la Bergcup allemande promet un beau plateau d’engagés.