Après s’être battu jusqu’à l’épuisement pour sauver Fiat et Chrysler, Sergio Marchionne n’a plus eu de forces pour affronter son combat le plus grand. L’Italo-Canadien de 66 ans n’a en effet pas survécu aux complications déclarées à la suite d’une opération à l’épaule, alors qu’il était hospitalisé à Zurich.
Dette à zéro
Dans un cruel jeu du destin, Marchionne meurt le jour où – le mercredi 25 juillet – le groupe a pu officialiser, pour la première fois, l’annulation de la dette du groupe, un objectif que Marchionne poursuivait de toutes ses forces. Il laisse ainsi à Mike Manley, son successeur, un groupe sain, «que l’on peut prendre au sérieux», comme il l’avait déclaré le premier juin dernier, lors de la présentation du plan produit 2018-2022.
Chrysler, contre vents et marées
Il laisse surtout un vide énorme derrière lui, car Sergio Marchionne avait réussi là où de nombreux patrons avaient échoué avant lui. Il a d’abord réussi à stabiliser la situation de Fiat S.p.A. (le nom du groupe avant qu’il ne fusionne en 2014 avec Chrysler), qui perdait des milliards chaque année, dans la première moitié des années 2000. Marchionne parviendra à imprimer une nouvelle culture d’entreprise, tournée vers plus de sacrifice et d’efficience, afin d’augmenter la compétitivité des usines de production italiennes sur le plan international.
Surtout, il sera le seul à avoir le courage de reprendre Chrysler, en 2009, alors que le colosse américain est placé sous la tutelle de l’Etat américain et que le monde vit une très grave crise financière. Certains le prenaient pour un fou, car un géant comme Daimler, qui avait racheté Chrysler en 1998, venait de jeter de l’éponge (2007). Ferdinand Piëch affirmera même, à propos du rapprochement entre Fiat et Chrysler, que «deux personnes malades ne font pas une personne saine», en pointant la santé défaillante de deux géants.
Neuf ans ont passé depuis cette acquisition, et le groupe FCA ne s’est jamais mieux porté qu’aujourd’hui, avec une position financière nette de 456 millions d’euros. La Revue Automobile revient, dans son édition 30-31 – dès le jeudi 26 juillet en kiosques – sur la saga de Marchionne, avec ses épisodes saillants. (Hélas, le journal étant allé sous presse le mardi soir, il n’a pas pu inclure les tristes développements de mercredi matin).