Compactes à la puissance quatre

COMPARATIF Toutes issues de la catégorie des compactes sportives, nos quatre rivales du jour mettent en œuvre des philosophies très différentes pour s’attirer les faveurs des passionnés. Laquelle d’entre elles a su trouver le bon elixir?

Lors de notre dernier comparatif (lire RA30-31), la Polo GTI recevait une claque sévère, en se classant dernière. La faute à un caractère aseptisé, VW voulant à tout prix proposer une voiture pour le plus grand nombre. Avec la Golf GTI TCR – en référence à l’auto qui court en compétition – Volkswagen avait une chance de prendre sa revanche. Malheureuse-ment, un diffuseur majoré, un spoiler avant additionnel, un peu plus de chevaux et quelques inserts rouge à l’intérieur ne suffisent pas à transformer un agneau en une bête de course. Le bilan dynamique et moteur de la Golf déçoivent, pour les mêmes raisons qu’avec sa petite sœur: une difficulté certaine à transmettre des émotions. L’allemande de Wolfsbourg sauve son bilan grâce à sa très bonne habitabilité, son confort, son système d’infodivertissement le plus abouti et la meilleure accélération du lot. En effet, la Golf GTI TCR a toisé ses rivales sur le 0 à 100 km/h malgré sa puissance de «seulement» 290 ch, soit derrière les Honda Civic Type R, Renault Mégane R.S. Trophy, mais devant la Hyundai i30 Fastback N (275 ch). Pour réaliser ce test comparatif dans les meilleures conditions, nous nous sommes rendus sur le circuit de Bresse, qui nous a permis d’évaluer les performances sur piste de nos quatre tractions sportives; là, nous les avons confiées à notre pilote «maison», Kris Richard, qui s’est chargé de faire des tours chronométrés à leur volant. Les critères d’évaluation étaient au nombre de cinq: moteur-boîte de vitesses, comportement routier, habitacle, budget et impression générale. Pour les deux premières catégories, les quatre essayeurs avaient respectivement trente points à répartir à leur guise entre les quatre rivales. Pour l’habitacle et le budget – moins importants pour ce genre de voitures – les essayeurs disposaient de (respectivement) 20 et 15 points à distribuer. A ce total, les rédacteurs-essayeurs avaient encore cinq points à répartir pour l’impression générale.


VW GOLF GTI TCR

Auraiton la dent dure contre VW? Pour la seconde fois, une wolfsbourgeoise termine dernière de l’un de nos comparatifs entre sportives (RA 30-31/2019). Pas du tout, car il y a beaucoup à aimer dans cette Golf GTI TCR. A commencer par son habitacle qui, en dépit de son prochain départ à la retraite, est toujours la référence en matière de matériaux, ergonomie et habitabilité. La Golf GTI TCR s’est même démontrée la plus rapide sur l’exercice du 0 à 100 km/h. Les freins ont aussi été remarquables d’endurance sur circuit. Hélas, comme la Polo GTI avant elle, la Golf est emprisonnée par la philosophie «Volkswagen», qui s’obstine à faire des voitures «à tout faire». En résulte un caractère trop lisse, qui ne transmet que peu d’émotions. Rien en tout cas qui ne puisse justifier son prix, le plus élevé du lot.


RENAULT MÉGANE R.S. TROPHY

La Trophy, version «pistarde» de la R.S. de base, se classe deuxième d’une courte tête, devant la surprise de ce comparatif, la Hyundai i30 Fastback N. La dieppoise bat la coréenne au photofinish grâce à son châssis à la fois très efficace – elle n’a rendu qu’un seul dixième à la Honda, sur le circuit de Bresse – et joueur, grâce aux quatre roues directrices. Son propulseur, volontaire et plein à tous régimes, lui a facilité la vie dans les enchaînements rapides et dans les portions lentes. Tout parfait? Non: l’absence de coup de gaz automatique au rétrogradage et des freins peu endurants sur circuit ternissent le bilan: la commande de boîte accrocheuse lui a aussi coûté de nombreux points. La Mégane fait la différence avec un équipement de base plus généreux.


HONDA CIVIC TYPE R

Elle nous avait déjà épaté en 2017, à sa sortie, par le caractère furieux de son 2-litres turbo, sa boîte addictive à manipuler et par la définition sans compromis de ses trains roulants. Deux ans plus tard, la Honda Civic Type R se confirme comme la référence parmi les com-pactes sportives, repoussant d’un revers de la main les attaques de ses rivales. La japonaise fait tout juste du côté performance, et en rajoute encore, en étant la plus logeable des quatre. Et, pour autant que vous renonciez à l’inutile pack Carbone, son tarif – malgré une inflation notable – reste compétitif. Bien sûr, son look de caïd des cités ne plaira pas à tout le monde et son système d’infodivertissement mériterait une remise à neuf; des défauts qui n’empêchent pas à la Honda Civic Type R de s’imposer dans ce comparatif. Haut la main!


HYUNDAI I30 FASTBACK N

A première vue, cette troisième place peut paraître décevante pour la coréenne. Ce résultat est, en réalité, à interpréter comme une victoire pour la Hyundai i30 Fastback N. Elle talonne une spécialiste de longue tradition sportive comme la Renault Mégane R.S. Trophy, alors qu’elle n’en est qu’à sa première tentative. Notre pilote «maison» Kris Richard l’a même préférée à la française, en raison de sa plus grande versatilité. Il est vrai que la Hyundai a beaucoup pour plaire, entre son châssis mordant, son moteur explosif et une boîte précise. Même son prix d’appel est sacrément aguicheur, bien qu’il soit fortement recommandé de s’offrir le Pack N-Exclusive (4910 Fr.). Son plus gros défaut – rédhibitoire pour certains testeurs – a été sa position de conduite, trop haute.


A chacune sa vérité
Avec Kris Richard, nos testeurs ont eu le concours d’un spécialiste chevronné des compactes sportives. En 2016, le Bernois s’est titré Champion d‘Europe des Voitures de tourisme sur Honda Ci-vic TCR avant de passer chez Hyundai avec une i30 N TCR. Le verdict de Kris Richard, qu’il a basé sur ses impressions recoltées sur circuit, peuvent être consultés en ligne, dans une vidéo. Toutefois, le pilote reconnaît que ces autos doivent «convaincre sur la voie publique. Chacune d’entre elles y parvient mais, chacune, dans un registre différent», avance Richard. Sur presque tous les ni-veaux toutefois, une claire gagnante s’est vite dessinée, avec la Honda Civic Type R. Sur le plan visuel déjà, la Honda Civic Type R en impose: elle ne fait aucun mystère de sa dévotion au dieu performance. Le look est ici au service de la fonction, la japonaise est encore la dernière qui ose un véritable comptoir de bistro en guise d’aileron, à l’arrière. Elle est après tout la plus puissante du quatuor, avec ses 320 ch (400 Nm). A l’intérieur, c’est la même histoire, la japonaise proposant d’enveloppants sièges semi-baquets et une boîte de vitesses ponctuant les rétrogradages d’un coup de gaz (désactivable). Les débattements du pommeau de vitesse – courts et précis – ainsi que les retours francs de la direction sont source d’un énorme plaisir et permettent de s’éclater sans arrière-pensée. Bien sûr, au quotidien, ces commandes viriles demanderont une poigne de fer, tan-dis que les suspensions auront vite fait de vous fatiguer sur les longues distances. En revanche, la Ci-vic Type R ne fera pas payer sa plus grande cavalerie par un appétit démesuré: la japonaise s’est contentée de 8,7 l/100 km en moyenne sur notre essai. La Renault Mégane R.S. Trophy, à peine plus modeste d’un point de vue des performances (300 ch, 400 Nm), se révèle bien plus confortable au quotidien. La française se pare de peintures de guerre, via un éclairage diurne en forme de drapeau à damier. Le 1,8-litres turbo verra ses vocalises rauques et ses pétarades retransmises par un échappement à clapets pilotés, une caractéristique qu’elle partage avec la Hyundai i30 Fastaback N. Rien à redire à l’intérieur, la dieppoise jouant la carte de la séduction avec ses sièges Recaro et son Alcantara généreusement étendu. Des aspects qui ne renforcent que davantage les regrets laissés par la com-mande de boîte de vitesses, accrocheuse, et les freins, peu endurants. Après deux tours sur le circuit de Bresse, la pédale de freins commençait dé-jà à être spongieuse. La véritable surprise a été constituée par la Hyundai i30 Fastback N, pourtant la moins puissante (275 ch, 378 Nm) et la plus lourde (1517 kilos) du plateau de sportives. La coréenne a épaté par sa versatilité, les différents modes de conduite se traduisant par autant de visages différents. Le chassis, aussi, s’est révélé de premier ordre, avec des tarages très pointus et mordants; elle se classe ainsi derrière la Mégane R.S. Trophy pour deux petits points, malgré le déficit de 25 ch. Le meilleur aspect, dans tout cela, c’est que la coréenne ne vous saignera pas à la caisse, puisqu’elle est la moins chère des quatre, à 46 290 francs tout équipée. Il faudra, en revanche, consentir à quelques compromis dans l’habitacle, entre quelques matériaux décevants, une position de conduite trop haute et un accoudoir central pas assez long. Dommage, car le maniement du levier de vitesse se révèle de premier ordre. On aurait souhaité, en somme, une caractérisation un peu plus marquée par rapport à la i30 de base.

Question de point de vue
Il n’empêche, malgré cette proximité avec la i30 «sage», la Fastback N a convaincu l’ensemble des testeurs; sa troisième place dans les basques de la Renault Mégane R.S. Trophy est à interpréter comme un succès. La déception est, en revanche, plus grande avec la quatrième place de la Golf GTI TCR. On attendait plus de cette version extrême de la compacte la plus vendue en Europe. Elle est certainement l’auto la plus confortable de notre comparatif, mais aussi la plus ennuyeuse. La Golf GTI TCR n’est, en aucun cas, une mauvaise voiture; elle se fait toutefois damer le pion par ses rivales du point de vue des émotions. A notre avis, il y avait suffisamment de marge pour intercaler un modèle plus tranchant entre la GTI et la R. Certes, avec 290 ch, la TCR vient titiller la Golf R (310 ch), mais nous en attendions davantage au niveau du châssis. Pour bien moins cher, les Honda Civic Type R et Renault Mégane R.S. Trophy offrent beaucoup plus de fun. A ce jeu-là néanmoins, la japonaise se montre une fois de plus impériale, grâce à la cohérence entre le moteur, les trains roulants et l’aérodynamique, et s’impose avec brio dans ce comparatif.


Notre terrain de jeu pour ce comparatif

Pour réaliser ce comparatif, nous nous sommes rendus sur le circuit de Bresse (Saône-et-Loire, France). Situé à 1 h 20 de Genève et 2 h 30 de Berne, la piste propose un juste mélange entre portions rapides et techniques, juste ce qu’il faut pour mettre à l’épreuve la puissance et les châssis de nos quatre autos. Le tracé, long de 3 km, peut en outre adopter plusieurs configurations, grâce à la fermeture de certaines portions. En plus du circuit de vitesse, le complexe de 55 hectares abrite une piste de karting de 1,1 km, sur laquelle il est possible de rouler avec son propre karting ou en louant du matériel 4 temps. Une piste d’essai, d’une surface s’étendant sur 21 000 m2, figure aussi parmi les infrastructures proposées par le complexe. Elle permet de mettre son véhicule dans des conditions les plus variées: surface basse adhérence, décrochement brutal du train arrière via une plaque de ripage et route à déclivité (9%). Une piste pour les tout terrain est également au menu. A noter la présence d’une structure karting de com-pétition, «Praga Racing Team», pour la pratique du karting de manière encadrée et structurée.

Le circuit de Bresse propose un bon compromis entre passages rapides et parties plus techniques.

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