Hans-Peter Steiner
Au salon professionnel des équipements de la police (le GPEC, organisé à la mi-février à Francfort-sur-le-Main (All), une moto d’origine suisse a subjugué le public international. Un agent de police de Zurich qui préfère conserver l’anonymat – raison pour laquelle nous le surnommerons Agent CH – a été invité à présenter au salon une moto conçue par lui-même. Il ne s’agit donc pas d’une commande officielle des forces de l’ordre. C’est le fruit d’une initiative individuelle. Agent CH souhaitait depuis longtemps, déjà, donner un nouveau look aux motos de la police. Mais pourquoi? «Mon objectif est la sécurité, et a fortiori celle du conducteur. Une moto de police doit impérativement attirer sur elle l’attention de tous les usagers de la route. On a généralement tendance à ne pas faire attention aux motos. Les couleurs rouge et blanc sont obsolètes, et pas assez voyantes. D’autant plus qu’elles risquent d’être confondues avec les ambulances et le SAMU».
L’UE, dit-il, exige depuis longtemps déjà un changement de couleurs. En Allemagne, par exemple, les motos de la police utilisées depuis 2018 à Osnabrück, en Basse-Saxe – des motos électriques de la marque Zero – jouissent d’une livrée «Lemon». «Et c’est aussi le cas en Suède», dit Agent CH. En Suisse, les moulins de la bureaucratie semblent moudre lentement: le changement de couleurs doit recevoir le feu vert du Conseil fédéral. Le Conseil fédéral s’en lave les mains et laisse la décision respectivement aux Cantons et aux corps de police. Agent CH ne comprend pas pourquoi une uniformisation n’a pas déjà été adoptée. Surtout lorsque l’on sait qu’un collègue motard zurichois a tout récemment été happé par un automobiliste qui ne l’avait pas vu.
Peintures de guerre
La moto, une BMW 1250 GS Adventure de 136 ch, frappe surtout par ses «peintures de guerre» qui la signalent immédiatement comme une moto de police. «Lemon» est le nom de cette nuance, une espèce de jaune fluo qui, en combinaison avec le bleu, rend bien plus visible la moto.
Ce prototype moderne a été conçu par un concessionnaire BMW suisse. «J’avais déjà réalisé une première moto d’intervention en 1999 pour la police municipale de Wädenswil, une GS 1150, et je l’ai refait volontiers maintenant», explique Daniel Hees, directeur de Biker’s Life à Dietlikon. «Beaucoup de mes clients sont des agents de police de l’agglomération de Zurich, qui conduisent une GS dans leur vie privée. Et beaucoup parmi eux ont pensé qu’une telle moto était un outil de travail plus approprié pour les motards de la police que l’actuelle 1100 RT. Mais, apparemment, la GS n’a pas semblé assez représentative aux yeux des autorités.»
Avec ses grosses valises en alu, la BMW 1250 GS Adventure est qualifiée par notre Agent CH de «workhorse» idéale; autrement dit, elle est la parfaite bête de somme. Voilà pourquoi il s’en est servi de base pour mettre au point la parfaite moto de police. «Il m’a alors demandé de lui faire un devis, en n’omettant ni le gyrophare bleu ni les autres équipements spécifiques à la police. Pour lui, le plus important était que la moto soit visible. Je me suis donc attelé à sa conception», explique Hees. Aujourd’hui, la machine est terminée. Détail intéressant: Hees laisse aux différents corps de police le choix entre les différentes variantes de gyrophare.
«Celui qui veut être vu, on le voit»
Le bilan des premiers essais routiers d’Agent CH sur ordre de la police dans la région de Zurich, Zoug, Schwyz, Uri et des Grisons Graubünden est tout à fait positif. «Les motards de la police se sont montrés très élogieux face à cette nouvelle version, qui a attiré le public comme un aimant sur tous les parkings. La réaction des automobilistes a, elle aussi, été positive. Dans tous les cas, elle capte immédiatement le regard. A tel point que bien des automobilistes se sont jurés de faire plus attention aux motos à l’avenir, ce qui est déjà un point positif de l’étude.» Mais quel accueil va-t-on réserver à la moto dans la pratique? Les corps de police vont-ils opter pour une telle livrée? L’avenir le dira, a répondu Agent CH, avant de rajouter: «La sécurité routière peut simplement commencer au garage. Celui qui veut être vu, on le voit.»
Noël en plein mois de juin
Qui ne connaît pas cette sensation lorsque, enfant, on entendait sonner les cloches de Noël et vibrait d’impatience de découvrir les cadeaux au pied du sapin? Serais-je en train de confondre les saisons? Non, pas tout à fait: à peu de choses près, c’est ce que j’ai ressenti, la semaine dernière, en voyant les premières photos de ma Suzuki quasi terminée avec son nouveau look. Pendant que je me morfondais sur mes travaux de maturité à l’école, d’autres, comme l’équipe de Speedbox par exemple, se sont un peu plus amusés en faisant bénéficier ma moto d’une révision générale jusque dans les moindres détails. La transformation, comme j’en ai parlé dans ma dernière colonne, avance bien et, bientôt, je vais pouvoir enfourcher ma «nouvelle» bécane, laquelle jouit d’une nouvelle proue et, donc d’une nouvelle posture de conduite. En outre, elle dispose d’une nouvelle croupe, d’une ligne d’échappement en carbone ainsi que des décalcomanies rouge anodisé.
Même si cela n’est pas encore officiel, ce que l’on a appris ces derniers jours sur le MotoGP fut tout de même un remontant: la saison doit reprendre incessamment, les équipes se préparant pour les premiers tests en Espagne à la mi-juillet. Les courses de l’après-covid-19 seront disputées tout d’abord en Espagne; on vous laisse imaginer le rôle qu’ont joué les relations entre le promoteur du CM, la Dorna, et le gouvernement espagnol.
Les répercussions de toutes ces bonnes nouvelles se sont directement répercutées sur les routes des cols de Suisse le week-end dernier: dès les premières heures, au pied des cols les plus populaires, on a été étonné de voir les stations-service prises d’assaut, comme le comptoir d’enregistrement de Swiss le premier jour des grandes vacances. A tel point que l’on se demande s’il faut prendre un billet pour partir à l’attaque des lacets. Effectivement, pour le moment, il faut prendre son mal en patience: toutes les routes sont encombrées et la main gauche passe plus de temps en l’air à saluer que sur la poignée d’embrayage. Tout de même, réjouissons-nous de pouvoir savourer à nouveau de tels moments. Des instants durant lesquels nous pouvons également succomber au suspens du MotoGP. C’est quand même presque Noël en plein été, non?
Anja Tschopp
www.motorladies.ch
Instagram: @motorlady_