La révision de la loi sur le CO2, soumise à la votation populaire le 13 juin, a quelques zones d’ombre – dont la finalité exacte du Fonds pour le climat – mais beaucoup de certitudes. On pense à l’augmentation des taxes, pardi.
Outre le mazout de chauffage plus lourdement imposé et les billets d’avion ponctionnés de 30 ou 120 francs (en fonction de la distance), le litre de carburant sera grevé d’une taxe supplémentaire de 12 centimes. Ce qui portera à 85 centimes la charge fiscale sur chaque litre d’essence ou diesel, auxquels il faut encore ajouter les 7,7% de TVA. Le litre de carburant va, selon les régions de Suisse, s’approcher du seuil psychologique des 2 Fr./litre, si la révision de la loi est acceptée. On reviendrait ainsi au niveau «pré-crise financière de 2009», un niveau qu’on ne pensait jamais plus atteindre. A l’époque, ce prix à la pompe s’expliquait par le prix du baril, qui avait frôlé les 150 dollars. Aujourd’hui, il faudra «remercier» nos grands argentiers.
Pour alléger la fessée fiscale, le Conseil fédéral promet qu’une partie des recettes sera redistribué à la population, via les caisses maladies. Le Fonds pour le climat, lui, servirait à financer la modernisation des immeubles (isolation, pompe à chaleur, etc) et l’installation de bornes de recharge. Oui, car le gouvernement et le parlement avancent dans la brochure explicative qu’une famille «devra certes débourser une centaine de francs de plus par an mais, si elle opte pour une voiture électrique, ce montant diminuera de moitié». Ah voilà. Chers citoyens, achetez donc une voiture électrique – 30 000 francs, au bas mot – pour économiser 50 francs par an.
De toute façon – et c’est là que réside la principale absurdité – la voiture électrique ne peut pas être une option pour les personnes résidant en appartement, sans place de parking privée. Même une densification à l’extrême du réseau de recharge public n’y changera rien: la voiture électrique n’est une alternative uniquement que pour ceux qui peuvent recharger à la maison ou, au minimum, au bureau. Autrement dit, la voiture électrique ne peut pas être une option pour ceux qui auraient le plus besoin de ces allègements fiscaux, les revenus les plus modestes, à savoir les personnes vivant en appartement et garant leur véhicule dans la rue. Un très bel autogoal pour une loi qui se veut «équitable et sociale», mais qui ne profitera pas à ceux qui en auraient le plus besoin. Pas tout le monde ne peut vivre dans un immeuble récent certifié Minergie situé au centre-ville, pas tout le monde ne peut se permettre une voiture électrique.