Greed is good», lançait Gordon Gekko, le financier impitoyable incarné par Michael Douglas, dans le film «Wall Street» d’Oliver Stone. Cet homme d’affaires sans scrupule voyait dans l’avidité, la quête infinie du profit, une qualité. Elle pousse, selon lui, les gens à se dépasser, à puiser profondément en eux. Loin de nous l’idée d’approuver cette maxime glaçante de cynisme, mais force est de remarquer que là où il y a des opportunités économiques, il y a de la recherche, des investissements et des solutions. Ainsi, pour résoudre – ou au moins, y contribuer – le problème des émissions de CO2, il «suffit» de faire du CO2 une source de revenus.
Il peut, par exemple, être utilisé dans la fabrication du béton, où il remplace partiellement l’eau. Le béton qui résulte de ce mélange serait même plus solide. Le CO2 est ainsi emprisonné pour toujours dans les bâtiments.
Toutefois, l’une des applications les plus prometteuses pour le CO2 capturé dans l’air serait la fabrication de carburants synthétiques. La recette est simple: prenez du CO2 dans l’air, combinez-le avec de l’hydrogène et vous obtenez du carburant pour chaque type d’application (aviation, automobile, transport maritime, etc.). Lorsque le CO2 est rejeté dans l’air lors de la combustion, il «suffit» de le capturer à nouveau et, si l’énergie utilisée pour faire ce cocktail est d’origine renouvelable, vous obtenez un cercle vertueux neutre en carbone.
Si c’était si simple, cela aurait déjà été fait. Le problème ne réside pas à l’échelle technologique – les outils fonctionnent déjà – mais au niveau économique: impossible aujourd’hui d’arriver à la pompe avec un prix concurrentiel, les investissements initiaux étant élevés. Et oui, ça coûte plus cher que de «se baisser» et puiser dans les couches profondes de la Terre. Toutefois, cette situation peut vite changer. Il faut pour cela un «coup de pouce» initial – des subventions – pour soutenir ces projets et les rendre économiquement viables. Et au vu des économies d’échelle dont peuvent bénéficier les carburants synthétiques, la rentabilité peut rapidement être atteinte. En ce sens, un subventionnement via les recettes prélevées à la route est cohérent, contrairement au projet de loi sur le CO2, refusé dimanche par le peuple. Ce texte, à travers l’obscur fonds sur le climat, aurait financé une série de projets, certes liés au climat, comme le remplacement des chaudières au mazout, mais qui n’ont rien à voir avec la route. Donnons d’abord à la route cet argent qu’elle apporte elle-même, donnons-lui les moyens de se renouveler. Et, dans le même temps, si nos parlementaires font du CO2 une denrée convoitée des milieux économiques, le problème sera résolu plus vite qu’on le pense…