Bien profilé

Le Sportage concentre toutes les qualités à l’origine du succès de Kia, le tout emballé dans une enveloppe audacieuse... mais trompeuse sur ses aspirations sportives.

Attention aux apparences! Surtout en observant la face avant du Kia Sportage, au style si particulier. Le Hyundai Bayon avait déjà démontré que les Coréens savaient surprendre en lançant un modèle très différent du reste la gamme. Ce n’est pas la première fois que les Asiatiques nous font le coup de l’audace: le look affirmé du Hyundai Kona avait contribué en 2017 au succès de ce modèle. 

Attendez, direz-vous, pourquoi parlez-vous de Hyundai dans le test d’une Kia ? Parce que le Sportage reprend quelques traits de ses cousines; on pense à la fente surplombant la large calandre – déjà vue sur le Kona – ou les tarabiscotages autour des phares, comme sur le Bayon. Le Sportage a toutefois bien des lignes très personnelles, impossible de le confondre avec d’autres membres de la famille Hyundai-Kia. Les vues de profil et arrière sont plus classiques, les baguettes chromées sur le pourtour le sont moins et guident le regard des flancs jusqu’à la poupe du véhicule. Globalement, le design apparaît comme rafraîchissant. C’est là que l’on se rend compte de la progression de Kia en moins de cinq ans! Le Sportage apporte une bonne dose d’originalité dans un segment autrement engoncé dans le classicisime. 

Peu de couacs

Cependant, le Sportage ne fait pas la révolution à chaque coin, il sait être conventionnel. A l’intérieur, chaque élément est plus ou moins là où l’attend. La commande au moyen des touches sur le volant est l’une des plus intuitives qui soit, bien que l’étendue des fonctions couvertes soit très vaste. Cela englobe presque toutes les aides à la conduite, qu’il s’agisse du régulateur de vitesse adaptatif ou du maintien actif de la trajectoire. Les deux fonctionnent généralement très bien et nous n’avons relevé que peu de couacs. Précisons tout de même qu’à plusieurs reprises, le véhicule nous a signalé – à tort – que nous empruntions une rue à sens unique. Les systèmes sont aussi un peu trop zélés lorsqu’il s’agit de rendre le conducteur attentif à des dangers potentiels. Hélas, cet avetissement ne passe pas par l’affichage tête haute. Celui-ci ne figure même pas dans la liste des options, toujours aussi courte. En revanche, à l’enclenchement des clignotants, le tableau de bord affichera une image en direct de la zone dans l’angle mort. 

Il faut dire que cet écran mérite des compliments par sa haute résolution et sa lisibilité. Il fait mieux que les modèles allemands en terme de configurabilité. Le système d’infodivertissement reprend la structure de Hyundai à l’identique, avec toutefois des couleurs et des symboles légèrement différents. On y trouve des sous-menus clairs et une série d’applications plus ou moins utiles, toutes connectées. Seul Apple CarPlay ne fonctionne pas sans fil, uniquement via une prise USB-B déjà obsolète. L’USB-C est pourtant disponible, mais il nécessite un adaptateur.

La barre tactile placée en dessous paraît compliquée: elle regroupe des surfaces donnant un accès direct à des menus importants ou à des réglages de climatisation. Tout cela gagnerait à être plus intuitif, mais on finit par s’y habituer. Les autres fonctions se pilotent via des boutons sur la console centrale. L’ensemble est plutôt acceptable, même si l’on note qu’il y a surenchère de plastique voulant imiter le métal poli. Les buses de ventilation, très saillantes, et les poignées de porte, qui s’inspirent du design de la face avant, ne sont pas non plus du meilleur goût. 

Conforme aux attentes

Si le look se veut excitant, la conduite du Sportage ne révèle en revanche rien de très spectaculaire. La direction, le confort de suspension et le comportement routier correspondent à ce que l’on est en droit d’attendre d’un SUV compact à vocation familiale. Tout est donc bien équilibré, doux et prévisible, mais les sensations figurent aux abonnées absentes. La suspension à jambes Mc-Pherson à l’avant et bras multiples à l’arrière – pilotée dans le cas de la version «sportive» GT-Line testée – aplanit avec maestria les irrégularités, sans en transmettre trop aux occupants. Les trajets sont rendus encore plus agréable par l’insonorisation, de très bon niveau dans le Sportage. Toutefois, dès que l’on quitte l’autoroute et que l’on affronte des virages, ces avantages deviennent des défauts. La direction, très assistée et assez imprécise, s’accompagne d’une prise de roulis plutôt prononcée. La tenue de route est certes suffisante, mais on a davantage de plaisir à conduire le Sportage en ligne droite. Il ne faut pas se laisser abuser non plus par le style sportif de la finition GT-Line, avec sa sellerie en Alcantara, son volant sport et ses petites palettes de changement de vitesse.

Assistance électrique bien utile

Le système de propulsion fait également bonne impression. Ses 169 kW (230 ch) procurent des accélérations plus que correctes, que nous avons mesurées à 8,4 secondes de 0 à 100 km/h. Et grâce à la traction intégrale, la motricité reste bonne même sur chaussée mouillée. Grâce à son couple immédiatement disponible, le moteur électrique pousse fort dans un premier temps, avant de relâcher rapidement son effort. De ce fait, l’accélération n’est pas tout à fait linéaire, surtout à bas régime, jusqu’à ce que le moteur thermique ait pris quelques rotations. Néanmoins, les six rapports de la boîte automatique passent en douceur, dans toutes les situations de la vie quotidienne. 

Il y a toutefois deux réserves à signaler. Le moteur T-GDI de 1,6 litre est peu coupleux, il ne dispose que de 265 Nm disponibles entre 1500 et 4500 tr/min. Compte tenu du poids à vide mesuré de 1740 kilos, l’assistance électrique apporte un coup de pouce salvateur. Le moteur électrique délivre une puissance de 44,2 kW (60 ch) et un couple de 264 Nm, mais toujours à des régimes relativement bas. De ce fait, le système hybride passe parfois sauvagement d’une propulsion à l’autre et, surtout, le petit moteur turbo essence manifeste bruyamment, à pleine charge, son essoufflement.

A cette faiblesse s’ajoute la consommation d’essence du moteur 1.6 T-GDI, qui est relativement élevée, surtout à froid; c’est un point que nous avions déjà constaté sur d’autres modèles qui en sont également équipés. Les courts trajets ne sont donc pas trop recommandés, même si ce modèle hybride peut aussi rouler à l’électricité grâce à sa batterie de 1,49 kWh. 

Les valeurs mesurées dégringolent assez rapidement par la suite, mais nous avons tout de même enregistré une consommation moyenne de 6,4 litres à l’issue du test, et de 5,6 l/100 km lors du parcours standard RA.

On en a pour son argent

Une fois que l’on sait tout cela, on peut apprécier le Kia Sportage presque sans retenue. Car même si nous n’avons pas eu vraiment le coup de cœur au premier coup d’œil (ou peut-être justement à cause de cela), la deuxième impression a été la bonne sur la piste d’essais du Dynamic Test Center de Vauffelin (BE). Nous avons été conquis par la finesse et l’efficacité avec lesquelles l’ABS fonctionne en cas de freinage d’urgence. Sur un revêtement pourtant humide, le SUV compact roulant à 100 km/h s’est immobilisé sur seulement 34,5 mètres, en toute sécurité.

S’il est un peu bougon en conduite sportive, le Sportage redevient un dévoué serviteur à allure modérée, aussi grâce aux multiples trouvailles à l’intérieur. La deuxième rangée de sièges, par exemple, propose diverses astuces pratiques. Les appuie-têtes des sièges avant intègrent des supports pouvant servir de patère, ou même de fixation pour une tablette. Un crochet a aussi été aménagé au dos de chaque coque de siège, pour y accrocher des vêtements ou des sacs. De plus, des prises USB-C sont disponibles sur les flancs des sièges avant. Les dossiers des sièges arrière chauffants s’inclinent à différents degrés et la banquette est rabattable en trois parties. Les modèles concurrents ne sont pas si nombreux à pouvoir se targuer d’une telle modularité. Si l’espace à l’arrière est correct, la capacité du coffre – modulable entre 587 et 1776 litres – est en revanche généreuse.

Peu d’options

Sur le plan du prix, Kia réclame 45 350 francs au minimum pour le Sportage, ce qui n’a rien d’indécent à nos yeux. La note grimpe à plus de 55 000 francs pour la ligne d’équipements la plus chère, la GT-Line, avec une liste d’options au final très courte. Relevons encore que le VW Tiguan, la référence dans ce segment, est à un niveau comparable. 

Nous constatons que Kia fournit à nouveau une bonne prestation avec ce Sportage, même compte tenu des réserves évoquées à l’égard de la motorisation testée ici. Il faut voir son style très original comme un emballage recherché pour un cadeau: il n’augmente pas la valeur du présent, mais participe à l’excitation!

Résultats

Note de la rédaction 77.5/100

moteur-boîte

Si l’on utilise la propulsion à bon escient, on est récompensés par une faible consommation et une conduite sans à-coups. En dérogeant à cette règle, c’est la punition: du bruit, des soubresauts et un appétit vorace.

trains roulants

Les trains roulants brillent par leur douceur et leur équilibre, même dans les virages. Le Sportage n’apprécie pas les manœuvres brusques.

Habitacle

L’intérieur reflète l’originalité de l’extérieur. L’ergonomie est judicieuse, le choix des matériaux est bon, la qualité de la finition pourrait cependant être supérieure. L’espace et la modularité sont en tous points suffisants. 

Sécurité

Le freinage est excellent, les assistants fonctionnent la plupart du temps de manière convaincante, si l’on excepte un brin de nervosité.

Budget

Les prix «cassés», c’est fini. Mais le rapport qualité-prix offert par Kia est toujours aussi intéressant.

Verdict 

Le Sportage est audacieux, et a raison de l’être. En ville, il roule sur de longues distances à l’électricité; sur l’autoroute, il se distingue par son châssis doux et son excellente insonorisation. Même s’il est difficile de croire que l’on a 230 chevaux, la poigne est suffisante pour le quotidien. À l’intérieur, la Kia convainc par des matériaux agréables, une ergonomie bien pensée et des solutions originales. Cerise sur le gâteaux, le tout offert à un prix raisonnable.

Vous trouverez le fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

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