Sous une bonne étoile

Le GLC est à Mercedes ce que la Golf est à VW. Cet infatigable héros du quotidien s’est vendu à deux millions d’unités depuis 2008 et veut étendre ce succès à sa 3e génération.

La Mercedes la plus vendue en Suisse et dans le monde, c’est lui. Le GLC pointe même à la troisième place absolue dans nos contrées en ce début d’année, derrière le Škoda Karoq et l’Audi Q3. Ce succès ne doit rien à l’effet de nouveauté, car le dernier GLC – vendu depuis fin 2022 – engrange les faveurs du public deux générations déjà; même en fin de vie, le précédent GLC a continué à convaincre les clients. Il faut dire que le précédent modèle (né en 2015) était encore «vert» au moment où il est parti à la retraite, il avait subi un facelift en 2019. Pour cette raison, le nouveau GLC – au nom de code X254 –  ressemble davantage à une grosse mise à jour qu’à véritable nouveauté: les retouches esthétiques concernent les feux, une face avant remodelée et quelques autres menus détails. Pourtant, sous cette plastique conservatrice, les nouveautés sont nombreuses. 

Les formes arrondies et épurées du GLC ne sont pas seulement agréables, elles résistent peu à l’air. Sa carrure et ses dimensions plus imposantes ne se soldent pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser, par une consommation en hausse. Le coffre profite en premier lieu de cette tendance inflationniste, puisqu’il peut engloutir jusqu’à 620 litres; il figure ainsi au sommet de la catégorie. La palette des moteurs est très riche, mais les propulseurs essence et diesel ont tous en commun d’être électrifiés – que ce soit par une hybridation légère ou rechargeable. 

L’habitacle a également subi un profond remaniement. Pas de trace de l’hyper écran ici, mais un tableau de bord numérique à la place des instruments traditionnels; Mercedes a intégré un écran vertical de 11,9 pouces sur la console centrale, de façon assez discutable. Notons encore dans les améliorations un essieu arrière aux roues directrices, une rareté dans le segment. 

Un moteur essence ouvre la gamme, mais nous aurons droit un propulseur «un cran au-dessus» pour ce test, le 220d, vendu dès 65 800 francs. Ce 2-litres diesel de 220 ch est couplé à une boîte automatique à convertisseur à 9 rapports, transmettant le couple aux quatre roues. Le tarif paraît au premier coup d’œil similaire à celui des concurrents premium – le BMW X3 démarre à 64 100 francs, l’Audi Q5 TDI réclame 60 350 francs – mais la douloureuse a vite fait d’exploser. Notre modèle d’essai atteignait ainsi 94 982 francs, soit un incrément de 50% pour les équipements en sus. A ce tarif, le client a le droit d’attendre beaucoup de sa monture, mais le «petit» moteur douche d’emblée les attentes, il n’a rien de très excitant a priori.

Le plaisir au rendez-vous

En revanche, ce bloc diesel fait preuve de belles aptitudes au quotidien, notamment sur autoroute, où il se fait très discret. Le 2-litres est à peine audible et permet au GLC de glisser sur les voies rapides en toute décontraction. Les 400 Nm de couple, disponibles dès 1500 tr/min, signifient des relances grisantes; l’hybridation légère apporte un coup de pouce appréciable au propulseur diesel, que ce soit par quelques chevaux de plus ou par un soutien lors des démarrages. L’électronique se charge d’ailleurs d’activer seul le mode «roue libre» dès qu’il détecte les conditions idoines. Mises bout à bout, ces mesures aboutissent à un excellent score de consommation sur notre parcours standardisé, avec 5,8 l/100 km mesurés. C’est une valeur inférieure à la moyenne du segment et autorise ainsi une autonomie maximale à quatre chiffres. La preuve, si besoin était, que le diesel a toujours sa raison d’être. Ce n’est qu’en ville et dans le trafic par à-coups que ce propulseur ne peut cacher ses gènes un peu rustres, où il sera assez rugueux et bruyant. 

Même si le GLC représente le gros des ventes pour Mercedes, il reste digne de l’étoile. On trouve ainsi un système audio Burmester, délivrant un son haut de gamme. Les sièges sont au choix garnis en cuir ou en simili cuir, les inserts divers et variés se mêlent élégamment sur la planche de bord; un éclairage d’ambiance configurable à souhait plonge les occupants dans une douce atmosphère. Hélas, ce havre de paix a embarqué quelques hôtes indésirables, les démons de la numérisation: il faut payer un abonnement pour activer certaines options et la plupart des commandes – y compris la climatisation – sont utilisables via la dalle tactile. Heureusement, la structure des menus du MBUX est claire et l’écran est grand, facilitant la prise en main; les fonctions les plus importantes sont toujours à portée de main. A cela s’ajoute une commande vocale de très bonne facture, qui comprend le langage naturel. Il suffit de dire «j’ai froid» pour le système remonte la température de l’habitacle. Les centimètres supplémentaires promis – 6 cm en longueur, dont 1,5 cm pour l’empattement – par la fiche technique n’apportent pas vraiment un surplus d’habitabilité appréciable, en comparaison avec le modèle précédent. On sera bien entendu plus à l’aise à l’avant qu’à l’arrière, où l’espace pour les genoux est correct. Le passager du milieu devra en revanche se battre avec l’imposant tunnel central. L’arbre de transmission pour la traction intégrale a toujours besoin de place, la nouvelle plateforme du GLC n’a pas changé la donne.

Une large palette d’assistants

En effet, le GLC hérite de l’architecture MRA2, déjà vue sur la Classe C. Cette plateforme apporte surtout un avantage du côté des trains roulants, l’essieu arrière à roues directrices devient disponible. Cet équipement, autrefois apanage des classes supérieures, transfigure le GLC, qui devient très agile. Les roues arrière directrices font merveille en ville, il ne faut que 11,1 m au GLC pour tourner sur lui-même, malgré l’empattement de 2,89 m. Avec ce rayon de braquage, le GLC peut même faire la nique au GLA, son petit frère. Les roues directrices favorisent également le dynamisme, l’impulsion «déphasée» des roues arrière réduit le sous-virage. Le plaisir de conduite s’en trouve augmenté, mais aussi la sécurité. Les amortisseurs adaptatifs complètent le travail, en limitant le roulis, l’électronique durcissant la suspension là où il le faut. 

L’essieu directeur arrière et la suspension pneumatique sont regroupées dans le pack technique, l’une des options à s’offrir à tout prix, malgré le tarif de 3500 francs. Même ainsi, le GLC reste un véhicule tourné vers le confort, qu’il soit équipé ou pas de ces trains roulants affûtés; un caractère apaisé qui convient bien à la vocation de ce SUV. Ceux qui veulent plus de sportivité attendront les versions signées AMG. 

Côté dotation, le GLC propose un nombre correct d’équipements de série, mais il faudra profondément puiser dans le catalogue d’options pour bénéficier de l’attirail technologique complet. Outre le régulateur adaptatif avec reconnaissance des panneaux, on peut s’offrir un dispositif de changement de voie automatique sur l’autoroute, un assistant pour les embouteillages, une caméra à 360° avec vue «au-travers du capot». Les caméras parviennent en effet à recomposer une vision vers l’avant dépourvue d’angles morts, particulièrement utile en tout-terrain, pour placer les roues avant au millimètre et éviter les obstacles. Les conducteurs de remorques apprécieront la présence d’un assistant de manœuvres, qui les aidera à se parquer. La panoplie d’aides à la conduite est complétée par d’autres fonctionnalités, qui tendent au gadget, comme la navigation avec réalité augmentée ou la caméra qui surveille les feux rouges. L’image est diffusée sur l’écran d’infodivertissement, épargnant ainsi au conducteur les contorsions pour deviner la couleur du signal lumineux. 

Ainsi paré, le GLC a tout pour perpétuer le succès des précédentes générations. Il est en quelque sorte ce que la Golf est à VW, à savoir une valeur sûre qu’il est inutile de chambouler à chaque génération. Mercedes a su apporter des modifications là où elles étaient nécessaires, le GLC est bien armé pour se défendre face à la concurrence, même électrique. Sa gamme de moteurs est en effet très large et comprend, outre le diesel testé, un autre moteur à autoallumage de 2 litres, deux propulseurs essence et trois modèles hybrides rechargeables. Une déclinaison coupé vient tout juste d’être présentée et les variantes méchantes d’Affalterbach ne sauraient tarder.

Résultats

Note de la rédaction 71.5/100

moteur-boîte

Le 220d figure parmi les propositions de base du GLC. Il est tout à fait adapté à une utilisation quotidienne, en particulier pour les trajets autoroutiers. Ce propulseur brille par sa frugalité et sa discrétion.

trains roulants

Grâce aux roues arrière directrice optionnelles et les suspensions adaptatives, ce SUV pesant deux tonnes se comporte avec assurance dans le sinueux et parvient même à distiller un peu de plaisir de conduite.

Habitacle

La place est abondante dans le coffre et au premier rang, nettement moins sur la banquette arrière. Les équipements sont complets et fonctionnent bien.

Sécurité

Les aides à la conduite développées par Mercedes font partie de ce qu’il se fait de mieux sur le marché. L’ergonomie «tout tactile» absorbe trop l’attention du conducteur, mais il est possible d’utiliser à la place la commande vocale.

Budget

Le prix de base du GLC paraît séduisant, car comparable avec celui de ses concurrents. Néanmoins, l’addition grimpe en flèche dès que l’on commence à l’équiper généreusement. Les rivaux offrent aussi davantage du côté de la garantie. 

Verdict 

Mercedes a amélioré le GLC là où il le fallait. Même avec le petit moteur diesel, le SUV de Stuttgart parvient à concilier confort au quotidien, dynamisme et beaucoup de technologie. Néanmoins, ces qualités viennent au prix fort.

Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.

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