Le voici donc, l’héritier électrique des millions d’utilitaires commercialisés par Volkswagen au cours des septante dernières années! Ce nouveau véhicule puise son inspiration dans les modèles de première génération, qui font l’objet d’un énorme engouement sur le marché de l’occasion depuis une vingtaine d’années, dépassant en cela leur fonction première de transporteur de marchandises et de personnes, pour incarner un rôle de véhicule cool, à la mode. Moins portés sur la nostalgie, les dernières générations du Transporter sont elles aussi très recherchées. La série actuelle T6.1 se vend encore comme des petits pains, à tel point que la demande dépasse l’offre. Et Volkswagen d’essayer de suivre les commandes avec ses énormes capacités de production. En marge du T6.1, décliné en diverses versions utilitaires, de tourisme ainsi qu’en camping-car, VW a présenté en 2021 le Multivan, un grand monospace assemblé sur un châssis de véhicule monocoque et remplaçant le T6.1 Multivan avec son agencement intérieur cossu.
Conceptuellement très proche du nouveau Multivan, l’ID. Buzz est en quelque sorte l’alter ego électrique de ce dernier puisque comme lui, il s’éloigne franchement de son statut utilitaire basique. Certes, l’ID. Buzz est proposé dans une version commerciale dénuée de fenêtres latérales à l’arrière mais il se pare d’atouts qui sont bien trop distingués pour le classer aux côtés d’autres utilitaires standards. Pour cette raison, il peut d’ailleurs se targuer d’être dénué de concurrence, ou presque.
Plus chic qu’utilitaire
Le présent article concerne l’essai de la version aménagée, qui se présente comme un van moderne et agréable à vivre. A bord, les revêtements clairs confèrent une impression d’espace encore plus manifeste. Il y a passablement de plastique, mais les applications en bois sur le tableau de bord relèvent l’ambiance; ce n’est pas une voiture Playmobil contrairement à ce qu’on pouvait craindre. Voilà une familiale qui a du style, mais qui mérite aussi de nettoyer ses bottes avant de remonter en voiture lors de la sortie en forêt dominicale avec toute la troupe de garnements. Comme dans tout monospace qui se repecte, la position de conduite droite et en hauteur permet une vue panoramique de l’environnement mais confère aussi au conducteur l’impression de s’asseoir à table. Ce n’est pas désagréable en soi mais cela confère de facto une conduite assez placide. A propos de position de conduite, on peut regretter de ne pas pouvoir abaisser le siège, le réglage n’agissant que sur l’inclinaison de l’assise. Bon point en revanche pour les accoudoirs des deux côtés, qui amplifient cette impression de commander un vaisseau spatial.
Sur l’ID. Buzz, le sélecteur de marche prend place sur la colonne de direction; au contraire des autres VW électriques, il n’est pas accolé au combiné d’instrumentation. En revanche, à l’instar des autres modèles de la gamme ID., rares sont les boutons à avoir survécu. Tout au plus, il en reste certains en guise de raccourci mais même eux sont tactiles. L’ergonomie du dispositif d’infodivertissement est en revanche bien mieux pensée. Sur l’écran tactile, toutes les icônes correspondent désormais à une fonction idoine. Fini la confusion des pictogrammes à double sens, notamment ceux des sièges chauffants qui indiquaient, pour l’un, l’activation et pour l’autre, l’intensité. Pour faire court, les concepteurs Volkswagen semblent enfin avoir retrouvé leur bon sens. Enfin, tout n’est pas parfait pour autant: le chauffage du volant par exemple s’active via la fonction «mains chaudes» alors qu’une simple touche physique aurait bien mieux convenu.
Voyage intersidéral
Mû par une machine électrique de 150 kW (204 ch), l’ID. Buzz, dont la masse est donnée pour 2,5 tonnes (!), s’ébroue en douceur. Voilà qui sied tout à fait à son tempérament de navetteur confortable. Cela dit, les 310 Nm de couple que propose cette unité peuvent tout de même offrir un petit peu de dynamisme lorsque l’accélérateur est enfoncé vigoureusement. Enfin, il faut tout de même préciser que l’on a davantage l’impression d’avoir affaire à un potentiomètre de machine à coudre qu’à une voiture sportive.
Installée sur l’essieu arrière, cette machine ne motorise que les roues de la poupe. Sur la route, la fermeté des réglages du châssis est plutôt surprenante. C’est bien pour la précision de conduite, moins pour le confort. En revanche, le conducteur, perché sur sa nacelle, remercie la faible amplitude des mouvements de caisse. En revanche, il regrette de ressentir autant les secousses. Heureusement, l’insonorisation est soignée. Malgré la proue massive, on ne perçoit quasiment aucun bruit de vent dans l’habitacle. Seulement un léger bourdonnement provenant de la mécanique. Oui, l’habitacle spacieux de l’ID. Buzz permet de profiter pleinement de l’installation audio et des meilleurs tubes passés à Woodstock en 1969. Il est loin de temps où le crépitement du flat-4 couvrait le volume du transistor. Au volant, la décontraction est réelle bien qu’il faille tout de même surveiller d’un œil la charge de la batterie. Et pour cause, la conso moyenne commence toujours par un deux – comprenez: au moins une vingtaine de kWh aux 100 kilomètres, ce qui n’est pas négligeable. Les quelques 400 kilomètres promis paraissent bien éloignés de l’autonomie réelle. Mieux vaut tabler sur une distance comprise entre 300 et 320 kilomètres pour avoir la conscience tranquille. Bien sûr, le chauffage et les autres consommateurs contribuent à l’épuisement prématuré du stock d’énergie. Par chance, les stations de recharge rapide peuvent remettre l’ID. Buzz à flot assez rapidement puisque son chargeur embarqué tolère une puissance de recharge en courant continu allant jusqu’à 170 kW. Et quoi de mieux qu’un minivan spacieux pour profiter pleinement de la pause obligatoire? A ce propos, il faut préciser que l’habitacle profite d’une kyrielle de fiches USB. En revanche, il ne propose pas de prise de 230 volts, ce qui serait bien pratique, pour alimenter un ordinateur portable par exemple, mais gageons qu’une gamme complète d’accessoires sera bientôt proposée en concession.
A l’aise en ville
Du fait de son moteur positionné à l’arrière, l’essieu avant de l’ID. Buzz est dénué de cardans. Aussi est-il capable de tourner court, son diamètre de braquage entre murs étant de 11 mètres. Un avantage de taille vu le gabarit du véhicule. Dans les faits, il permet quasiment de tourner à angle droit pour entrer dans une place en épi. Quel que soit l’étroitesse des parkings, se garer devient un jeu d’enfant et les créneaux ne sont pas plus compliqués. D’autant que la visibilité périphérique est optimale: le bord inférieur du pare-brise et la lunette arrière correspondent grosso modo aux extrémités du véhicule, ce qui facilite grandement la tâche du conducteur. Bien sûr, toutes les aides au stationnement imaginables sont disponibles en option mais il est toujours gratifiant de s’en remettre à son savoir-faire. Mieux vaut, selon nous, garder ses sous pour les portes coulissantes à commande électrique. Celles-ci facilitent grandement la manipulation de ces lourds ouvrants. Avantage, ils permettent aux portières d’éviter d’être en permanence claquées. Ceux qui équiperont leur ID. Buzz d’un matelas à l’arrière pour partir en camping apprécieront sans doute encore plus ce silence dans la nuit. Autrefois, il arrivait que les portières montées sur glissières étaient interdites dans certains campings précisément pour le dérangement sonore qu’elles occasionnent. A propos de camping, VW a confirmé que l’ID. Buzz sera bientôt proposé dans une version habitée, logiquement désignée California.
Volkswagen n’a pas lésiné sur la quantité d’options disponibles sur le van. Et la facture de rapidement grimper si le client se laisse aller. D’aucuns diront que cette politique permet aussi de multiples possibilités de personnalisation. Le succès du T6.1 California dans notre pays, avec une politique de prix similaire, leur donne sans doute raison… Mais contrairement à son cousin thermique omniprésent sur nos routes, l’ID. Buzz attire toute l’attention, bardé ou non d’options supplémentaires. A son volant, il faut s’attendre à être interpellé dans la rue! Et lorsque vient le moment d’aller acheter de nouveaux meubles, on passe volontiers quelques minutes à échanger avec son voisin de parking. Cet attrait s’amenuisera avec le temps, mais ce modèle très attendu suscite actuellement un véritable engouement. Jugé avec méfiance par les (nombreux) détracteurs des Volkswagen ID., le Buzz réussit toutefois à corriger certains aspects largement critiqués tout en faisant revivre l’esprit du bus d’antan. Grâce à son design et à son concept de monospace, il se pose comme un modèle marquant qui pourrait bien pousser l’ensemble des ventes de véhicules électriques.
Certains défauts tout de même
Evidemment, l’ID. Buzz souffre de plusieurs défauts, à commencer par sa consommation élevée, sa charge utile limité à 500 kg, et surtout l’absence de troisième rangée de sièges. A ce propos, il est à noter que VW prévoit de lancer une version plus longue, dotée de cette possibilité, à terme. Il n’empêche, le premier bus VW était loin d’être parfait lui aussi. Et pourtant, son équipement spartiate, son manque de puissance et l’absence de hayon (!) n’ont pas entravé son succès. Le fait que l’ID. Buzzsoit l’un des premiers minibus à propulsion électrique lui donne une certaine avance sur un marché avide de véhicule de loisirs.
Certes, il coûte cher, mais la concurrence est quasiment inexistante et il pourrait conserver une très bonne valeur de revente. Enfin, c’est aussi le ticket d’entrée dans la communauté des amateurs de bus VW, qui se saluent tous d’un geste sympathique: dos de la main tourné vers l’extérieur, les doigts repliés, sauf le pouce et l’auriculaire, avec un petit mouvement de pivot… Chill!
Résultats
Note de la rédaction 69.5/100
moteur-boîte
L’ID. Buzz n’a rien d’un foudre de guerre mais ses 150 kW suffisent amplement pour un usage quotidien. Naturellement, sans aucun bruit.
trains roulants
Le réglage du châssis est assez ferme: les mouvements de caisse sont modérés, le centre de gravité bas y contribue.
Habitacle
L’intérieur est convivial et lumineux et profite de tous les atouts d’une voiture de tourisme. La modularité est quelque peu limitée par l’encombrement du moteur.
Sécurité
Les coins du véhicule sont visibles depuis le «trône» du conducteur. La voiture peut être parfaitement placée sur la route. Les aides à la conduite sont nombreuses et fonctionnent bien.
Budget
L’ID. Buzz est la plus chère des VW. A ce tarif, il faut ajouter celui de certaines options indispensables. Cela dit, le minibus devrait conserver sa valeur sur le marché de l’occasion, ce qui rend la facture d’achat moins douloureuse.
Verdict
L’ID. Buzz est bel et bien le digne héritier de la longue histoire des bus VW. Certes, ce véhicule électrique souffre de quelques faiblesses, dont beaucoup sont imputables à la plateforme MEB. D’un autre côté, ces points faibles lui donnent du caractère. Rarement une voiture électrique nous avait autant séduit.
Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.