L’année prochaine, Alpine lancera sur le marché la première phase de son offensive «dream garage», qui comportera à terme trois véhicules électriques: la remplaçante de l’A110 (2026), un Crossover GT (2025), et une citadine de segment B (2024). Second modèle de la marque après l’actuelle A110, cette dernière s’annonce pour le moins alléchante puisqu’elle ne sera rien de moins que l’une des premières «hot hatch» électriques de l’histoire. Si la firme de Dieppe n’a pas encore présenté officiellement cette auto, elle vient en revanche de lever le voile sur le concept qui la préfigure, l’A290_ß.
Pour l’A290_ß, Alpine a partiellement repensé son système de nomenclature. En l’occurrence, le premier chiffre «2» positionne l’auto dans la gamme, ce nombre faisant référence au segment B des citadines dans lequel elle évolue. Le chiffre «90» quant à lui est propre aux véhicules «lifestyle» de l’enseigne, dixit Alpine. Les véhicules purement sportifs garderont, eux, le chiffre «10». Quant à la dernière lettre «ß», issue de l’alphabet grec, elle est propre à ce prototype. Elle ne sera pas reconduite sur le modèle de série, Bêta étant en effet utilisé dans différents domaines (informatique, jeu vidéo…) pour désigner une étape intermédiaire de développement avant le lancement officiel de la version finale. Le véhicule de série s’appellera donc simplement A290.
85% en commun avec la voiture de série
Bien entendu, l’aspect le plus intéressant de ce concept consiste à comprendre ce que le véhicule de série reprendra de ce prototype et ce qu’il laissera de côté. Raphael Linari, chef designer Alpine, précise d’emblée que 85% de l’aspect extérieur de cette version bêta sera reconduit par le modèle de série, qui sera un peu plus petit et moins large que ce concept. Qui est long de 4,05 mètres, large de 1,85 mètre et haut de 1,48 mètre. Les lignes générales seront donc reprises, à l’instar des phares en croix faisant écho à l’univers du rallye comme Linari l’a confirmé à la Revue Automobile: «Nous avons transposé le concept de scotch noir disposé en croix sur les phares avant des anciennes voiture de rallye (ndlr: ce qui évitait au verre cassé de s’éparpiller sur la chaussée)», explique le designer. A l’arrière, les designers ont opté pour une variante minimaliste des phares verticaux de la R5. Ainsi, les nouvelles barres LED verticales «sont une allusion aux feux arrière des prototypes de course du Mans, comme l’A470», détaille Linari. En outre, le graphisme des jantes sera lui aussi repris mais pas la taille; les jantes de série ne feront «que» 19 pouces contre 20 pour le concept. Cela semble néanmoins plus que suffisant! A noter que l’A290 de série profitera, comme l’A110, de pneus spécifiquement développés pour elle. Ces gommes, conçues par le pneumaticien français Michelin, bénéficieront d’un marquage exclusif Alpine.
A plusieurs endroits, les designers ont néanmoins pris certaines libertés, qui ne se retrouveront pas sur le modèle de série: à l’arrière par exemple, les coordonnées affichées à côté des feux indiquent la localisation du centre de design Alpine. Plus en-dessous, des orifices rappelant tant des sorties d’échappement que des ailettes de ventilateur d’ordinateur («pour plaire aux différentes générations») permettent de refroidir la batterie. A l’avant, les noms des deux pilotes Alpine de F1 sont affichés dans les phares inférieurs, «Gasly» d’un côté et «Ocon» de l’autre.
Un habitacle de McLaren F1
Les optiques ne sont pas les seuls éléments à faire un clin d’œil à la F1. L’intérieur, qui est beaucoup plus conceptuel et s’éloigne bien davantage des réalités qu’impose la production en série, s’inspire lui aussi de la catégorie reine du sport automobile: «Le plaisir de conduite étant au centre de la stratégie Alpine, nous avons décidé de positionner le pilote au milieu de l’habitacle!», explique Linari. De part et d’autre de ce siège central, trônent deux autres baquets – oui, comme dans la McLaren F1. En face de ces trois fauteuils, point de tableau de bord; toutes les commandes s’effectuent via une platine située sur le pavillon ou via les quelques boutons du volant. Bien entendu, le véhicule de série ne reprendra rien de tout cela, à l’exception près du bouton «OV» (pour «overtake», dépasser), qui fournira un surplus de puissance temporaire.
Parlant de puissance, il est à préciser que ce prototype embarque deux machines électriques sur son essieu avant. La voiture de série, elle, n’en offrira logiquement qu’une seule, elle aussi disposée sur l’essieu avant (la transmission intégrale n’est pas envisagée). Plus puissante que la machine de 100 kW (136 ch) de la R5 (cette valeur n’a pas été confirmée par Renault), elle empruntera vraisemblablement l’unité de la Mégane E-Tech, qui développe 160 kW (218 ch). Une unité qui sera fabriquée en France, dans l’usine de moteurs de Cléon. Si Alpine ne dévoile aucune valeur de capacité de batterie, il y a fort à parier que les accus seront directement repris de la Renault 5, car chez Alpine, on admet que «les clients seront prêts à perdre en autonomie au profit de performances plus élevées».
Si ce prototype est assemblé sur un châssis tubulaire, le modèle de série partagera ses dessous avec la plateforme CMF-B EV de la future Renault Renaut 5. Le châssis sera en revanche réglé spécifiquement pour l’Alpine. Ainsi, la suspension arrière multibras sera plus ferme et sa direction plus fine et directe. Les voies seront en outre plus larges. Les deux autos seront en revanche assemblées côte à côte, dans l’usine française de Douai.