On ne rencontre pas souvent des JAC sur nos routes. Et pourtant, l’enseigne est l’une de ces rares marques chinoises que l’on trouve en Suisse. Ici, ces véhicules sont importés par «Auto Kunz», dont le siège est situé à Wohlen dans le canton d’Argovie. L’e-JS4 est le second modèle de la marque, après l’e-S2. L’importateur s’est occupé de l’adaptation aux besoins et aux lois du marché helvétiques. «Nous sommes quotidiennement en contact avec les responsables, à la maison-mère en Chine», déclare Kevin Baumann, d’Auto Kunz. Lors de ces conférences téléphoniques, ils résolvent les problèmes d’adaptation liés aux exigences légales «comme le bruit de roulement à moins de 30 km/h, qui n’est pas prescrit en Chine». En outre, les véhicules nécessitent diverses adaptations afin de répondre aux exigences des Helvètes. Il y a par exemple l’ensemble des systèmes qui doivent être traduits. Et puis, il y a aussi l’ajout de la radio DAB.
Si JAC appartient à 75% au groupe Volkswagen, cette participation ne se limite qu’à l’aspect financier. Ni le châssis, ni l’habitacle ne comportent de composants rappelant ceux d’une VW. En Chine, le SUV compact est également disponible dans une version thermique. Cela signifie donc que cette auto adopte une configuration mécanique conventionnelle, dans laquelle la machine électrique et l’électronique de puissance prennent place sous le capot. La batterie, quant à elle, est installée devant l’essieu arrière, sous la banquette. A bord, les passagers ne remarquent pas sa présence. Malgré une longueur de seulement 4,4 mètres, l’e-JS4 offre d’étonnants volumes de chargement. En-dessous de la plage arrière, le coffre dispose d’une capacité de 520 litres, et jusqu’à 1050 litres lorsque la banquette arrière est rabattue. Cependant, le seuil de chargement est un peu haut, provoquant une gêne lorsque les bagages ou les achats doivent être hissés.
Le renoncement comme credo
Le coffre n’est pas le seul à avoir été choyé, la compacte chinoise offre également de beaux espaces au niveau des places arrière; même les adultes peuvent être assis relativement confortablement. L’espace pour les genoux est un peu limité en raison de l’empattement court, mais la position est agréable. Contrairement à d’autres véhicules électriques où la batterie située sous le plancher limite la profondeur de la «cave à pieds», l’e-JS4 offre suffisamment de place. De son côté, le siège conducteur, qui dispose de réglages électriques, est placé plutôt en hauteur dans l’habitacle, ce qui permet d’avoir une vue dégagée sur la route. En revanche, le passager avant doit renoncer à un tel service, tout comme il faut renoncer à d’autres choses dans l’e-JS4. Par exemple, il n’y a pas de système de navigation intégré; seuls «Apple CarPlay» ou «Android Auto» permettent d’afficher un GPS. Pour le reste, l’utilisation des différentes fonctions du système d’infodivertissement n’est pas toujours très intuitive, les termes utilisés étant peu compréhensibles. De plus, l’écran tactile réagit lentement aux injonctions de l’utilisateur. Et il arrive parfois qu’il passe de lui-même d’un menu à l’autre. Voilà qui est irritant à l’usage. Heureusement, les commandes de climatisation se font via des boutons distincts, situés sous l’écran. Malheureusement, ceux-ci sont aussi tactiles.
Différents petits détails ont pour conséquence de diminuer l’impression de qualité de l’ensemble. Il y a par exemple la surabondance de plastique de mauvaise qualité. Les systèmes d’assistance semblent aussi avoir fait l’objet de substantielles économies, de sorte qu’il faut renoncer au régulateur de vitesse adaptatif, à l’avertisseur d’angle mort, à l’assistant de voie ou à la reconnaissance des panneaux de signalisation. En revanche, JAC a tenu à proposer certains éléments de confort, comme les sièges en cuir chauffants et le toit vitré panoramique. Une caméra à 360 degrés fait également partie de l’équipement. Et tout est inclus de série dans le prix. En fait, le seul choix que l’enseigne chinoise laisse au client, c’est celui de la peinture. Le nuancier est composé de cinq teintes, toutes proposées sans surcoût. Le SUV électrique chinois coûte donc 35 989 francs dans tous les cas.
Une bonne autonomie
Avec une batterie de 65,7 kWh, le JAC e-JS4 promet une autonomie théorique de 410 km, ce qui est tout à fait honorable pour le segment dans lequel il évolue. En réalité, c’est bien évidemment un peu moins, mais les 300 km sur autoroute restent une valeur intéressante. Sur le parcours standardisé de la RA, le SUV a révélé une consommation de 19,7 kWh/100 km, et ce par des températures estivales et avec la climatisation activée, ce qui correspond à une autonomie réelle de 335 kilomètres. En ville, les 410 km indiqués par l’usine sont donc tout à fait réalisables.
Avec une consommation totale de 15,9 kWh/100 km sur toute la durée du test, le SUV chinois se situe dans la bonne moyenne et peut être utilisé sans problème pour des trajets un peu plus longs sur autoroute. En revanche, la charge rapide n’est pas à la hauteur. L’e-JS4 n’est pas fait pour les recharges intermédiaires aux bornes rapides, JAC donnant la puissance de recharge maximale à 60 kW. C’est plutôt faible. Toutefois, lors du test, elle a parfois atteint 70 kW.
Le SUV, haut sur pattes, est réglé de manière souple et se fait remarquer par des mouvements de carrosserie prononcés. C’est confortable mais peu dynamique. La direction, qui souffre d’un mauvais ressenti, rend les virages peu agréables à négocier. À cela s’ajoute le fait que l’ESP semble intervenir de manière aléatoire; tantôt la voiture est sensiblement freinée à l’accélération en sortant d’un virage, tantôt les roues patinent de manière incontrôlée, notamment sur l’asphalte humide. Cela dit, lorsque l’on roule de manière décente et bien dosée, cela ne dérange généralement pas. Avec 142 kW (193 ch), l’e-JS4 est correctement motorisé, les 8,3 secondes mesurées pour réaliser l’exercice du 0 à 100 km/h ne sont certes pas une bonne valeur mais elles sont néanmoins suffisantes au quotidien. Ce qui est frappant, c’est le temps de réaction exceptionnellement long de la pédale d’accélérateur. Le recul à l’arrêt, même sur une petite pente, est également inhabituel pour une voiture électrique, tout comme la pédale de frein, dont la course est mal dosée. Heureusement, une fois que la voiture est lancée, elle répond directement aux sollicitations de l’accélérateur et les 340 Nm de couple suffisent pour accomplir de belles relances. La voiture peut se montrer plus dynamique lorsque le mode Eco est désactivé. Malheureusement, cela ne se fait pas en appuyant sur un bouton, la solution étant cachée dans le menu des paramètres du véhicule. Deux niveaux de récupération d’énergie peuvent également y être commutés.
Bien que le segment des petits SUV soit populaire, la densité de véhicules électriques en son sein y est étonnamment faible. L’offre existante, entre autres composées du Hyundai Kona Electric, de l’Opel Mokka Electric et de la DS3, est clairsemée. Par rapport au JAC, leur prix est un peu plus élevé mais il faut bien reconnaître que leur qualité est nettement supérieure. Ils sont aussi mieux équipés et leur comportement routier est plus sûr. Toutefois, en matière d’autonomie, personne dans ce segment n’arrive à la cheville du JAC. Celui qui a pour priorité absolue un rayon d’action aussi grand que possible et qui accepte de renoncer à la technologie, peut donc envisager ce véhicule sereinement.
Résultats
Note de la rédaction 61/100
moteur-boîte
Le point fort du JAC e-JS4 est son autonomie théorique de 410 km et de plus de 300 km dans la réalité. La motorisation est suffisamment puissante pour l’usage que l’on en a.
trains roulants
Le châssis souffre d’une importante prise de roulis dans les virages sinueux, la direction n’offre pas un bon ressenti et le comportement routier manque de dynamisme.
Habitacle
L’espace est convaincant, tant pour les passagers que pour les bagages. Les plastiques durs sont utilisés en grande quantité et les commandes peu intuitives sont pénalisantes.
Sécurité
Le e-JS4 renonce à presque tous les systèmes d’assistance. Les interventions de l’ESP sont inattendues (ou ne le sont pas), tant dans leur action que dans leur inaction. Elles peuvent conduire à des situations dangereuses.
Budget
Pour 36 989 francs, le JAC propose des sièges chauffants, le toit panoramique et une caméra à 360 degrés sont de série. Tout est proposé de série, il n’y a pas d’options.
Verdict
Bon marché, le JAC e-JS4 se contente du strict minimum. Il offre néanmoins une belle habitabilité et une autonomie suffisante. En revanche, il ne propose pas de jolies finitions ou de technologies avancées.
Vous trouverez la fiche technique de ce modèle et les mesures effectuées par la RA dans la version imprimée et dans le e-paper.
