En sortie d’un virage, mon ‹arrière-train› est encore trop instable», répondait Stephan Burri, interrogé par la Revue Automobile il y a quelques semaines. Bien évidemment, c’est de l’essieu arrière de sa nouvelle voiture, une VW Scirocco, dont le Bernois parlait à l’époque. Il n’empêche, sa réponse est restée et est aujourd’hui devenue un «running gag» (blague dont l’effet comique repose sur la répétition) entre le pilote et le journaliste. La nouvelle Scirocco est sensiblement plus sauvage que l’ancienne Polo de Burri. Et pour cause, elle étrenne un nouveau moteur 2,0 litres, là où la Polo se contentait d’un 1,6 litre. Malgré cette difficulté à contenir sa voiture, le Bernois de 44 ans est rapidement devenu… performant! A tel point qu’il est passé à un cheveu d’emporter le titre. Ah, si seulement il avait pu boucler ses runs de Chamblon (manche finale du championnat) sans encombre. Il aurait alors été sacré champion puisque sa catégorie (Interswiss jusqu’à 2000 cm3) comptabilise davantage de concurrents que celle de Martin Oliver Bürki et Martin Bürki.
A une petite seconde du titre
Burri n’a commis qu’une seule erreur durant la saison mais elle s’est révélée fatale. Lors de la première des deux manches du Championnat de Suisse, à Ambri (TI), il a touché un cône, écopant du même coup de 20 secondes de pénalités. Ce qui a valu à Andreas Burri la victoire pour 0’’92. Autrement dit, le titre lui a échappé pour moins d’une malheureuse petite seconde! «Mais je ne devais ma victoire de Bière qu’à l’abandon de Manuel Santonastaso», relativise Burri. Reste qu’il est tout de même passé à un cheveu de l’emporter: «Jamais je n’aurais pu imaginer que je finirais troisième au classement général. Car ma catégorie n’est pas seulement importante en matière de quantité, elle compte aussi de sacrés calibres comme Santonastaso, Jürg Ochsner, Arnaud Donzé, Ludovic Monnier, pour n’en citer que quelques-uns.»
Burri a également dû se battre avec sa VW Scirocco et pas seulement à cause de son «arrière-train» nerveux: «A Bière, la direction ne fonctionnait pas, je l’ai donc remplacée. Ensuite, j’ai essayé d’autres ressorts. Lors de l’ouverture du Championnat de Suisse de la montagne, mi-juin, j’avais toujours le mauvais rapport dans un virage. Même chose une semaine plus tard, entre La Roche et La Berra (FR). J’ai cherché l’erreur chez moi, notamment parce que mes collègues se moquaient en disant qu’on ne pouvait résoudre le problème en passant la vitesse. Jusqu’à ce que je découvre, à Chamblon, un fusible grillé, une panne provoquée par une pièce défectueuse.» Lorsqu’on découvre une nouvelle voiture, il faut apprendre à la connaître: «Une nouvelle monture ne convient jamais dès le premier mètre», explique Burri, mécanicien de formation, qui exploite un garage à Affeltrangen (TG).
Après l’odyssée, enfin chez Burri
Stephan Burri rêvait pourtant de la Scirocco depuis longtemps. Il connaît bien l’histoire de son coupé sport construit en 1977. Au cours de son odyssée, celui-ci a quitté la Suisse pour revenir au pays en passant par l’Autriche, l’Allemagne et le Luxembourg. Il avait déjà décliné une première fois une Scirocco «parce que je n’étais pas disposé à laisser dans un coin la VW Polo que j’avais construite après seulement un an de course.» Mais à la fin de l’automne dernier Burri a craqué. De son côté, la Polo est désormais conduite par Jannis Jeremias, qui pilotait auparavant une Formule Renault.
C’est avec la Polo que Burri, qui a commencé la compétition en 2008 à cause de son cousin fou de sport automobile, a fêté ses plus grands succès. En 2016, 2019 et 2022, il remporte le Trophée Interswiss (depuis 2022, les huit meilleurs résultats d’un pilote en courses de côte et en slaloms sont pris en compte). En 2015 (dans la classe E1), 2016 et 2017, il a terminé troisième de la «Bergpokal», le championnat réservé aux voitures de course d’une cylindrée inférieure à deux-litres. En 2017 et 2023, il s’est classé troisième en slalom.
Après avoir manqué de peu le titre entre les cônes, la victoire au classement général de la Coupe de la montagne du championnat de Suisse le titille d’autant plus: «Mais avant d’y penser, il faut d’abord que je ramène à la maison des victoires du jour.» A propos: son arrière-train est-il toujours aussi nerveux? Stephan Burri rigole: «Je ne le maîtrise pas encore totalement, mais mon sentiment à ce sujet s’est nettement amélioré au cours de la saison 2023.»